Si la gauche reste globalement arc-boutée sur ses fondamentaux humanistes et bienveillants – avec un bémol relatif au schisme de Manuel Valls –, la réponse politique de la droite aux attentats qui ensanglantent la France depuis maintenant 18 mois est un durcissement du discours. Quand on écoute l’interview de Nadine Morano sur RMC ce lundi 1er août 2016, on constate qu’elle va plus loin que Marine Le Pen, rejoignant les thèses du « nouveau » Front national, incarné par la paire Ménard-Collard.
Des prises de position qu’il faut peut-être rapprocher du score du FN le 6 décembre 2015 lors des élections régionales en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine. Deux mois auparavant, la commission nationale d’investiture du parti Les Républicains avait éjecté Nadine Morano de la liste menant le combat dans cette région, lui reprochant de concurrencer le FN sur son propre terrain. Une liste FN qui arrivera en tête, mais qui sera battue par la liste LR au second tour. Nadine Morano est députée européen depuis le 25 mai 2014.
Pour parler cru, comme elle, on peut dire qu’elle fait honte à l’establishment politique parisien, constitué d’un pool de journalistes et d’hommes politiques, qui se pincent le nez dès qu’elle met le pied dans une réunion de hiérarques du parti ou un plateau télé. Pourtant, elle fait de gros scores électoraux, et malgré ses déboires avec Nicolas Sarkozy, elle est régulièrement repêchée par les instances de l’UMP puis des Républicains pour rafler des voix au FN, ou pour récupérer les voix du peuple, qui se méfie de la droite (trop) libérale. Nadine Morano a même tenté un rapprochement avec Marine Le Pen, qui n’a pas été accepté au FN.
Elle demeure, avec Christine Boutin, la bête noire et en même temps le punching-ball préféré des représentants du Système, qui se pensent plus intelligents qu’elle et le lui font sentir. L’ex-humoriste Guy Bedos l’a ainsi traitée de « conne » et de « salope », tandis que la LICRA a signalé ses propos un peu trop français à la justice fin 2015, mais sans succès. On retrouve cette tendance à travers les mimiques de mépris et le maintien peu respectueux offerts par la « journaliste » Raphaëlle Duchemin, appelée à devenir la doublure de Jean-Jacques Bourdin sur RMC.
Plutôt que de recopier les verbatims – toujours courts et (mal) réécrits – choisis par RMC et repris par la caste journalistique, paresseuse quand il s’agit de décrypter une interview de 19 minutes (le journaliste « politique » sature en général au bout de 3 minutes), nous avons préféré noter, par ordre chronologique, les blocs entiers de réponses de Nadine Morano, ainsi que quelques questions de Raphaëlle Duchemin. Nous avons en outre laissé de côté les dernières minutes consacrées à la politique politicienne pour nous consacrer aux 12 premières, qui parlent de la France, du salafisme, de l’islam, de l’immigration, et des réponses que Nadine Morano propose d’opposer à ce qui, selon elle, fait souffrir le pays.
Il va de soi que son analyse s’arrête à la surface des choses : il n’est question d’aucune manipulation oligarchique – intérieure et/ou extérieure – dans ses propos, d’aucune duplicité du pouvoir français par rapport aux attentats, d’aucune ambiguïté de Nicolas Sarkozy vis-à-vis des pétromonarchies, et encore moins du rôle de l’influence sioniste dans les événements actuels.
Que ce soit en matière de vague migratoire, de pénétration salafiste ou de déstabilisation nationale, les intérêts sionistes assez évidents n’entrent pas en ligne de compte. Pourtant, on pourrait s’amuser, entre guillemets, à remplacer « salafisme » par « sionisme » et « mosquée » par « synagogue » dans le discours qui suit. Qui prendrait alors une couleur tout à fait différente.
Enfin, il est intéressant de noter les deux couches de propagande qui s’empilent et s’affrontent. Comment expliquer le hiatus entre la journaliste bien-pensante et la politique tout aussi bien-pensante ?
C’est simple : la journaliste fonctionne selon le vieux catéchisme dit « de gauche boboïsante » sur le sujet « islam », tandis que la politique déroule le discours du catéchisme modifié, les deux catéchismes étant produits par le même pouvoir profond. Ces deux discours émanent donc de la même oligarchie, ils se superposent, s’affrontent théâtralement (parfois dans l’ignorance des protagonistes), le second remplaçant progressivement le premier. Il s’agit juste de mettre en scène ce glissement.
Du darwinisme des versions successives de la propagande...
L’émission de RMC de ce lundi 1er août 2016, où Nadine Morano fait face à la journaliste Raphaëlle Duchemin :
« Nous vivons des actes terroristes, nous vivons l’islam radical qui se développe en France, des comportements communautaristes inacceptables avec le développement du port du voile intégral dans les quartiers, avec des revendications dans le milieu médical, est-ce que les hommes n’examinent pas les femmes, des revendications s’agissant des menus à l’école, et on laisse s’installer en France un islam politique depuis très longtemps. »
Nadine Morano rappelle qu’en 2008, elle a demandé au Président du CFCM (Mohammed Moussaoui) de prendre publiquement position contre le voile intégral :
« Il m’a été répondu que ça risquait de stigmatiser les musulmans. Aujourd’hui, j’attends à ce que les responsables musulmans disent que le port du voile intégral est interdit en France, je veux l’entendre de leur bouche, je veux qu’on démolisse, qu’on ferme et qu’on démolisse les mosquées salafistes ! Le problème, c’est l’islam radical, le problème c’est le financement des mosquées… c’est l’organisation de l’islam dans son ensemble. C’est cet islam politique et conquérant qui, en vérité, n’est pas en accord avec le fonctionnement de notre démocratie. [...] Faire respecter nos lois, c’est d’abord faire en sorte que l’islam, comme toutes les religions, comprenne que les lois de la République s’imposent à elles, il n’y a pas de religion supérieure aux lois de la République. »
« La France est une terre chrétienne, le fonctionnement de sa République est laïc et donc ceux qui vivent sur son sol doivent accepter de vivre sur une terre aux racines chrétiennes avec un fonctionnement laïc qui impose à chacun le respect des lois. Il n’y a plus aujourd’hui respect des lois ! Quand vous voyez que dans nos quartiers et avec un laxisme total, des autorités musulmanes prêchent des prêches qui sont contre la République, le port du voile intégral, où sont les responsables musulmans à part l’islam, à part pardon l’imam Chalghoumi qui est menacé de mort d’ailleurs parce qu’il nous a dit... “on sait très bien où se trouvent les mosquées salafistes, on sait très bien…” pourquoi ne sont-elles pas fermées ? Il faut non seulement les fermer, il faut les démolir. »
« Nous devons être très fermes par rapport à ceux qui prêchent sur notre sol la destruction de notre civilisation, qui prêchent contre l’égalité entre les hommes et les femmes, qui prêchent contre notre mode de vie, en portant un voile intégral. Aujourd’hui, nous sommes faibles par rapport à ce qui arrive sur notre territoire. Regardez d’ailleurs en Allemagne avec cette politique irresponsable de quotas de migrants eh bien on voit aujourd’hui en Allemagne que cette politique est une politique meurtrière ! »
« Si nous voulons lutter contre cette vague migratoire de masse nous devons prendre nos responsabilités sur place là-bas. Nous n’avons pas de coalition mondiale unie pour aller combattre Daech, nous sommes en ordre dispersé. »
Tout en déclarant plus loin :
« On pourra pas accueillir tous ceux qui fuient la guerre. »
Raphëlle Duchemin : « Quelle est la solution pour la Turquie, qu’est-ce qu’on peut faire ? Quand je dis nous c’est l’Union européenne…
– D’abord ça regarde la Turquie et le peuple turc, hein.
– Pas d’ingérence ?
– La question est que nous devons faire respecter nos droits. La vague migratoire qui arrive sur notre sol, vous savez on a bien à faire déjà ici en France, nous avons en moins de 18 mois 250 morts… et donc si nous ne réglons pas ce problème des dérives de l’islam dans notre pays, la situation ne va faire que s’aggraver ! Et ce que veulent d’ailleurs les terroristes, c’est une guerre de religions. »
« Quand je vois ce qui se passe dans mon pays, je dis que la situation se dégrade depuis 30 ans, que nous ne maîtrisons pas l’immigration, nous avons d’ailleurs une immigration arabo-musulmane aujourd’hui nettement supérieure et je propose d’ailleurs de freiner cette immigration et de la réduire massivement, de la réduire massivement ! Mais moi je suis favorable à ce que nous adoptions un quota de migrants chaque année au Parlement français, qu’il soit défini, en fonction de nos capacités d’accueil, en fonction des compétences dont la France a besoin, et en fonction également des continents de provenance. [...] Si nous voulons garder notre équilibre culturel et notre cohésion nationale, nous devons limiter massivement cette immigration. Et je le disais très clairement : je ne veux pas que la France devienne musulmane. »
« C’est pour ça que j’ai proposé d’ailleurs s’agissant de la loi sur l’interdiction du port du voile intégral, de durcir cette loi, et de la passer en délit en cas de récidive, pourquoi ? Parce qu’on sait très bien aujourd’hui, ça fait l’objet d’une contravention, que les contraventions ne sont pas payées par la personne redevable mais par des associations financées par les fonds étrangers ! »
Nadine Morano : « On ne peut pas accepter de la France les allocations familiales, l’APL et tout ce que propose la France en termes de libertés et d’accompagnement de solidarité et de fraternité, et refuser nos lois sur l’égalité entre les hommes et les femmes.
– Vous faites pas un raccourci un amalgame là entre voile intégral et...
– Mais arrêtez avec le voile amalgame, stop fini !
– Y a pas d’amalgame ?
– Non mais tout ce genre d’expressions de cette boboïsation pardon qu’on entend dans certains quartiers ou dans certains...
– Ah vous allez me dire que c’est la bien-pensance parisienne c’est ça.
– Oui c’est la bien-pensance et moi je vais sur le terrain, j’y vis et je vois ce qui se passe. Alors moi les “pas d’amalgame”...
– Moi aussi.
– Et le manque de respect de cette loi je ne le tolère plus. Je ne veux plus voir dans les magasins des femmes qui portent un voile intégral. Ça n’est pas la France.
– Vous sortez madame dehors ?
– Bien sûr. »