Le 16 mars dernier, sur le plateau du site oumma.com, Samia Hathroubi, une jeune musulmane « moderne », détaillait son action de lobbying auprès des institutions européennes au sein du « premier réseau judéo-musulman de France », consistant à « travailler sur des questions communes aux communautés musulmanes et juives, sur les questions cultuelles.
« Il y avait deux questions qui resurgissent dans les politiques européennes, expliqua-t-elle. La première c’était la question de la circoncision, et la deuxième c’était la remise en question, aussi bien en Pologne au Danemark et ailleurs, de l’abattage rituel qui touchent deux communautés en Europe, les deux minorités religieuses les plus importantes, les musulmans et les juifs. »
La Foundation for Ethnic Understanding, un réseau musulman ?
Samia Hathroubi parle ici en tant que « directrice européenne et coordinatrice du réseau du rassemblement des leaders européens juifs et musulmans ». En réalité, ce « rassemblement » n’est que l’antenne européenne de la Foundation for Ethnic Understanding (FFEU), une ONG qui n’a pourtant rien à voir, ni de près ni de loin, avec les musulmans.
En effet, la FFEU fut fondée en 1989 par l’influent producteur de théâtre Joseph Papp (né Papirofsky, de parents juifs immigrés de Pologne et de Lituanie), et par le rabbin orthodoxe Marc Schneier, un haut responsable de Congrès juif mondial puisqu’il en fut vice-président jusqu’en 2011. Ce dernier, marié cinq fois [1], classé 31e rabbin le plus important des États-Unis en 2013 [2] annonçait en juin 2010 à sa congrégation qu’il était atteint de troubles bipolaires [3].
Le but de la FFEU étant de chapeauter la communauté afro-américaine sous couvert de dialogue intercommunautaire, le rabbin Schneider a coopté en 2002 à la direction de son ONG Russell Simmons, fondateur du label historique du rap étasunien Def-Jam. Le secrétaire de la FFEU n’est autre que le pape des public relations, Ken Sunshine, ancien directeur de cabinet du maire de New York (1990-1993), aujourd’hui manageur de nombreuses stars américaine de premier plan (feu Michael Jackson, Leonardo Di Caprio, Ben Affleck ou Barbra Streisand par exemple). Pour le compte du rabbin Schneier, Russell Simmons et Ken Sunshine opèrent un intense lobbying sur les stars afro-américaines qu’ils ont sous leur coupe, afin qu’elles se prononcent contre l’antisémitisme. C’est ce qu’on fait notamment LL Cool J, Jamie Foxx ou, ci-dessous, la star du rap Jay Z (vidéo en anglais non-sous-titré) :
En juin 2012, Russell Simmons s’était rendu en Israël pour « promouvoir le dialogue judéo-musulman », mais, ayant assimilé l’action de l’antisioniste Louis Farrakhan, pour les musulmans, à celle de l’Anti-Defamation League (ADL), pour les juifs, comme relevant toutes deux de l’aliénation, le « boss » de Def Jam s’est vu accuser de « double discours » par Abraham « Abe » Foxman, l’omnipotent président de l’ADL. Son soutien à Occupy Wall Street a également valu à Russel Simmons d’être sermonné par ses parrains à cause des suspicions d’« antisémitisme » qui planaient sur le mouvement [4].
Un visage musulman aux revendications communautaires juives
Ce n’est que récemment que la FFEU, a initié son programme d’amitié judéo-musulmane avec « The Weekend of Twinning », co-organisé annuellement par le Congrès juif mondial et l’Islamic Society of North America aux États-Unis depuis 2008. Dans cette optique, un premier rassemblement regroupant des responsables communautaires juifs et des « leaders musulmans » triés sur le volet s’est tenu en Europe, à Bruxelles en décembre 2010, puis un second en septembre 2012 à Paris (co-organisé par le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, et le président du Congrès juif mondial, Moshe Kantor). En 2014, la Foundation for Ethnic Understanding organisait au Parlement européen un rassemblement d’amitié judéo-musulmane, l’occasion pour les « jeunes leaders musulmans » de rappeler « leur condamnation ferme de tout acte et de toute parole antisémite que rien ne peut justifier [5] ». À cette occasion, la jeune Samia Hathroubi est devenue la coordinatrice pour l’Europe du FFEU, un « job » qui consiste à porter, en tant que musulmane, des revendications communautaires voulues par ses supérieurs hiérarchiques…
Cette professeur d’histoire-géographie s’est faite remarquer en créant, dans la foulée des attentats de Toulouse de mars 2012, une ONG (qui s’apparente en réalité d’avantage à une page Facebook) intitulée JEMEGO (Juifs & Musulmans Ensemble Génération Ouverte), afin de « promouvoir l’échange culturel et la connaissance entre les juifs et les musulmans en France [6] ». C’est au titre de président de JEMEGO que Samia Hathroubi signait le 29 mars 2012 la pétition conjointe du Nouvel Observateur et de Respect Mag, « Faire France ensemble », avec le président de la LICRA, Alain Jakubowicz, le président du CRIF, Richard Prasquier, le président de la Ligue des droits de l’Homme, Pierre Tartakowsky, mais aussi le père Christian Delorme, Christiane Taubira, Louis-George Tin ou encore Rokhaya Diallo.
Son nouveau statut de présidente Europe du FFEU permet à Samia Hathroubi de passer sur CNN ou France 3, ce qui est toujours gratifiant…
…et de voyager dans le monde entier, comme à Washington le 24 février dernier pour une intervention à la Washington Hebrew Congregation.
Revoir l’analyse d’Alain Soral sur les « représentants » de la communauté arabo-musulmane en France (extrait de l’entretien d’avril 2012) :