Dans son esprit, il n’y a plus de place pour le doute : "En cas d’échec, j’arrête la politique. Oui, c’est une certitude."
C’est ce que Nicolas Sarkozy déclare, depuis quelques jours, quand on l’interroge sur l’hypothèse de sa défaite à l’élection présidentielle. C’est donc bien qu’il l’envisage comme possible en dépit des manifestations d’enthousiasme et des protestations de confiance qu’il multiplie devant ses visiteurs.
"De toute façon, je suis au bout, ajoute le chef de l’Etat. Dans tous les cas, pour la première fois de ma vie, je suis confronté à la fin de ma carrière." Celle-ci, ajoute-t-il, peut intervenir dans quelques mois ou dans cinq ans.
M. Sarkozy veut montrer qu’il n’est pas accroché à son fauteuil élyséen. "Je ne suis pas un dictateur", aime-t-il à répéter en réponse à ceux qui, estime-t-il, le caricaturent en monarque républicain.
Bien sûr, s’il devait arrêter la politique, il appréhende le changement de rythme et le manque des montées d’adrénaline que procure le pouvoir. Citant Pascal (1623-1662), il constate, devant ses interlocuteurs, que "l’homme est ainsi fait que tout est organisé pour qu’il oublie qu’il va mourir".
Mais Nicolas Sarkozy a changé ; il s’arrangerait d’une autre vie, veut-il croire. La politique lui aura tout donné : maire, conseiller général, président de conseil général, ministre de premier plan, président de la République enfin.
Il aura tout connu : la jubilation qu’apportent les victoires, les meurtrissures des défaites, la sagesse qui découle des épreuves. Alors qu’attendre de plus de cette passion qui l’aura comblé ?
Avant d’être élu président, M. Sarkozy méditait déjà sur l’usure du pouvoir. En 2005, le futur candidat fait son retour au ministère de l’intérieur, flanqué de Brice Hortefeux, ministre délégué aux collectivités territoriales.
Membre d’un gouvernement pour la première fois, M. Hortefeux, l’ami de toujours, joue les Rastignac. Sarkozy lui glisse : "Profites-en bien, c’est le meilleur moment !" Celui où l’on parvient enfin à réaliser ses rêves, l’ambition d’une vie.
"Nicolas Sarkozy n’a jamais eu une conception ludique du pouvoir. D’ailleurs, le mot devoir revient fréquemment dans sa bouche", observe M. Hortefeux. A lui aussi, M. Sarkozy a confié que, s’il était battu, il arrêterait la politique.
Avec quelques-uns, l’ancien ministre veut le convaincre de reprendre l’UMP en cas de défaite. Mais le président n’en veut pas. "Vous voulez que j’anime des sections UMP ? Je ne mérite pas ça. Je préfère encore le Carmel, au Carmel au moins, il y a de l’espérance !" a-t-il lancé à un autre.
"DANS LE FUTUR, JE VOUDRAIS GAGNER DE L’ARGENT"
En mai, le chef de l’Etat aura 57 ans, un âge où tout est encore possible pour celui qui se sent jeune, surtout depuis qu’il est père à nouveau. En 2017, il en aura 62. Il observe avec attention les parcours des anciens grands de ce monde.
De nombreux dirigeants ont donné des conférences internationales, mais en anglais, langue qu’il parle mal, tandis que l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, proche de Vladimir Poutine, s’est reconverti chez le géant russe de l’énergie Gazprom.
Le chef de l’Etat n’a jamais caché son goût de l’argent. Abordant le sujet de la rémunération des banquiers, au G20 de Cannes, en novembre 2011, le chef de l’Etat avait lancé aux grands de la planète : "Moi aussi, dans le futur, je voudrais gagner de l’argent", avant de critiquer "l’immoralité" dont font preuve, selon lui, les financiers.
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