Un temps, l’Elysée avait envisagé une fin de quinquennat calme, dédiée à la campagne pour la réélection. Sea France, TVA sociale, réforme de l’éducation nationale, taxe sur les transactions financières : que cache cet activisme inédit pour une fin de mandat ?
Des initiatives tous azimuts
Il y a quelque chose d’assez étonnant à voir une majorité en fin de mandat prendre autant d’initiatives. Sur le principe, cela semble plutôt une bonne chose. On pourrait dire que Nicolas Sarkozy gouverne jusqu’au bout, qu’il ne se laisse pas perturber par le début de la campagne présidentielle. Nous aurions un président qui agit pendant cinq ans et pas pendant quatre ans ou quatre ans et demi. Cependant, cet activisme ressemble plus à de l’agitation que du gouvernement.
Sur Sea France, le président multiplie les annonces contradictoires et les propositions qui ne semblent pas très bien étudiées et qui révèlent des failles profondes, ce qui ne fait pas très sérieux. Le gouvernement vient aussi d’annoncer qu’il était prêt à mettre en place la Taxe sur les Transactions Financières tout seul, contrairement à l’Allemagne ou l’Italie. Pourtant, sans contrôle sur les mouvements de capitaux, cette mesure ne fera que faire fuir les capitaux de France.
Le grand débat sur la TVA sociale est aussi assez surprenant. En effet, il est pour le moins paradoxal qu’une équipe qui y pensait en 2007, attende début 2012 pour la mettre en chantier. N’aurait-il pas fallu la lancer bien plus tôt pour donner du temps au débat et à l’explication d’une réforme aussi importante (puisque l’on parle de transférer environ 50 milliards de cotisations sociales) ? La précipitation du gouvernement sur un dossier aussi important est stupéfiante.
Raison et limites de cette agitation
La première question qui vient est pourquoi le président mise sur un tel activisme pour la fin de son mandat alors qu’il prévoyait de faire une pause législative à l’automne il y a encore quelques mois. La raison semble assez simple. Il y a six mois, on pensait que la croissance allait s’accélérer avant la campagne, que le chômage allait être en baisse et que par conséquent, il pourrait s’appuyer sur de bons chiffres pour vendre son bilan et s’appuyer dessus pour être réélu.
Au final, la situation se détériore juste avant la campagne (tout en sachant qu’elle n’a pas été brillante avant). Le chômage bat des records, comme le déficit commercial ou les violences aux personnes. Bref, le bilan du président est totalement calamiteux sur le fond, en plus de l’être sur la forme. Or, en février mars, ce sont les traditionnels marronniers de la presse sur le bilan du quinquennat. Le président préfère produire de l’actualité plutôt que d’être laissé en tête-à-tête avec son bilan.
La manœuvre est habile : en continuant à prendre des initiatives et faire des lois, le gouvernement va laisser moins de place pour l’examen de son bilan. Chapeau l’artiste ! Qu’importe que les lois soient mal préparées, ou les débats mal menés, il s’agit juste de conserver la maîtrise de l’agenda médiatique pour éviter qu’il tourne autour du bilan du président. C’est ce qui explique sans doute les initiatives du président, qui s’est également exprimé sur l’éducation jeudi dernier…
Toute la question est de savoir si un président sortant peut échapper à son bilan. Nicolas Sarkozy a compris qu’il ne sera pas réélu sur son bilan. Il lui faut donc bouger le plus possible pour essayer de le faire oublier. Le pari est extrêmement osé mais c’est le seul qu’il lui reste.