Pour une fois qu’on (re)rigolait avec Canal… Le seul sketch drôle de la décennie a valu à Sébastien Thoen, humoriste, chroniqueur et animateur de la chaîne cryptée, de prendre son carton et faire ses valises. Bientôt, avec la surveillance des réseaux sociaux, il faudra faire l’humour en douce, sous la couette, ou dans les caves...
Sébastien Thoen, le complice de Julien Cazarre et Thomas Séraphine dans Action discrète, avait déjà eu l’heur de déplaire aux autorités « culturelles » avec une chronique jugée antisémite par le CRIF. Le Grand Journal recevait alors Élie Semoun.
« Tu n’as jamais plongé dans le communautarisme le plus facile comme tous les comiques troupiers de banlieue. Certains l’ont fait, tu aurais pu, toi, par exemple, t’afficher dans la rue, en vendant des jeans et des diamants à l’arrière d’un Smart, et en disant “Israël a raison, nique la Palestine, walalahadine”, mais tu ne l’as pas fait. Comme quoi on peut être de confession juive, et pas complètement dégueulasse, n’en déplaise à certains. »
Une chronique salée qui a peut-être signé l’arrêt de mort de Sébastien, mais comme c’était il y a 7 ans, et que le CRIF lance ses fatwas beaucoup plus rapidement (en général dans la journée, voire dans l’heure après le blasphème), nous dirons que la provocation a été passée sous silence, ou s’est éteinte de sa belle mort.
Et en 2013, Le Grand Journal bénéficiait encore de l’effet d’entraînement des années Denisot, quand le talk-show quotidien faisait la course en tête des émissions les plus regardées, les plus branchées, les plus puissantes en terme d’influence.
Aujourd’hui que la chaîne de Bolloré est dans le rouge – elle a encore viré 500 personnes, soit un cinquième de ses effectifs en France en 2019 –, dépassée pour ce qui est du sport par BeIn Sports et RMC Sport, et pour ce qui est du cinéma par Netflix, on peut dire que le « modèle Canal » a vécu. Le reste, c’est-à-dire l’humour, la troisième patte de la chaîne, a été ratiboisé. Il ne reste plus que les sketches des pochtrons de Groland, qui refont les mêmes vannes qu’il y a 10 ans. On survit comme on peut.
Big Up à Thoen et ses amis, qui ont gardé la niaque malgré leurs parodies un peu faciles d’Action discrète. Aujourd’hui, si l’on veut être crédible en humour, on ne peut pas rester à la télé. On ne peut pas servir Dieu et l’Argent !
P.S. : nous n’irons pas jusqu’à plaindre le petit Sébastien Thoen qui, rappelons-le, avait qualifié Alain Soral de « malade mental » et d’« ordure » en compagnie de Sandrine Sebbane le 1er octobre 2013 sur la Radio de la communauté juive (RCJ), puis de « salopard » le 3 octobre 2013 dans les locaux de l’association Europe-Israël.