Lors de sa dernière audition à l’Assemblée nationale, le chef d’état-major des armées [CEMA], le général François Lecointre, a dit que, au Mali, « nous avons été exagérément optimistes en imaginant en 2013 que tout serait résolu et que la victoire éclair remportée contre les jihadistes se traduirait immédiatement en un succès politique » car « force est de constater que tel n’a pas été le cas. » Et d’estimer que, « malheureusement, les conditions d’une extension de la déstabilisation de la zone sont réunies. »
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« L’ambition et l’emprise croissantes de groupes terroristes au Sahel et en Afrique de l’Ouest, où les combattants se réclamant d’Al-Qaida et de l’EI [l’État islamique, ou Daesh] collaborent afin de saper l’autorité de juridictions nationales fragiles, comptent parmi les faits les plus marquants survenus à l’échelle internationale au cours de la période considérée. Le nombre d’États de la région susceptibles de voir les mouvements insurrectionnels du Sahel et du Nigeria franchir leurs frontières a augmenté », avance ce document [1].
Au Sahel et en Afrique de l’Ouest, les différents groupes jihadistes ont su se réorganiser pour faire face à la force Barkhane mais aussi à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali [MINUSMA] et aux forces armées locales.
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Quoi qu’il en soit, l’équipe de suivi de l’ONU avance que, « en Afrique de l’Ouest, la violence a monté en flèche sous l’influence d’affiliés de l’EI ou d’Al-Qaida » et que leurs « activités de recrutement se sont multipliées ». En outre, poursuit-elle, la « porosité des frontières et le manque de moyens des autorités pour faire face à la menace grandissante aggravent la situation. »
Le nord du Mali reste le « centre de gravité » du GSIM. Il exerce une « influence décisive » en s’appuyant sur « plusieurs […] katibas pour poursuivre son objectif de radicalisation de la population », précise le rapport.
« Ansar Dine reste actif au nord de Kidal. L’Émirat de Tombouctou, situé au nord de Tombouctou, a bénéficié de l’attrition des effectifs d’Al Mourabitoune, toujours actif dans le secteur de Gao/Ansongo. La Katiba du Macina a réussi à établir un deuxième bastion pour le GSIM dans la région de Mopti-Hombori-Douentza et à la frontière avec le Burkina Faso, dans la direction de Bobo-Dioulasso », détaille le document de l’ONU.
En outre, poursuit-il, les partisans du GSIM ont « ouvert environ 650 écoles dans la région, sur lesquelles ils exercent un contrôle, afin de transformer la société suivant les préceptes du groupe. » Ce qui n’augure rien de bon pour la suite…
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« La stratégie actuelle d’AQMI est de remplacer les personnalités de premier plan et les combattants de GSIM tués lors d’opérations antiterroristes par des combattants chevronnés en provenance de Libye », relève l’ONU.
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Une autre tendance préoccupante, au regard des « connexions » avec l’EIGS [l’État islamique dans le grand Sahara], est la montée en puissance continue de l’ISWAP [l’organisation « Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique »], organisation qui, depuis mars, serait désormais dirigée par Abdullah Ibn Umar al-Barnawi, un fils de Mohammed Yusuf, le fondateur de Boko Haram. « Ce changement pourrait avoir conduit le groupe à durcir sa position en intensifiant son rythme opérationnel et en commettant des actes de violence exemplaires envers des prisonniers des forces de sécurité locales », explique le rapport de l’équipe de suivi. « Le groupe invite aussi les combattants terroristes étrangers à se rendre dans sa zone d’opérations », note-t-il encore. Enfin, ses effectifs seraient conséquents puisqu’un État membre les estime à 4 000 jihadistes ; ce qui en ferait la branche régionale la plus importante de l’EI.
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