En Slovaquie, une avocate écologiste et anti-corruption est pratiquement assurée d’emporter, fin mars, le second tour de la présidentielle. Le pays est marqué par l’assassinat en 2018 d’un journaliste sur fond d’affaire de corruption des politiques.
Devenue numéro deux de Slovaquie progressiste, un nouveau parti libéral, Zuzana Caputova a fait de la lutte anti-corruption son cheval de bataille pour la présidentielle. Mais le changement qu’elle incarne porte sur des questions sociétales plus profondes encore. Dans une Slovaquie traditionnelle, religieuse et conservatrice, Zuzana Caputova est mère de famille, divorcée et diplômée. Elle est aussi la seule candidate à défendre le droit à l’IVG, le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels. La favorite de l’élection a ainsi déclaré qu’un enfant vivra « mieux avec deux êtres amoureux de même sexe » que dans un orphelinat.
« Zuzana Caputova incarne un désir de changement complet. Pas étonnant que 53 % des femmes aient voté pour elle », estime Martin Michelot, directeur adjoint de l’institut Europeum à Prague, interrogé par France 24. Selon les analystes slovaques, pour être élue, elle peut compter sur le soutien des électeurs libéraux des villes. La population des campagnes, plus conservatrice, lui est moins favorable. « Ses prises de position sur de nombreuses questions sensibles et ses réponses très directes risquent d’irriter un peu la majorité des électeurs » avant le second tour du scrutin, dans quinze jours, prévient l’analyste politique Pavol Babos.
Il pointe également les résultats des deux autres candidats à la présidence, parmi treize au total, ayant obtenu un score important : le juge de la Cour suprême Stefan Harabin, aux positions anti-immigration (14,34 %) et le député d’extrême droite Marian Kotleba (10,39 %). « Marian Kotleba est un fasciste pur et dur. Cet homme, qui est aussi gouverneur d’une région du centre de la Slovaquie, n’hésite pas à porter l’uniforme et à faire des références nazies dans ses meetings précise Martin Michelot. Or ces deux candidats ont rassemblé 25 %, ce qui ne constitue pas une partie négligeable de la société » précise Pavol Babos.
Cible de ses adversaires d’extrême droite, Zuzana Caputova est aussi attaquée par son rival du Smer-SD, le socialiste Maros Sefcovic sur ses prises de positions en faveur du droit des couples homosexuels. À cela sont venues s’ajouter « des attaques personnelles et conspirationnistes, qui la présentent entre autres comme la candidate du financier d’origine hongroise George Soros », indique Alexis Rosenzweig, le correspondant régional de RFI à Prague.