La course aux armements n’épargne presque aucune région du monde, l’Asie représentant 40 % des ventes d’armes conventionnelles.
« Une course aux armements » a opposé ces cinq dernières années des pays pourtant pauvres où l’argent consacré à l’achat d’armes, avions de combat en tête, aurait pu être utilisé à meilleur escient, estime l’Institut international de recherche pour la paix (Sipri) basé à Stockholm.
Selon le responsable de l’enquête, Paul Holtom, au cours des cinq années passées, « les États riches en ressources naturelles ont acheté des quantités considérables d’avions de combat à prix élevé. Les pays voisins ont réagi à ces acquisitions en passant commandes à leur tour. » Des exemples ? Entre 2005 et 2009, le Soudan, le Maroc, le Tchad et le Kenya ont acheté des avions de combat russes ou américains.
Dans son rapport annuel sur le commerce des armements portant sur la période 2005-2009, l’Institut basé à Stockholm souligne également qu’au niveau planétaire les ventes d’armes ont été supérieures de 22% à ce qu’elles ont été en 2000-2004. Les principaux fournisseurs d’armes conventionnelles sont, dans l’ordre, les États-Unis, la Russie, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, les deux premiers restant de loin les plus gros exportateurs avec, respectivement, 30 et 23% du volume mondial.
Les armes américaines sont destinées principalement à l’Asie-Océanie (39%) et au Proche-Orient (36%). Les avions de combat ont constitué 40% des ventes d’armes conventionnelles russes et 39% des américaines.
Fait notable, le volume des exportations allemandes a augmenté de plus de 100%, sa part du marché passant de 6 à 11%. Dans le même temps, le volume des exportations françaises a augmenté de presque 30% et celui des exportations britanniques a diminué d’environ 13%.
L’Asie et l’Océanie représentent 41% des importations d’armes conventionnelles. Cinq des dix plus gros importateurs sont des État asiatiques : la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, Singapour et le Pakistan. Le Sipri note une augmentation spectaculaire des importations d’armes en Malaisie (+722%), à Singapour (+146%) et en Indonésie (+84%). Singapour devient le premier pays d’Asie du Sud-Est à intégrer, au 7e rang, la liste du Sipri des dix plus gros importateurs mondiaux d’armes depuis la fin de la guerre du Vietnam.
« La vague actuelle d’acquisition d’armes en Asie du Sud-Est pourrait déstabiliser la région, remettant en cause des décennies de paix », selon un expert de l’Institut pour l’Asie, Siemon Wezeman. Au Moyen-Orient (17% des achats d’armes conventionnelles), les Émirats arabes unis (33%) devancent Israël (20%) et l’Égypte (13%).
Le continent américain ne compte que pour 11% des importations mondiales du secteur mais les transferts vers l’Amérique du Sud ont augmenté de 150% ces cinq dernières années. Le Sipri note des preuves de l’accroissement de la concurrence en matière de vente d’armes en Amérique du Sud.
« Cela montre clairement que nous avons besoin de plus de transparence et de mesures de mise en confiance pour réduire la tension dans la région », affirme Mark Bromley, un chercheur de l’institut, expert du continent sud-américain. Le Brésil est en train d’acquérir 36 avions de combat. Le Rafale de Dassault est en compétition avec le Gripen du suédois Saab et le F/A-18 de l’américain Boeing.
En Afrique (7% des importations mondiales), l’Algérie et l’Afrique du Sud sont de loin les plus gros importateurs avec respectivement 43% et 28% des importations de la région. Comme Singapour, l’Algérie apparaît pour la première fois dans le Top 10 des acheteurs d’armes, à la 9e place.