La semaine dernière, en conseil des ministres, Sylvie Goulard a été nommée second sous-gouverneur de la Banque de France. La chose n’a sans doute rien d’extraordinaire, si ce n’est que Sylvie Goulard a été le premier ministre de la Défense d’Emmanuel Macron. Nommée dans le cadre de l’accord passé avec le MoDem de François Bayrou, elle a, comme lui, démissionné un mois plus tard, dans le cadre de l’enquête judiciaire ouverte, dans les premiers jours de la présidence Macron, sur les emplois fictifs au sein du Modem.
Entre-temps, Sylvie Goulard a rejoint la République en marche. Mais cela n’empêche pas certains de tiquer. D’autant que l’ancien ministre a également été rétribué à hauteur 10 000 euros mensuels, de 2013 à 2016, par un think tank américain, l’Institut Berggruen, s’intéressant particulièrement aux systèmes de gouvernance.
Il faut également noter que, de 2006 à 2010, elle a été président du Mouvement européen-France, un lobby qui défend la construction européenne, qui fut notamment soutenu par le Comité américain pour une Europe unie, dirigé notamment par d’anciens responsables du renseignement américain, dont la CIA.
Sylvie Goulard, une vie européenne
Beaucoup d’éléments dans une vie, dont certains ont poussé Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, à monter au créneau pour éteindre toute étincelle interrogative, en faisant valoir les compétences de la nouvelle promue sur les sujets financiers.
De fait, Sylvie Goulard a été la conseillère du président de la Commission européenne Romano Prodi sur les questions financières et budgétaires. Ça, et le fait que, au cours de son rapide passage au gouvernement, elle ait eu le temps de déclarer ne pas se sentir française. Pour un homme politique, c’est déjà délicat ; pour un membre d’un gouvernement français, c’est scandaleux. Et que dire quand il s’agit du ministre des Armées ?
À la Banque de France, cela servira l’idéologie du président Macron
« Je ne vois pas ce qui peut choquer. Elle n’a fait l’objet d’aucune procédure de justice, elle n’est pas mise en examen », conclut Bruno Le Maire. Le ministre est gentil, et, au fond, dans la vision macronienne, il n’a pas nécessairement tort. C’est bien l’Union européenne avant tout. Et surtout avant la France...