« Les armes chimiques, stockées et sécurisées sous la supervisation des forces armées ne seront utilisées qu’en cas d’agression étrangère ».
La petite phrase de Jihhad Maqdisi, porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, prononcée au cours d’une conférence de presse ce 23 juillet, n’est certes pas passée inaperçue. C’était là une réponse aux allégations d’un général et d’un diplomate syriens dissidents, reprises par les Américains, et un avertissement sans frais, dans le registre « À vos risques et périls, messieurs de l’OTAN ».
La Syrie n’avait pas nié disposer d’un tel armement, elle l’avait simplement tu. C’est donc une escalade proportionnée aux accusations des État-Unis et une riposte graduée à leurs menaces d’agir désormais « en dehors de l’ONU ». Pour le reste, et pour couper court aux campagnes médiatiques sur le syndrome de Saddam Hussein, dont l’armée avait été accusé d’avoir utilisé des gaz contre des populations kurdes en 1987 à Halabja, Jihad Maqdissi a assuré que de telles armes ne « seront jamais, jamais, utilisées contre nos concitoyens, quelle que sot l’évolution de la crise ».
Le médias franco-occidentaux refuseront de le croire et broderont peut-être sur ce thème. Mais les stratèges de l’OTAN et des think tanks néocons auront intégré que la Syrie ne disposait pas que de missiles sol air pour se défendre d’une éventuelle agression.
Dans sa conférence de presse, Jihad Maqdissi a évoqué la situation sécuritaire : répondant à une question, il a reconnu que deux postes-frontières étaient encore aux mains des rebelles, sur les frontières turque et irakienne, mais a exprimé son scepticisme quant à la pérennité de ces occupations.
Les réfugiés syriens contre leurs hôtes
À propos de la frontière irakienne, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a donné cet après-midi l’ordre aux forces armées et de police ainsi qu’au Croissant Rouge irakien l’ordre d’ouvrir tous les ponts de passage aux réfugiés syriens et de leur prodiguer de l’aide. Nouri al-Maliki n’a pas donné d’explications à sa décision.
Et à propos de réfugiés syriens, quelques heures après le départ d’un mouvement de révolte des réfugiés syriens de Turquie, c’est au tour de la Jordanie de voir « ses » réfugiés syriens causer des incidents : le Figaro rend compte de heurts violents entre Jordaniens et réfugiés d’un camp situé à Ramta (à huit kilomètres au sud-ouest de Deraa.
La police est intervenue pour séparer les deux camps, usant pour ce faire de gaz lacrymogènes. Une pierre de plus dans le jardin dévasté du CNS censé encadrer les réfugiés syriens, et qui n’arrive déjà pas à les contrôler en Turquie, où il est pourtant « à pied d’oeuvre ».
Sans doute une majorité de ces réfugiés syriens, en Jordanie comme en Turquie et au Liban, fuient-ils l’insécurité et non Bachar, et sont globalement déçus de l’accueil des autorités. Selon un rapport du HCR, en date du 17 juillet, le nombre total de réfugiés syriens en Turquie, au Liban, en Jordanie atteignait 112 000, pour les trois-quart des femmes et des enfants, et aurait donc triplé depuis avril. À la même date le nombre de réfugiés enregistrés par l’antenne jordanienne du HCR était de 33 400.
Cette précision n’empêchant pas l’AFP d’écrire aujourd’hui que la Jordanie héberge « plus de 140 000 Syriens » ! Avec une telle rigueur statistique, on comprend mieux le respect de l’Agence France Presse pour les statistiques bidonnée de l’OSDH !