Contacté par 20 Minutes, l’un de ses avocats, Me Chichportich, le confirme : au cours des 14 mois de sa détention provisoire à la prison de la Santé (14e arrondissement de Paris), Jean-Luc Brunel « avait fait plusieurs tentatives de suicide ». Pourtant, selon le parquet, il n’était pas placé dans une cellule de protection d’urgence (CproU). Avec des coins arrondis, des habits en papier et des draps déchirables, ces cellules, très rares – il n’en existe qu’une centaine dans les établissements pénitentiaires français – ne sont utilisées que face à un risque « imminent » de suicide, pour une durée de 24 heures, en attendant une prise en charge hospitalière.
Comme le chanteur Jean-Luc Lahaye ou l’ex-maire de Levallois-Perret Patrick Balkany, Jean-Luc Brunel était en revanche incarcéré dans le quartier pour personnes vulnérables (QPV). Ce quartier « VIP » accueille des détenus médiatiques ou susceptibles de faire face à des violences au sein de la population carcérale générale. Selon le parquet de Paris, Jean-Luc Brunel était seul dans sa cellule, et il a été retrouvé mort vers 1h30 du matin lors d’une ronde de nuit des surveillants pénitentiaires.
[...]
Mis en examen pour viol ainsi que pour harcèlement sexuel sur une ancienne baby-sitter, Jean-Luc Brunel est également placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté pour des faits de « traite des êtres humains ». Lors de sa détention provisoire, il est également mis en examen pour un second viol sur mineure.
Courte libération à Noël
Peu de temps après une tentative de suicide, Jean-Luc Brunel est brièvement remis en liberté en décembre 2021 et passe Noël en famille. « Le juge des libertés et de la détention a considéré qu’en l’état de l’instruction, plus rien ne justifiait son incarcération au regard de la loi », assure Me Chichportich. Mais le procureur fait appel, et la chambre de l’instruction infirme cette décision. Jean-Luc Brunel retourne en détention provisoire.
Avec son décès, de nombreuses questions restent sans réponse. Une demi-douzaine d’ex-mannequins interrogées par 20 Minutes affirment que dans les années 1980, Jean-Luc Brunel organisait des dîners privés décrits comme des « marchés aux bestiaux » auxquels participaient ses amis du showbiz et des patrons de grandes entreprises. Selon elles, des jeunes filles vulnérables, dans des situations d’extrême précarité, subissaient des pressions pour avoir des relations sexuelles contre la promesse d’une carrière de top model.
Thysia Huisman, elle, accuse Jean-Luc Brunel de l’avoir droguée et violée en 1991 – des faits dénoncés prescrits. Elle se dit « sous le choc » après la mort de l’agent français. « Les victimes ne pourront jamais être entendues au tribunal. Brunel est un lâche. Il ne fera jamais face à un juge. » Même si aucun élément ne permet de donner du crédit aux théories du complot, elle a « du mal à croire qu’il se soit suicidé. » Sous-entendant que la mort d’Epstein et de Brunel arrange beaucoup de monde, l’ex-mannequin conclut : « c’est comme si certains voulaient étouffer l’affaire. »
Lire l’article entier sur 20minutes.fr
Rappel : Faits & Documents a consacré dix numéros à l’affaire Epstein !
(du numéro 471 au numéro 481)
Tout sur l’affaire Epstein et ses implications françaises,
avec Faits & Documents !