Aéroports de Paris et Française des jeux tombent dans la poche du privé... Quelle différence entre les privatisations imposées sous Balladur il y a 25 ans et celles de la bande à Macron aujourd’hui ? Aucune.
Et tous les deux travaillent ou ont travaillé avec les grandes banques d’affaires, qui n’ont rien à voir avec les banques de dépôts. Il s’agit de Rothschild et Lazard, qui se sont taillé la part du lion dans les grandes fusions-acquisitions des trois dernières décennies.
Pour les uns – les partisans du libéralisme – il s’agit d’une modernisation de l’appareil économique français, pour les autres d’une découpe des meilleurs morceaux du pays qui partent dans le giron des gros capitalistes locaux qui sponsorisent ces mêmes hommes politiques « privatiseurs », de la Banque ou de la concurrence étrangère. Le politique faisant office de facilitateur, c’est-à-dire de traître à la nation et à ses intérêts. De la nation, pas du politique.
Il y a donc, comme toujours, deux façons de voir. Les grands groupes industriels français se sont en effet modernisés depuis deux décennies, virant du personnel et s’alignant sur les process américains. Le management à la dure en est la preuve, par exemple aux PTT, découpés en La Poste et en France Télécom, puis en La Poste et en Orange. Idem chez Thomson devenu Thalès, Elf devenu Total, etc. Et n’oublions pas l’immense arnaque des autoroutes, que les Français payent deux fois.
Ces groupes sont les fleurons « français » à l’international mais ils emploient maintenant plus de personnel à l’étranger qu’en France, qui est devenue leur base arrière mais qui les intéresse de moins en moins : trop de bordel, trop de lois (du travail), trop de contraintes, et des salaires trop hauts d’ouvriers et d’employés trop récalcitrants.
La mondialisation a permis à ces géants de gagner plus d’argent, sans en faire gagner vraiment plus à la nation : on sait que tous arrivent à protéger leurs bénéfices du vorace fisc tricolore. En face, un tissu de PME peu aidées, et des TPE largement abandonnées par la Banque et le politique. On dirait le même syndrome qui touche Paris : des classes moyennes qui souffrent et des classes inférieures qui disparaissent au profit d’une hyperclasse insupportable mais qui contribuent à plein au trésor national...
Les députés LReM, qui n’y comprennent goutte, ont donc voté dans le cadre de la loi PACTE jeudi 4 octobre pour la privatisation de ces deux joyaux que sont ou qu’ont été les Aéroports de Paris et la Française des jeux.
« En première lecture, les députés ont voté, par 48 voix contre 12, l’article du projet de loi qui permet le transfert au privé de la majorité du capital de la FDJ, actuellement détenu à 72 % par l’État. Ce dernier devra toutefois conserver "au minimum" 20 % des parts, selon le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. La privatisation n’est pas attendue avant 2019.
La FDJ détient en France le monopole des jeux de tirage et de grattage. Le texte maintient ce monopole mais pour une durée limitée à 25 ans. Il pose aussi le principe d’une refonte de la régulation des jeux d’argent et de hasard par ordonnances, celle-ci devant précéder la privatisation. Auparavant, dans la matinée, l’Assemblée avait déjà donné son feu vert à l’État (par 39 voix contre 7) pour procéder à la vente de tout ou partie des actifs qu’il détient dans Aéroports de Paris (ADP) soit 50,63 % (9,5 milliards d’euros). » (Source : La Tribune)
Bruno Le Maire est le ministre des Dérégulations et des privatisations, sûrement pas celui de l’Économie nationale, qui est mise à mal par les sponsors de Macron. Voici comment on tourne la démocratie dans notre pays. Mais les Français n’ont qu’à voter plus intelligemment : ils avaient en mai 2017 l’occasion de changer la donne, à l’américaine, ou plutôt à l’italienne, et ils n’ont pas osé. La peur, le confort, la soumission...
À quoi serviront ces privatisations, qui ont fait hurler la poignée de députés France insoumise ? « À alimenter un fonds de 10 milliards d’euros pour l’innovation de rupture », d’après le ministre de la Revente du pays à la découpe (voir photo de une). La « rupture », ça ne présage rien de bon, souvenons-nous de ce que Sarkozy en a fait...
Heureusement, La Tribune se veut rassurante :
« La FDJ a enregistré 15,1 milliards d’euros de mises en 2017. L’État empoche chaque année plus de trois milliards d’euros prélevés sur les mises des 26 millions de joueurs, une manne qui sera maintenue. »
Mais comment l’État, qui conservera 20% des parts dans La Française des gueux, pourra-t-il conserver la totalité du bénéfice ? Quel sera alors l’intérêt pour les racheteurs ? Réponse en 2019, lors de la privatisation effective.