Egalité et Réconciliation
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Traquenard sur Al Manar !

Alain Soral agressé à Bruxelles par une coalition d’antiracistes trotskistes et de salafistes belges !

Transcription de l’Entretien

  • Débat
  • Questions des auditeurs

Débat Première partie

Ahmed Bihmiden – Vous êtes sur radio Al Manar – 106.8 à Bruxelles et 105.4 à Liège – à votre émission hebdomadaire du dimanche Regards critiques. Aujourd’hui nous recevons Alain Soral. Alors, on ne le présente plus, évidemment. Il est très connu sur Internet notamment. Et ses multiples apparitions sur les chaînes françaises et bien sont légion, même si elles le sont beaucoup moins en ce moment. Vous êtes, Monsieur Soral... Bonjour d’abord.

Alain Soral – Bonjour à vous.

Ahmed Bihmiden – Bonjour. Vous êtes essayiste, pamphlétaire. Vous êtes l’auteur de nombreux ouvrages qui traitent des faits de société, comme vos ouvrages Abécédaire de la bêtise ambiante, Misères du désir, Sociologie du dragueur, pour ne citer que ceux-là. Et votre dernier ouvrage qui nous intéresse aujourd’hui, qui traite de l’actualité internationale, les conflits qui bordent notre chère planète : Comprendre l’Empire. Tout ceci, évidemment, aux Éditions Blanche.

Voilà, alors votre bouquin, on l’a lu. On a vu aussi vos vidéos. En tout cas, on peut dire qu’elles consistent en une exégèse de votre bouquin parce que vous vous étalez beaucoup sur votre livre. On sait aussi que votre livre se vend assez bien. J’ai pu d’ailleurs le voir dans de nombreuses grandes librairies ici à Bruxelles. Et aussi dans une librairie, paradoxalement, dans une grande librairie tenue par des membres de la communauté juive. Ça, je pense qu’il faudrait le souligner. Évidemment, je ne dirai pas le nom.

Déjà, pour commencer, Monsieur Soral, votre livre, comment expliquez-vous son succès actuel ?

Alain Soral – Je l’explique sans doute de plusieurs façons. D’abord parce qu’il parle du processus mondialiste de manière assez complète, et qu’il y a très peu de gens qui osent s’attaquer à ce sujet de manière aussi complète.

Et puis aussi, parce que j’ai une grosse présence sur Internet du fait que j’ai été banni des médias traditionnels à partir de 2004, pour diverses raisons dont on pourra parler. Et qu’ayant compris que je n’aurais plus accès aux médias traditionnels, et n’étant pas défaitiste de nature, je me suis organisé sur Internet pour pouvoir assurer moi-même ma promotion, à travers notamment le site Égalité et Réconciliation qui est un gros site qui fonctionne bien. Et grâce à Internet et à la qualité du livre, eh ben ce livre fonctionne, se vend, par le bouche à oreille.

Et il faut savoir deux choses. C’est que un : il a été totalement boycotté par les médias traditionnels qui n’en ont jamais parlé ; ce qui est d’ailleurs plus intéressant, parce qu’ils auraient pu l’attaquer, mais ils ont préféré ne pas en parler du tout ; et deux : il se trouve quand même que j’ai le même éditeur depuis plus de quinze ans, 1994.

Ahmed Bihmiden – Les Éditions Blanche.

Alain Soral – Il faudrait compter, oui, ça fait beaucoup plus de quinze ans même, vingt-cinq ans, je ne sais pas. Et que je suis resté fidèle à cet éditeur qui m’est resté fidèle aussi malgré toutes les vicissitudes, et que cet éditeur est distribué par Interforum. C’est-à-dire que nous avons encore accès, au niveau de la distribution, aux librairies traditionnelles. Et que comme je suis quelqu’un qui vend des livres, même si je suis controversé. Mes livres ont toujours rencontré un public. Mes livres se vendent autour de 20 000 exemplaires chacun, quoi qu’il arrive.

Ahmed Bihmiden – Et quel genre de public vous arrivez à charrier, Monsieur Soral ?

Alain Soral – Comment ?

Ahmed Bihmiden – Quel genre de public ?

Alain Soral – Ça je n’en sais rien. Mais ce qui est sûr, c’est que mes bouquins se vendent.

Ahmed Bihmiden – Y’a pas d’échos ?

Alain Soral – Se sont toujours vendus. Et que comme j’ai eu accès aux librairies, malgré le boycott des médias traditionnels, et par mon travail sur Internet, Internet plus l’accès aux librairies, fait que ce livre, par le bouche à oreille et ça mise en place, s’est vendu, d’abord petit à petit, mais sur la longue durée, puisque là ça fait plus d’un an qu’il est sorti, et nous en sommes à la huitième réimpression, et nous avons passé allègrement les trente mille exemplaires. Ce qui pour un essai un peu difficile – parce que ce n’est pas un livre très, très grand public – est un gros succès, surtout quand on connaît les ventes d’essais actuelles. Je m’enorgueillis aujourd’hui de vendre six fois plus de livre que Bernard-Henri Lévy, voyez.

Ahmed Bihmiden – Ce qui est sans doute un exploit vu la proportion médiatique. Très bien.

Alors Comprendre l’Empire, on va directement aller au titre avant d’aller au contenu du bouquin. Monsieur Abdellah Boudami qui est ici présent, que je présente, ici, qui est coauteur du livre avec Michel Collon, Israël, parlons-en ! a lu votre bouquin. Il l’a encore lu ce matin d’ailleurs, parce que ce livre l’a énormément interpelé. Et il aurait souhaité évidemment pouvoir en discuter avec vous. Et nous aussi, on aurait évidemment souhaité en parler.

Alors, Comprendre l’Empire. Ce titre « L’Empire », déjà, qu’est-ce que ça signifie ? Pourquoi avoir choisi ce mot et qu’est-ce qu’il contient ?

Alain Soral – C’est déjà un peu éclairé par le sous-titre qui est Demain la gouvernance globale ou la révolte des Nations. Donc déjà, « Empire » ça s’oppose à « Nation ». Les organisations humaines de grande échelle, y’en a pas trente-six formes : y’a les nations et puis les empires. Les empires en général sont une nation qui règne, à partir d’une nation, sur d’autres nations en les soumettant. Donc il y a cette définition-là.

Il y a la définition de l’impérialisme tel que le définit le marxiste qui est une domination due en partie à la logique de fuite en avant du Capital. Et en fait, ça correspond aujourd’hui à ce dont les gens entendent parler à travers l’idée de « nouvel ordre mondial » et de « gouvernement mondial ».

« Comprendre l’Empire », c’est comprendre ce processus de domination supra-étatique dont un des moteurs, mais pas le seul, est la logique du profit, et qui tend aujourd’hui à asservir et à détruire les nations, qui est ce processus auquel on assiste en ce moment.

Et une des raisons d’ailleurs pour lesquelles le livre se vend, c’est que ce livre qui est sorti il y a un an, parle d’un processus de destruction accéléré, de domination accélérée, qui depuis tend à se vérifier par ce qui se passe en politique internationale et même intérieure un peu partout dans le monde occidental et le monde arabe.

Ahmed Bihmiden – Abdellah Boudami.

Abdellah Boudami – Oui, je suis très intéressé par ce bouquin parce qu’effectivement, et on l’a souligné ici, il a fait pas mal de succès malgré le black-out médiatique. Black-out qui n’est pas étonnant. Et je me suis intéressé à ce bouquin parce que l’Empire, c’est un sujet qui nous concerne tous dans la mesure où les actions de l’Empire, de l’impérialisme, ont des conséquences immédiates sur la vie de tous les jours de plusieurs milliards d’individus. Alors effectivement, la question de l’Empire est une question très intéressante.

Et lorsque j’ai lu le livre Comprendre l’Empire, je me suis dit : ben tiens, quelle autre vision pouvons-nous avoir de l’Empire ? 

Et je suis au regret de dire que je n’ai pas très bien compris l’Empire selon l’optique de monsieur Alain Soral. Et alors, moi, je pense qu’il est important de débattre de ce livre parce que, justement, il a du succès auprès notamment des jeunes. Et je dois le souligner autour de moi, par exemple les jeunes de la communauté issue de l’immigration postcoloniale du Maghreb.

Alors moi, je pense, justement, que ce livre-là séduit toute une large couche de la population alors même qu’il n’explique pas très bien l’Empire, et il n’explique pas très bien l’Empire selon l’optique que l’on devrait avoir, à savoir, le colonialisme.

Alors j’entends maintenant que l’Empire, c’est une opération de domination d’une nation sur les autres. Or, dans ce livre-là, je n’ai pas retrouvé, ou pas retrouvé assez bien, cette optique-là.

Et je voudrais aussi dire, par rapport au sous-titre qui est Demain la gouvernance globale ou la révolte des Nations que je n’ai pas retrouvé beaucoup le thème de demain mais beaucoup le thème d’hier, par une réactivation nostalgique de l’Ancien Régime, du catholicisme versus le protestantisme, avec cette nostalgie qui est typique de certains auteurs que l’on classerait aujourd’hui, et que l’on classe d’ailleurs, depuis longtemps, d’extrême droite.

Ahmed Bihmiden – Alors Monsieur Soral, sans doute, vous avez la nostalgie, eh bien de l’Ancien Régime, parce qu’évidemment, peut-être que le système, actuellement, ne vous plaît pas.

Alain Soral – Non. Alors, je vous réponds tout de suite, non. Quand on a bien lu le livre, ce n’est pas vrai. Je détricote l’histoire officielle notamment qui est l’histoire de la France.

Parce que la France a produit ce qu’on appelle l’universalisme français qui est au cœur de l’idéologie de domination mondialiste qu’on appelle « les droits de l’homme » puisque c’est nous qui avons pondu d’abord « les droits de l’homme et du citoyen » qui ont été élargis et rendus encore plus abstraits à travers ce qu’on appelle « les droits de l’homme universels ». Et ça s’est fait d’abord par les penseurs de la Révolution française, puis par trois Français qui sont Cassin, Schuman et Monnet.

Donc, nous sommes très, très impliqués, nous, Français, au niveau de cette production idéologique qui est le socle idéologique de l’impérialisme mondialiste.

Donc, je me suis intéressé à détricoter toute cette histoire qui est l’histoire du progressisme. C’est pour ça que le monsieur-là ne comprend pas très bien mon livre. Parce qu’en partant de l’anticolonialisme, on ne part pas de la matrice. On part déjà d’un épiphénomène.

Abdellah Boudami – Intéressant !

Alain Soral – Le colonialisme est une conséquence du mensonge des droits de l’homme, c’est-à-dire via la logique de Jules Ferry. Et donc, il faut remonter bien avant. Ce que ce monsieur n’a pas fait, visiblement. Mais moi je l’ai fait.

C’est-à-dire le mensonge des Lumières qui nous présentait l’Ancien Régime comme une obscurité absolue et un totalitarisme, et la Révolution française comme la Liberté et l’Égalité, etc.

Donc moi, je ne suis pas du tout dans la « nostalgie » de l’Ancien Régime. Je montre qu’on a procédé à une diabolisation de l’Ancien Régime pour nous faire passer le nouveau régime, qu’on appelle démocratique, pour l’« empire du bien ». Et qu’en réalité, sur des tas de plans, c’est équivalent, ou même une aggravation, en termes de domination d’un groupe humain sur l’autre.

Donc je ne suis absolument pas ni un nostalgique de l’Ancien Régime, parce que je pense que le retour en arrière n’a pas de sens. Mais je dis simplement, que si on ne fait pas ce détricotage de l’histoire du progressisme français selon Michelet, et ce détricotage nous oblige aussi à revenir sur ce qu’était réellement l’Ancien Régime et sur finalement sa complexité. Et donc de revenir sur le mensonge sur ce qu’on appelle l’« absolutisme royal » qui n’a pratiquement existé.

Si on ne fait pas ce travail préalable, on ne peut rien comprendre à tout le processus de domination mondialisme par la démocratie et les droits de l’homme.

C’est pour ça que quand on part du colonialisme, on ne remonte pas assez moi. On part d’un phénomène qui est déjà tardif et épiphénoménal. Et surtout, on part de présupposés qui sont totalement dans la main de l’Empire, puisque, finalement, l’anticolonialisme se fait au nom des mêmes valeurs que le colonialisme, c’est-à-dire des Lumières, des droits de l’homme. Il suffit pour ça de lire les interventions de Jules Ferry à la Chambre, dès 1830, pour justifier la pacification de l’Algérie. Ça s’est fait au nom des idées de gauche, au nom des idées de démocratie, au nom des idées de laïcité, et au nom des idées d’universalisme.

Et donc, je ne réhabilite pas l’Ancien Régime. J’explique qu’il faut, si on veut comprendre la domination impériale, faire un travail de remise à plat intégral, qui consiste aussi, non pas à réhabiliter la monarchie, mais à revenir sur une vision réaliste sur ce qu’était la monarchie, sur le plan politique et sociologique.

Mahadi – Oui, tout à fait. Mais je suis assez, en fait, d’accord sur ce plan-là, avec Alain. Oui, en fait, j’ai compris le livre de la même manière qu’il est en train de l’expliquer.

Alain Soral – Tant mieux !

Ahmed Bihmiden – Non pas comme Abdellah Boudami l’a développé.

Mais est-ce qu’ici, Monsieur Soral, est-ce que vous ne pensez pas qu’on tombe un peu dans la philosophie ? C’est une question philosophique en fait l’idée des droits de l’homme, l’idée de placer l’individu au centre de la réflexion, qui a été un processus qui s’est développé dans une sphère civilisationnelle donnée. Alors après, c’est lié ou relié à une certaine vision politique.

Et c’est peut-être là que les gens n’arrivent pas à faire le lien entre philosophie et philosophie politique.

Alain Soral – De toute façon, toute philosophie est politique, et vice versa, vous le savez. Tout ça est une totalité dialectique. Mais le danger, c’est de ne pas comprendre justement ces présupposés, qui sont d’ailleurs toujours relatifs et discutables, et surtout qui sont toujours historiques.

Et fait, moi, j’explique bien que la vision du progressisme universaliste individualiste est la vision objective d’une classe sociale. Et ce n’est pas moi qui l’ai inventé. C’est du marxisme, mais du marxisme, je dirais, fin.

C’est la vision d’une classe sociale qui s’appellera la bourgeoisie, qui est une classe essentiellement commerçante, qui s’appuie sur une idéologie en apparence totalement abstraite et je dirais métapolitique et même au-delà de l’humain qui s’appelle la « Raison ». Et qu’en fait, cette « Raison » est une religion dont le premier vecteur est de s’opposer à la vision du monde qui l’a précédée, qui était la vision de la monarchie théocratique, et notamment en France, du catholicisme.

Car je pense que la Réforme... C’est-à-dire que le protestantisme est déjà une demi-destruction du catholicisme pour aller vers l’idéologie de la Raison. En réalité, le protestantisme est déjà un pas vers l’idéologie de la Raison et déjà une demi-destruction du christianisme, tel que moi, je le comprends : c’est-à-dire que le christianisme est catholique ou il n’est pas. Mais ça, c’est une analyse. Je ne suis pas catholique pratiquant.

Et donc effectivement, il faut faire de la philosophie. Il faut faire de la philosophie et de la sociologie et de la politique fine et profonde pour comprendre les enjeux. Parce que sinon, on prend des concepts qui sont relatifs et qui sont historiques, pour des aprioris transcendantaux.

Et c’est le gros problème souvent de mes adversaires, qu’ils soient d’ailleurs de gauche ou de droite – car je suis attaqué et de gauche et de droite –, parce qu’ils fonctionnent sur des certitudes qui pour moi, n’en sont pas. Et j’essaye moi, effectivement, de faire un travail de relativisation de tout ça.

Abdellah Boudami – Sur l’Ancien Régime, je ne pense pas asséner ici des certitudes. Je pense même que dédiaboliser une histoire parce qu’effectivement, la France, comme toute autre nation, s’établie sur des mythes, sur une histoire dans laquelle on réactive des aspects plutôt que d’autres.

Ahmed Bihmiden – Le roman national.

Abdellah Boudami – Effectivement, on sait très bien que par rapport à la Révolution française, beaucoup d’historiens, beaucoup d’intellectuels, ont privilégié des visions qui faisaient de cette épisode de l’histoire quelque chose de toute à fait glorieux versus un Ancien Régime sombre et chaotique.

Mais, moi, je dirais que la façon dont vous le présentez dans votre livre n’est pas une dédiabolisation, mais juste l’envers de la pièce par rapport à ceux qui diabolisent justement l’Ancien Régime. Lorsqu’on lit l’Ancien Régime tel que vous, eh bien alors il y a toute l’époque de l’Inquisition qui disparait, toute l’époque de l’esclavage.

Pourquoi on appelle le Moyen-Âge ? Parce que la science n’occupe pas le devant de la scène. L’épisode de Copernic, de Galilée, etc.

Tout ceci, vous l’effacez pour privilégier une vision de l’Ancien Régime où lorsqu’on vous lit, c’est 1000 années de pacifisme où l’Église, avec sa morale chrétienne de la défense de la veuve et de l’orphelin, a défendu les pauvres. Ce qui est une vision tout à fait absolument fausse lorsqu’on se penche un tant soit peu sur l’histoire, par pour dire que l’Ancien Régime, c’est le monstre de l’histoire de l’humanité, mais en tout cas, qu’il y avait beaucoup de problèmes dont les contradictions, comme vous le dites vous-même, vont amener à la Révolution.

Ahmed Bihmiden – Monsieur Soral, là-dessus ?

Alain Soral – Ce monsieur n’est pas dans l’analyse, il est dans la polémique.

Moi, je montre les mensonges qui ont été dits sur l’Ancien Régime pour dire que ce n’était pas tout à fait ce qu’on nous a dit. J’ai dit qu’en gros, c’était un pouvoir, c’est-à-dire un pouvoir d’un groupe humain qui en domine d’autres, qui étaient. Je m’appuie sur Dumézil, sur ce qu’on appelle le « monde tripartite ».

C’est-à-dire c’était la coalition des bellatores et des oratores contre les laboratores qui s’est toujours faite. C’est-à-dire le Clergé et la monarchie, c’est-à-dire les gendarmes au départ qui vivent sur le dos d’une classe travailleuse qui a toujours été finalement le cas. Et que cette coalition de la noblesse et du Clergé est progressivement minée de l’intérieur, notamment par ce que j’appelle l’édit de la Paulette, c’est-à-dire la vénalité des charges, c’est-à-dire la monté de la bourgeoisie à travers la noblesse de robe, la bourgeoisie de robe, etc.

Donc, moi, je ne suis pas dans la polémique : oui, non, pour. C’est toujours pareil. C’est-à-dire que ces visions binaires : sioniste-antisioniste, colonialiste-anticolonialiste n’ont aucun sens pour moi.

Abdellah Boudami – Mais vous êtes, effectivement, dans une vision binaire puisque vous opposez un Ancien Régime idéalisé versus une Révolution française.

Alain Soral – Ce n’est pas intéressant, et surtout ce n’est pas mon livre. Il suffit que les gens le lisent.

Abdellah Boudami – Ah ! mais je les invite à le lire. Ils le verront de manière très, très évidente.

Alain Soral – Les gens qui l’ont lu voient très bien qu’il n’y a pas de réhabilitation… Si vous pouviez éviter de parler en même temps que moi !

Ahmed Bihmiden – Allez-y, je vous en prie. Il reste cinquante secondes avant la publicité.

Alain Soral – Comment ?

Ahmed Bihmiden – Il reste cinquante secondes avant la publicité. Terminez.

Alain Soral – Oui, donc, voilà. Je ne vais pas répéter vingt fois que je ne fais pas une réhabilitation de l’Ancien Régime.

Ahmed Bihmiden – Très bien.

Alain Soral – Je dis : le progressisme des Lumières accompli par la Révolution française, qui est en fait la prise du pouvoir par la bourgeoisie d’argent, a besoin de diaboliser l’Ancien Régime. Si on croit à cette diabolisation et qu’on croit que c’est la monarchie catholique qui a inventé le colonialisme, qui a inventé l’esclavage, on croit à des bêtises.

Alors qu’il y ait quelqu’une qui ait envie de professer ces bêtises, ici.

Abdellah Boudami – Pourtant, on voit bien que dès 1492, l’Église espagnole légitime l’esclavage. Ça, c’est un fait historique que vous ne pouvez pas nier.

Alain Soral – Mais l’esclavage existait, mon petit monsieur, du temps de l’Empire romain et chez les Grecs.

Abdellah Boudami – Eh bien, les catholiques, aussi, l’ont utilisé. Alors ça fait partie de l’Ancien Régime en tant que tel. Et vous n’en parlez pas. Et je comprends pourquoi vous n’en parlez pas.

Ahmed Bihmiden – La publicité arrive. On continuera sur ce sujet, juste après une courte page de publicités.

Débat Deuxième partie

Ahmed Bihmiden – Voilà, de retour dans notre émission Regards Critiques avec Alain Soral. Alors, on a abordé cette question de l’Ancien Régime. On ne va pas s’éterniser là-dessus, évidemment. On va parler de la question des réseaux, Monsieur Soral. Alors pour vous, les réseaux, notamment – je vais les citer – les réseaux maçonniques et sionistes sont à l’origine des déséquilibres socioéconomiques dans le monde.

Alain Soral – Oui, je voulais finir quand même sur la partie d’avant. La colonisation est vielle comme le monde. Elle n’est pas consubstantielle à la monarchie catholique.

Ahmed Bihmiden – Rapidement.

Alain Soral – Les Grecs, les Romains colonisaient. Tout le monde a colonisé.

Abdellah Boudami – Bien sûr !

Alain Soral – Donc voilà.

Abdellah Boudami – Ben alors, il ne faut pas occulter cette partie de l’histoire de l’Ancien Régime ou de l’Empire romain.

Alain Soral – Et ce qui est intéressant, c’est de voir quelle est la colonisation en acte, aujourd’hui. Ne pas se faire une espèce de rente de confort morale sur une colonisation qui n’est plus effective. Donc la séquence 1830-1960 a existé. Ce n’était pas la monarchie, c’était la IIIème République. Et simplement, les processus coloniaux ont toujours existé. Ils sont vieux, ils sont consubstantiels au groupe humain et à l’humanité. C’est ça que je voulais dire.

Abdellah Boudami – Donc il ne faut pas les éluder dans l’analyse.

Alain Soral – Et il n’est question de n’en justifier d’ailleurs aucune, de colonisation.

Abdellah Boudami – Encore heureux !


Alain Soral – Mais ce n’est pas consubstantiel à l’Ancien Régime et à la monarchie théocratique catholique. C’est ça que je voulais dire. C’est tout.

Ahmed Bihmiden – Très bien. Par rapport donc à cette question des réseaux, la question que j’ai lancée, donc les réseaux qui seraient responsables des déséquilibres au niveau économique, au niveau social, dans le monde. Dites-nous tout.

Alain Soral – Alors moi, je dis que tout le monde analyse les déséquilibres sociaux en termes de rapports de classes. Ça, on l’a toujours fait. Donc je ne reviens pas là-dessus.

Moi, ce qui m’intéresse, c’est de parler de ce dont on ne parle pas beaucoup. Et notamment de ce qui correspond d’ailleurs sous l’Ancien Régime aux « corps intermédiaires », c’est-à-dire ces réseaux d’influence qui existent entre l’individu et la Nation et qui, normalement, en théorie, ne devraient pas exister.

Puisque dans la théorie moderne, rien ne doit exister entre l’individu citoyen et l’État qui est son représentant. C’est-à-dire que rien ne devrait exister en termes de communautés, de corps intermédiaires, de réseaux, etc.

Et en réalité, je me rends compte, en étudiant, en faisant de la sociologie pratique, que le pouvoir est tout sauf l’État, est tout sauf l’individu, mais en fait est partout dans les corps intermédiaires modernes, c’est-à-dire les maçonneries, les réseaux, les solidarités plus ou moins occultes, les solidarités communautaires, etc., etc. Donc j’ai voulu, une fois de plus, faire un travail de détricotage, et mettre le doigt là où ça faisait mal.

Ce qui ne veut pas dire d’ailleurs qu’il n’y a que ça. C’est comme quand je parle de l’Ancien Régime, je mets le doigt sur les mensonges qui sont l’idéologie dominante actuelle. Et là, je dis : voilà on ne parle jamais des réseaux, et notamment les réseaux les plus profondément institués et qui sont consubstantiels au processus démocratique, qui sont les réseaux maçonniques.

Si l’université de Bruxelles s’appelle « université Libre », Libre, ça veut dire maçonniques par opposition à catholique, il faut le savoir. Donc ça veut dire libéré de la tutelle catholique pour passer sous une autre tutelle qui est un autre réseau, et qui s’appelle le réseau maçonnique, dont je dis d’ailleurs, dans mon livre, que c’est aussi une Église, que c’est une contre-Église, que c’est une Église sans révélation, mais c’est une Église parce qu’elle a un clergé et une liturgie.

Et donc moi, je fais ce travail que peu de gens font parce qu’il est dangereux. Parce qu’en fait, ces réseaux sont les réseaux de pouvoir actuel. Et il est très dangereux de faire de la sociologie sur le pouvoir existant. C’est très facile de faire de la sociologie sur les pouvoirs morts.

C’est pour ça que l’anticolonialisme, c’est une rente de confort, parce qu’on s’attaque à des dominants qui n’en sont plus.

Mais oser s’attaquer à la puissance des réseaux, et notamment des réseaux maçonniques et des réseaux de puissance mondialistes – car la religion maçonnique est la religion du mondialisme, il faut le savoir –, ça devient beaucoup plus dangereux. Et très vite, on se fait traiter par exemple d’extrême droite.

Et c’est intéressant de voir que les sociologues qui font de la sociologie aujourd’hui étudient beaucoup, beaucoup de sujets, notamment si on prend le travail qu’a fait Bourdieu, mais jamais sur le processus de domination par les réseaux et notamment les réseaux de solidarité maçonnique. Et donc moi, j’ai fait ce petit travail d’éclairage en disant : prenons conscience que, finalement, le nouvel ordre mondial et ce processus mondialiste est un projet je dirais presque eschatologique. C’est un projet religieux qui ne dit pas son nom, et c’est le projet maçonnique.

Ahmed Bihmiden – Hatibi, on ne t’a pas encore entendu ?

Hatibi – Oui, Monsieur Soral, bonjour d’abord. En fait, quand vous parlez de l’anticolonialisme comme un processus de confort et que c’est une posture pour ne pas s’attaquer aux vrais problèmes contemporains, moi, je trouve quand même que ce colonialisme existe toujours. Ce que vous avez l’impression de.

Alain Soral – Oui, mais il faut parler de celui d’aujourd’hui.

Hatibi – Oui, ben justement, en parlant de celui d’hier, on parle des systèmes colonialistes qui pourraient exister sous d’autres formes maintenant.

Alain Soral – Oui. Par exemple, il y a une colonisation aujourd’hui du peuple français par la logique anglo-saxonne et par la domination du Capital et de l’idéologie anglo-saxonne, qui est très violente. Par exemple, le peuple français sous le règne de Nicolas Sarközy est un peuple de colonisés, au niveau économique et au niveau idéologique. Et moi, ce qui m’intéresse, c’est de lutter conte les processus colonialistes actuels, et pas sur ceux d’hier. C’est pour ça que je parle de « confort », voyez.

Abdellah Boudami – Vous avez raison, je vous rejoins tout à fait là-dessus. Et je pourrais même dire que, par exemple, aujourd’hui, une bonne partie de l’Afrique occidentale vit encore sous les logiques néocoloniales qui sont les relents de l’Empire français. Et que donc, dans ce cadre-là, s’attaquer à la question coloniale, aussi bien dans leur représentation que l’ont s’est faite du barbare, que du musulman, aussi bien dans l’Ancien-Régime que lors de la IIIème République, étudier ces aspects-là, ne pas les éluder, permet aujourd’hui de se pencher sur la question des colonialismes et des relents néocoloniaux aujourd’hui.

Alain Soral – Oui, mais c’est dans mon livre. Déconstruire les mensonges de la colonisation et déconstruire les mensonges de la décolonisation.

Abdellah Boudami – Au même titre que la France subit une colonisation de l’impérialisme anglo-saxon.

Ahmed Bihmiden – Pas en même temps, s’il vous plait.

Abdellah Boudami – Moi, mes parents viennent du Maroc. La langue nationale là-bas, c’est le français. Et pour une bonne partie de l’Afrique occidentale, ça l’est aussi. Le système bureaucratique est d’obédience française. D’ailleurs la franc-maçonnerie est aussi là-bas. Il y a la France. Et je voudrais dire que donc, la lutte et la problématique anticoloniale n’est pas une question du passé. C’est une question même qui est cruelle, du présent.

Vous, vous étudiez le passé pour comprendre l’avenir. Effectivement, la question coloniale est de prime abord, très importante.

Et je voudrais aussi rajouter par rapport à la question de la sociologie. Moi, je suis étudiant en sciences politiques à l’université Libre de Bruxelles, université Libre de Bruxelles dont le directeur franc-maçon n’est plus à démontrer.

Alain Soral – Oui, il faut le faire remarquer. « Libre » ça veut dire « franc-maçon ».

Abdellah Boudami – Et d’ailleurs, effectivement, je dénonce cette logique-là. Mais moi, je considère là que vous parlez à des gens de la sociologie comme si vous étiez le seul à faire de la sociologie des réseaux. La sociologie réticulaire est une sociologie qui est très vieille avec aussi bien avec [Luc] Boltanski, que [Michel] Callon. Et donc de dire que la sociologie ne s’attaque pas aux formes de dominations, c’est tout à fait faux. Plusieurs sociologues ont été mis au ban de la communauté, et plusieurs sociologues ne sont pas médiatisés parce que, justement, ils s’attaquent aux formes de domination. Alors effectivement, il y a d’autres formes de domination que la franc-maçonnerie. Il y a des cercles de pouvoir qui sont attaqués par les sociologues. Et vous ériger en seul sociologue qui a compris quels sont les réseaux de pouvoir, c’est assez mégalomane

Alain Soral – Je n’ai jamais dit ça, monsieur. Je veux bien discuter mais.

Ahmed Bihmiden – Alors Monsieur Soral.

Alain Soral – Vous me vomissez votre haine anticoloniale. Moi, je suis Français, je vis en France, je suis d’origine savoyarde. J’ai été rattaché à la France par une votation en 1860. Donc, de ce point de vue-là, je n’ai aucun compte à vous rendre. Et deuxièmement, il ne me semble pas que vous viviez ni au Maroc ni en Afrique du Nord. Mais vous vivez en Belgique et à Bruxelles.


Abdellah Boudami – L’Empire est mondial, Monsieur Soral.

Alain Soral – Ce qui est pénible, c’est que j’aimerais comprendre contre quoi vous luttez, monsieur. Je n’ai pas très bien compris.

Abdellah Boudami – Contre vos idées, monsieur Soral.

Alain Soral – En quoi je suis votre ennemi ? Qu’est-ce que je vous dois ? Combien je vous dois ? C’est la question que je voudrais vous poser.

Abdellah Boudami – Je suis un polémiste et je l’assume, monsieur Soral.

Alain Soral – Moi je voudrais parler de choses intéressantes et de mon livre.

Ahmed Bihmiden – Oui, voilà.

Alain Soral – Je n’ai pas de compte à vous rendre et votre agressivité m’emmerde, voyez. Je vais être très clair.

Abdellah Boudami – On voit bien qui est agressif.

Ahmed Bihmiden – Monsieur Boudami, on va laisser Monsieur Soral sur cette question.

Mahadi – Non mais par rapport à ça, je veux dire, je suis désolé. Moi, personnellement, je ne joue peut-être pas mon rôle, mais je suis tout à fait en accord avec Alain Soral, ici. C’est-à-dire que je pense que le colonialisme du passé est un épiphénomène par rapport aux forces qui aujourd’hui sont en train autour d’une certaine idéologie de réseaux.

Abdellah Boudami – C’est scandaleux de dire ça.

Mahadi – Sont en train de dominer. C’est-à-dire que pour moi, le colonialisme est réellement un épiphénomène.

Abdellah Boudami – C’est une abomination que de dire ça.

Alain Soral – Votre discours est un discours religieux. Vous faites de la sociologie ou de la théologie ?

Mahadi – C’est peut-être une abomination mais pour moi, les idées marxistes, les idées de gauche, enfin je veux dire je ne suis pas vraiment un marxiste, et je ne supporte pas les idées marxistes.

Abdellah Boudami – Je ne le suis pas non plus.

Mahadi – J’essaye de m’écarter on va dire de toutes ces thèses qui placent l’être avant l’essence. Et je place l’essence avant l’être. Donc je suis un peu dans la lignée d’Heidegger.

Abdellah Boudami – Quel rapport avec la question coloniale ?

Mahadi – C’est que justement. Ça a un rapport.

Ahmed Bihmiden – S’il vous plait, laissez s’exprimer monsieur Soral par rapport à ce qui a été dit, s’il veut bien.

Alain Soral – Moi, je rebondis sur ce que dis ce monsieur qui est beaucoup plus calme. C’est que de toute façon.

Abdellah Boudami – Beaucoup plus calme que vous en fait.

Abdellah Boudami – Monsieur Boudami, s’il vous plait.

Alain Soral – Moi, mon bouquin, il y a une partie qui dit le mensonge de la colonisation. C’est-à-dire qu’on prétend toujours coloniser pour faire le bien des peuples alors que ce sont des processus de domination et d’exploitation. Et après je dis, le mensonge de la décolonisation, c’est qu’en réalité, la décolonisation a été une manière plus rentable et plus économique qu’idéologique et somptuaire de faire de la colonisation. C’est-à-dire que si on a décolonisé à un moment donné, c’est qu’on s’est rendu compte que, finalement, la colonisation à la française ou à la belge coûtait plus cher que la décolonisation, qui consiste à laisser les multinationales, à faire semblant que les peuples se dirigent eux-mêmes à travers des élites maçonniques cooptées qui partagent aussi le capital. Et je peux vous faire de manière très, très subversive et très violente toute l’histoire de la domination postcoloniale. Je peux le faire aussi bien que vous.

Mais d’autres le font très bien. Monsieur Collon le fait très bien, tout ça. Moi, je fais le travail que monsieur Collon ne fait pas. Mais je ne critique pas le travail de monsieur Collon.

Ahmed Bihmiden – C’est-à-dire ?

Alain Soral – La différence d’ailleurs, c’est que moi, je suis critiqué par les laïcards postcoloniaux, mais moi, je ne les critique pas. Je valide leur travail et je le relaie systématiquement. Mais mon travail ne s’oppose pas à celui du jeune homme énervé-là qui visiblement est le porte-parole de Michel Collon.

Ahmed Bihmiden – Monsieur Boudami.

Alain Soral – Mon travail ne s’oppose pas au sien. Ces travaux s’additionnent, et d’additionnent pour mener une lutte efficace contre l’impérialisme et le colonialisme actuel, qui a muté encore, et qualitativement, et quantitativement, par rapport à celui sur lequel il reste bloqué, parce que c’est une rente de confort à mon avis et puis un problème je dirais presque de psychopathologie, qui est celui 1830-1960.

Donc, nous sommes en 2012 aujourd’hui. Il y a un processus mondialiste qui d’ailleurs a joué en Afrique du Nord en faisant croire qu’il permettait aux peuples de s’émanciper de petits potentats locaux. Et on se rend compte que c’est une manipulation, on s’en rend compte sur le long terme. Et qu’en fait, on a mis à la place de potentats locaux, des cadres du FMI et de la banque Goldman Sachs ou Lehman Brothers. Et c’est ça qui m’intéresse.

Hatibi – Monsieur Soral, permettez-moi, j’aimerais intervenir.

Alain Soral – Quel est le processus actuel ? Comment s’effectue-t-il ? Comment peut-on lutter contre ? J’estime que ces luttes de règlement de compte anticolonialiste où on agresse un fils d’ouvrier ou un fils de paysan français en le rendant responsable d’un processus colonial fait par les élites du Capital et les élites maçonniques de il y a un siècle, est une saloperie, une rente de confort, et une injustice totale. Je suis fils de dix-sept générations de paysans savoyards, et je n’ai aucun compte à rendre sur la colonisation du Maghreb de l’Afrique du Nord.

Abdellah Boudami – Mais je ne vous demande pas de compte à rendre à vous.

Alain Soral – Et la critique de l’État français, je la fait intégralement

Abdellah Boudami – Mais vous prenez tout pour vous, monsieur Soral !

Alain Soral – Et j’aimerais que ce chapitre-là soit intégré à notre corpus de combat, mais ne soit pas un sujet de lutte horizontale entre gens qui, en réalité, ont le même combat anticolonial bien compris à mener, le même combat antimondialiste à mener.

Hatibi – Monsieur Soral, juste une petite question par rapport au fait que vous ne voulez pas assumer, en fait, l’histoire de votre propre peuple, si on peut appeler ça comme ça.

Alain Soral – Ce ne sont pas les peuples qui ont fait cette histoire. Ce sont les élites politiques. Vous le savez très bien.

Hatibi – D’accord. Ce sont des individus, d’accord. Vous dites que vous êtes descendant de dix-sept générations de Français. Je veux bien vous l’accorder, quoi qu’à l’époque il n’y avait pas de purs Français.

Ahmed Bihmiden – Pas de Français, de Savoyards, Monsieur.

Hatibi – D’accord.

Alain Soral – La Savoie a été rattachée à la France en 1860, trente ans après les Antilles. Donc déjà.

Hatibi – Oui, mais avant 1860 vous ne remontez pas dix-sept générations.

Alain Soral – Et nous étions des colonisés, nous, les Savoyards.

Hatibi – Mais Monsieur Soral, la question n’a rien à voir avec ça. C’est-à-dire vous demandez aussi aux immigrés marocains d’assumer l’histoire qui date de quatorze siècles aussi.

Alain Soral – Oui bien sûr, oui.

Hatibi – On pourrait aussi leur dire qu’ils ne doivent pas assumer leur histoire, et la question sera posée pendant cent ans, à ce moment-là. Ma question est autre, maintenant.

Alain Soral – C’est pour ça qu’il faut dépasser ce genre de problématique.

Hatibi – C’est par rapport à ce que vous dites par rapport aux autres auteurs qui écrivent sur le même sujet ou d’autres sujets qui étaient au départ des acolytes, et que maintenant vous dénoncez, en fait, dans tous les médias. On peut citer.


Alain Soral – Non, non. Je les dénonce sur une question précise qui est la question du sionisme, du judaïsme et du combat à mener contre notamment un processus que ces gens-là appellent « colonial », alors que moi, je pense, avec Gilad Atzmon, qu’il est bien au-delà du colonialisme. Et que c’est une analogie qui n’est pas tout à fait valable. Et effectivement, là nous parlons de la question israélo-palestinienne. Mais cette question est une question parmi d’autres. Et elle ne recouvre pas tout le champ. Et elle ne justifie pas de se jeter des anathèmes à la tête sur tous les autres sujets. Monsieur Collon vient du marxisme-léninisme comme moi. C’est un stalinien même si maintenant ses réseaux sont les réseaux trotskystes. Je peux le démontrer. Ça ne me gène pas. J’ai été au Parti communiste français, moi, jusqu’en 1997. Et j’ai interviewé monsieur Collon quand je travaillais pour monsieur Ardisson. Je suis un des seuls, en France, à avoir relayé son travail quand je travaillais pour monsieur Ardisson. Ça, il l’a oublié.

Abdellah Boudami – Je ne suis pas Michel Collon, enfin, juste pour préciser.

Alain Soral – Donc, moi, je ne mène pas un combat à mort contre des gens avec qui je suis d’accord sur 80 % de leur travail.

Hatibi – Il n’y a pas que Michel Collon dans l’histoire. Même Marc-Édouard Nabe y est passé, avec vous, monsieur Soral. Qu’est-ce que vous en dites ?

Alain Soral – Mais par contre, je subis ce genre d’agression.

Mahadi – Une petite question rapide Monsieur Soral. Le propre justement des réseaux est de faire en sorte d’exister sans prouver qu’ils existent. Comment pourriez-vous, aujourd’hui, on va dire dans un travail à caractère académique, essayer de démontrer de l’existence de ces réseaux tout en restant crédible un tant soit peu sur le plan académique ?

Alain Soral – Je ne sais pas ce que ça veux dire « académique ».

Hatibi – Comment faire, puisque le propre des ces réseaux, c’est d’exister sans montrer qu’ils existent ?

Alain Soral – D’abord, je ne sais pas ce que veut dire « académique ». Moi, je fais un travail qui se juge par son efficacité. Et un travail qui se juge par sa valeur de vérité. Moi, je montre qu’il y a des réseaux, des collusions. D’ailleurs, il y a un consensus là-dessus.

Hatibi – En fait, ce que je voulais vous dire, Monsieur Soral, c’est qu’à un moment donné ou à un autre, vos thèses, enfin selon moi, sont extrêmement importantes et extrêmement intéressantes. Mais l’idée, c’est d’essayer de les faire passer non pas uniquement chez des gens qui sont trop marginaux mais également auprès de gens qui se posent des questions et qui ne sont pas encore dans cette logique de comprendre justement l’existence de ces réseaux.

Ahmed Bihmiden – Ils sont encore dans le « ventre mou ».

Alain Soral – Les gens dont vous parlez sont les clercs. Alors on ne va pas parler de la trahison des clercs. En général, ce sont des fonctionnaires d’État. Ils sont payés par l’État, par différents relais.

Donc en fait, moi, je pars du principe qu’on travaille pour qui vous paye. Et moi, vous savez, je suis indépendant comme l’est Dieudonné pour les mêmes les raisons, car je n’ai de compte à rendre à personne. Ce qui fait que je peux parler comme je parle aujourd’hui. Car j’ai organisé mon système de survie. Et je suis libre. Et le monde académique ne m’intéresse pas car c’est le monde par exemple de monsieur Bricmont, qui en privé pense à peu près tout comme moi, mais ne peut pas le dire parce qu’il est salarié d’une université qui est traversée par des réseaux de forces et des réseaux hiérarchiques, et qu’il sait que s’il va au-delà d’une certaine critique qui est cantonnée à une critique rationaliste, laïcarde, etc., etc., il aura des ennuis. Et à un moment donné, y’a un concept qu’il faut intégrer dans la sociologie, c’est le concept de peur et le concept de peur physique.

Moi, contrairement aux gens dont on parle, j’ai été agressé physiquement, menacé, condamné par le tribunal. J’ai subi des violences réelles.

Abdellah Boudami – Oui, oui. Et donc pour revenir, parce que beaucoup de choses sont dites sur lesquelles je voudrais rebondir.

Alain Soral – C’est çà aussi qui est la preuve que mon raisonnement est valable. Les réseaux que je montre du doigt m’attaquent, voyez.

Abdellah Boudami – Donc, plusieurs choses se sont dites sur lesquelles je voudrais rebondir. D’une part, effectivement, j’ai coédité un livre avec Michel Collon. Mais je considère que mon travail se fait tout à fait indépendamment de lui. Et d’ailleurs, nous avons plusieurs sujets de désaccord. Et d’ailleurs, à mon avis, Monsieur Soral, vous vous retrouverez sur des idées avec Michel Collon sur lesquelles je ne serais, moi, je ne serai pas d’accord.

Alain Soral – C’est possible, oui.

Abdellah Boudami – Oui, mais par rapport. Comme ça, c’est une chose qui est dite. Par rapport maintenant, sur ce que vous disiez.

Ahmed Bihmiden – Rapidement.

Abdellah Boudami – Que votre travail était complémentaire au mien, ou au nôtre, etc., là par contre, je suis en désaccord. Je considère d’une part, que votre façon d’articuler les questions de l’Empire ne sont pas tout à fait constructives pour certaines couches de la population même si pas pour la plus large couche de la population. Et je voudrais aussi par ailleurs ajouter que.


Alain Soral – Vous le décomptez comment, ça ?

Abdellah Boudami – Laissez-moi finir ! Lorsque effectivement je pose la question coloniale, et je peux comprendre que vous n’êtes d’accord, je ne demande pas à vous des comptes, comme lorsque, vous, vous vous en prenez à l’idéologie néolibérale américaine, vous ne vous en prenez pas au quidam américain.

Ahmed Bihmiden – Ce n’est pas ad hominem, évidemment.

Abdellah Boudami – Par contre je m’en prends à vos idées parce que je considère que vos idées ont une large part de responsabilité dans le fait qu’aujourd’hui, on n’arrive pas à saisir la logique de l’Empire.

Alain Soral – Pour pouvoir dire ça, monsieur, il faudrait que vous aillez produit une contre-théorie et que vous ayez démontré son efficacité.

Abdellah Boudami – Je suis là aujourd’hui pour ça, monsieur Soral.

Alain Soral – Or moi, je suis invité à participer à une émission parce que je m’appelle Alain Soral et que les gens m’écoutent. Et les gens du peuple m’écoutent. Pas les lettrés et les universitaires de bac+7 qui seront tous des socio-traitres pour des raisons de fatalité sociologique et qu’ils font de la sociologie à la Bourdieu. C’est que moi, je fais ce travail, et je démontre mon efficacité par ma notoriété et le fait que mes textes circulent, mes analyses circulent, et qu’elles sont accessibles au plus grand nombre.

Après, vous pouvez me dire que je ne respecte pas les normes académiques. Je m’en vente. Car les normes académiques ont pour but de confiner un discours critique à l’intérieur d’un petit cénacle de gens qui finalement en dernière instance, sont des ressortissants des dominants.

Ahmed Bihmiden – On se retrouve juste après une courte page de publicités, Monsieur Soral. OK, à tout de suite.

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  • #108674
    Le 27 février 2012 à 06:09 par mehdilandru
    Traquenard sur Al Manar !

    c’est fou comme il y a plein de vendu chez nous, cette radio en est un bon exemple, je suis un musulman de France et je suis de tout cœur avec Alain Soral, continué a être qui vous êtes, ne changer pas !. vive la résistance...

     

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  • #108871
    Le 27 février 2012 à 14:15 par oremus
    Traquenard sur Al Manar !

    Putain, Soral s’est sacrément fait chier avec la p’tite tapette droit-de-l’hommiste marocaine qui dit que de la merde. Mais il s’en est super bien tiré je trouve. Face aux hyènes, il faut rugir comme un lion et c’est ce qu’a fait Soral.

    Nan, vraiment, la p’tite tapette intello méritait de coups dans les dents. Et insolente en plus.

    Soral a dû cogner méchamment son sac de sable pour retrouver un certain calme après l’émission. Y’avait de quoi.

     

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  • #109071
    Le 27 février 2012 à 19:47 par ali
    Traquenard sur Al Manar !

    il semble que lutte contre l’empire soit très difficile surtout quand il faut se lier a un parti politique pour faire valoir ses droits.
    Je suis Français, patriote et musulman, ce qui est sur, c’est que je ne voterais jamais FN. J’attends toujours le parti politique qui serait susceptible de me représenter... En attend, je voterais blanc car j’ai le sentiment d’être lésé dans mes droits et mes devoirs civique. A quand la France aux Français... A tout les Français !

     

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    • #109211
      Le Février 2012 à 00:05 par youssef
      Traquenard sur Al Manar !

      si tu n’es pas prêt à voter FN, je ne vois pas ce que tu fais là !
      et arrêtes de parler de" droits civiques " et de tes "droits", sinon files au PS !

       
    • #111132
      Le Mars 2012 à 10:34 par Ras le bol
      Traquenard sur Al Manar !

      @youssef Mais pour qui tu te prends ? Soral vote FN mais il a bien dit qu’il n’appelait pas les musulmans à le faire !
      De plus tu n’es pas habilité à disqualifier qui que ce soit ! Merde alors !

       
    • #111691
      Le Mars 2012 à 10:42 par Erkos
      Traquenard sur Al Manar !

      @youssef surtout que ce site est une association et non un partie politique, sont regrouper ici des idées avant tout et non un nom sur un bulletin de vote.

       
    • #113360
      Le Mars 2012 à 14:41 par Ali le Breton... Ben oui ca existe
      Traquenard sur Al Manar !

      @yousef... N’importe quoi... mais je ne t’en veux pas, il faut de tout pour faire un monde... Pour info, je reste lie a Alain Soral, jusqu’a ce qu’il retour sa veste... je pense que c’est pas pour demain, donc tu vas devoir supporter mes commentaire encore un petit peu... A+

       
    • #130132
      Le Avril 2012 à 00:24 par Dommy
      Traquenard sur Al Manar !

      Cela dit Ali

      Je ne comprend pas bien pourquoi avoir encore des réticence à voter FN alors qu’il est le parti le plus anti-système.

      Pour ma part je suis communiste de coeur, je n’ai rien à voir avec les idées de droites libérales cela dit je ne voterais pas UMPS, Melanchon est selon moi qu’un reservoir à vote pour Hollande.

      Par élimination, le FN est le meilleur choix. Votez blanc revient à accréditer le pouvoir dominant donc UMPS (PS pour 2012) Je sais que Soral n’a pas appelé à votez FN, mais comme toi, le FN n’est pas pour moi le parti idéal !

      Le parti idéal serait pour moi dirigé par notre grand De Gaulle qui était un vrai Homme. Facile de comprendre que je ne peut pas voter De Gaulle....

      Le FN a quand même des points importants, c’est le seul candidat sérieux (je parle pas des partis à 1%)
      à vouloir sortir de l’euro.

      Le FN n’est pas le parti parfait, mais c’est le meilleur présent, ne pas voter pour lui c’est rendre + facile la victoire de L’UMPS.

       
  • #109115
    Le 27 février 2012 à 20:50 par feeloo
    Traquenard sur Al Manar !

    Merci Alain SORAL - il y en a qui te comprennent 5/5...

     

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  • #110120
    Le 29 février 2012 à 13:05 par Bardamor
    Traquenard sur Al Manar !

    - La fin des temps selon l’apocalypse chrétienne n’est pas la fin d’un cycle, théorie païenne alchimique.
    - L’apocalypse n’est pas mystique ; elle ne va pas dans le sens de l’augmentation du mystère. Le langage mythologique est radicalement opposé au langage mathématique, ésotérique.
    - C’est une défaite de l’empire que l’apocalypse annonce, par division interne.
    - L’apocalypse énonce un strict pacifisme qui empêche tout plan nationaliste ou patriotique. Un chrétien ne peut choisir deux maîtres. La nation n’est qu’une vieille putain.

     

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    • #110604
      Le Mars 2012 à 11:34 par jesus christ superstar
      Traquenard sur Al Manar !

      FRANCE, FILLE AINEE DE L EGLISE, qu as tu fait de ton destin ?
      Surtout quand j’entends ce que disent les pauvres brebis égarées qui te peuplent encore...

       
  • #110157
    Le 29 février 2012 à 13:48 par Nixium
    Traquenard sur Al Manar !

    Bravo M.Soral ! Il est vraiment lourd ce petit charlatan universitaire ! Votre intervention ne peut que faire du bien aux auditeurs Belge =]

     

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  • #110540
    Le 1er mars 2012 à 03:43 par q1q1 de bien
    Traquenard sur Al Manar !

    je suis tombé sur une vidéo intéressante d’un musulman belge dénomé abou rayan.
    Concernant le contenue de la vidéo, j’ai trouvé ses approches percutantes dans le sens où il a sue me faire voir une interpretation du travail d’egalité et réconciliation sous un autre angle et donc j’invite tous le monde à voir ses vidéos (surtout les personnes de confession musulmane)

     

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  • #111336
    Le 2 mars 2012 à 17:37 par Edom
    Traquenard sur Al Manar !

    Sont opposant principale interlocuteur est véritablement un abrutis doublé d’un connard, pédant qui plus est... Insupportable.
    Un personnage plus ou moins conscient de son statut de produit de la colonisation, arrogant face à Soral comme si le fait d’avoir intégré les outils (idoles) idéologiques de ses maîtres lui permettait de se hisser à leur niveau. Un véritable cas.

     

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  • #113229
    Le 6 mars 2012 à 05:26 par Ali
    Traquenard sur Al Manar !

    Une resistance soit disant sunnite qui veut exterminer la moitier du monde musulman car il serait chiite ! Laissez moi rire. Incapable de se deffendre contre 6 millions d israelien mais fantasme sur l extermination des chiites. Soral a raison de souligner que cette ideologie est propre au salafisme et non au sunisme de maniere general qui cohabite avec les chiite sans souci majeur.il est a rappeler que Les salafiste jihadistes sont une branche deviante du salafisme anti jihad et pro gouverneur saoudien. Car le salafisme a ete financer par les saoud pour se proteger du mouvement de revolution lancer par koumayni. Je ne suis pas daccord avec mr soral sur le projet dune aliance avec les cretien ou autre patriotte francais. Je ne me reconnai ni dans le sunisme ni dans le chiisme qui sont des categorie qui selon moi non pas lieu d exister. Je sui musulman et suis pour une egalite et reconciliation pour ma oumma. La seul chose que j aurai a dire a mr soral cest que je deplore qu il ne soit pas musulman. Quoique j ai l impression que mr soral reconnait la prophetie de muhammad. Je considere mr soral comme un ami des musulman, on ne peut pas lui reprocher de ne pas etre un specialiste de l islam alors que chez nous les musulman eux meme se noient dans l ignorance la plus profonde de leur religion.

     

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  • #113747
    Le 7 mars 2012 à 00:59 par chercheur
    Traquenard sur Al Manar !

    Superbe entretien, j’ai beaucoup rigolé car ils ont un peu énervé Soral qui a perdu patience et glissé quelques quenelles pour se défendre, mais par contre, j’ai beaucoup de regrets aussi car c’est la seule video je crois où on peut voir un débat contradictoire réel autour du livre, ce qui fait penser à ce qu’on aurait du voir plus ou moins dans les médias si "comprendre l’empire" n’avait pas été scandaleusement boycotté. A cause de ce boycott débile, tout le monde a été privé du débat qui aurait enrichi et précisé les points de vue de tous. Car Soral a raccourci le livre à 250 pages à cause du prix de vente faible à pratiquer, alors il y a des tas de précisions qu’on aurait aimé voir en débat en live. Du coup, cet entretien radio qui aurait du être banal est une précieuse pièce, vu son caractère unique ! Honte aux boycotteurs !

     

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