Un calme précaire est revenu dimanche soir au Kef, ville du nord-ouest de la Tunisie désormais placée sous le contrôle de l’armée et où l’incendie qui a ravagé dans l’après-midi le siège de la police a été maîtrisé, a-t-on appris de source syndicale.
"Le calme est revenu. Les bandes de jeunes qui pillaient ont disparu mais les gens sont très méfiants et ont peur de sortir", a déclaré à l’AFP Raouf Hadaoui, un syndicaliste joint par téléphone depuis Tunis.
L’incendie qui a ravagé l’immeuble de la police a été "maîtrisé par les pompiers", qui ont travaillé sous la protection de l’armée, a-t-il précisé.
"La police est invisible. L’armée est déployée" aux carrefours stratégiques de la ville et devant les principaux bâtiments publics, a-t-il encore ajouté.
Après de premiers affrontements qui s’étaient soldés samedi par la mort de deux manifestants selon le ministère de l’Intérieur, quatre de sources syndicales, de nouveaux heurts ont éclaté dimanche au Kef.
L’immeuble abritant le siège de la police, déjà en partie incendié samedi par des manifestants qui exigeaient le départ du chef de la police locale, a été à nouveau pris pour cible dimanche, cette fois par des bandes de jeunes qui se sont ensuite livrés à des pillages à travers la ville.
Ces bandes ont aussi tenté d’attaquer la prison du Kef pour libérer des détenus et ont été repoussés par l’armée, ont déclaré à l’AFP Raouf Hadaoui et un autre syndicaliste, Abdelatif Bouguera.
Tous deux ont affirmé que les jeunes, organisés en bandes mobiles, étaient payés ou encadrés payés par le Rassemblement constitutionnel démocratique, l’ex-parti au pouvoir sous Zine El Abidine Ben Ali, "pour semer le trouble".
Dans la journée, ils avaient décrit le ballet des ambulances autour de l’immeuble en flammes de la police, tandis qu’un hélicoptère militaire survolait la ville.
"On ne sait pas combien de personnes ont été blessées", a déclaré M. Hadaoui, précisant avoir vu un homme "avec une fracture à une jambe".
Dimanche, le gouvernement est resté silencieux sur ces violences.
Une source autorisée au ministère de l’Intérieur a simplement donné à l’AFP un bilan des affrontements de la veille, parlant de deux morts et 13 blessés, dont quatre policiers.