En visite au Salon de l’Agriculture, Phil Hogan, commissaire européen à l’agriculture et au développement rural s’est posé en défenseur des paysans, accusant Marine Le Pen de vouloir leur faire peur en reprenant les arguments des partisans du Brexit.
Le 2 mars, au Salon de l’Agriculture à Paris, le commissaire européen Phil Hogan, a défendu la politique agricole commune (PAC) de Bruxelles contre les attaques de Marine Le Pen. Cette dernière avait notamment appelé à « franciser » les aides distribuées aux agriculteurs et à ne plus passer par l’intermédiaire de l’Union européenne. Une « mauvaise » idée, selon le commissaire irlandais à l’agriculture et au développement rural.
Phil Hogan en outre jugé que cette proposition de la candidate du Front national (FN) n’était pas crédible. Tentant de faire d’une pierre deux coups, le commissaire a établi un lien entre le programme de Marine Le Pen et le Brexit, l’accusant de faire croire aux agriculteurs, comme ce fut le cas au Royaume-Uni, « que tout ira bien si on se débarrasse de l’Europe ».
Méfiance vis-à-vis du processus démocratique français ?
Pour le commissaire, choisi par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker sans autre processus démocratique que son adoubement par un vote du Parlement européen, les agriculteurs britanniques seraient les « grands perdants » de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne et de la PAC. « Les agriculteurs britanniques réalisent maintenant qu’ils vont perdre environ 15 000 livres, chacun », a-t-il affirmé, avant d’ajouter : « Il n’y a aucune proposition du ministre pour [les] remplacer ».
« En France, rien ne garantit que les agriculteurs, qui constituent moins de 2 % de la population [active] du pays puissent continuer à bénéficier de 9 milliards d’euros d’aides sur le budget national », a-t-on fait savoir « dans l’entourage » du commissaire.
Marine Le Pen, partie prenante d’un processus démocratique qui l’engage, du moins en théorie, devant ses électeurs, a rappelé ce 2 mars 2017, les « mesures immédiates » qu’elle prendrait en faveur de l’agriculture dans le cas où elle serait élue.
La candidate du FN prône un « patriotisme économique » qui permettrait aux collectivités territoriales d’acheter en priorité des produits agricoles français, ainsi qu’une reconfiguration des « relations commerciales » entre producteurs et grande distribution, à qui Marine Le Pen reproche de « capter des marges de plus en plus importantes ».
Quand à sa proposition de renationalisation de la politique agricole, décidée aujourd’hui par une Commission européenne qui n’est pas constituée à la suite d’un suffrage direct, la candidate frontiste fait valoir que la France verse chaque année « 20 milliards [d’euros], presque 21, à l’Union européenne ».
« On nous en rend 13, politique agricole commune comprise », a-t-elle rappelé au micro de France Bleu ce 2 mars 2017. « Et bien, on récupère ces 20 milliards et on maintient nos aides, quitte à les augmenter un peu », a-t-elle expliqué, rappelant les chiffres donnés par le gouvernement sur son site, economie.gouv.fr. Un site qui indique en outre que la France était en 2015, le troisième pays contributeur net de l’Union européenne.