L’affaire commence le 9 janvier dernier. Alors qu’un professeur de français en collège propose à ses élèves « un débat » sur l’attentat de Charlie Hebdo, un élève intervient et s’exclame : « Ils ont eu raison. » Imputable à l’ « âge bête », cette réflexion immature va être pour l’enfant le début de son calvaire.
En lieu et place d’une explication pédagogique, le professeur ordonne : « Si tu penses ça, sors de ma classe. » L’élève se rend chez la conseillère principale d’éducation (CPE), qui lui explique pourquoi on ne peut penser que des terroristes « ont eu raison ». L’affaire aurait pu en rester là. Mais après le week-end, le lundi 13 janvier, le gamin est convoqué, chez le principal cette fois-ci, et exprime ses regrets. Le 14, lors d’une nouvelle convocation chez le principal, ses parents apprennent son exclusion pour une semaine, en attendant un conseil de discipline, souvent synonyme d’exclusion définitive.
Mais le principal, se rêvant sans doute en résistant, ne s’arrête pas là et porte plainte à la police contre l’enfant. Et le lendemain, alors que la famille se rend au commissariat afin d’être entendue, l’adolescent est placé en garde-à-vue pour une durée de vingt-quatre heures. Le 17 janvier au matin, l’adolescent est présenté menotté au juge pour une mise en examen pour apologie de terrorisme. Cette histoire surréaliste, rapportée par Rue89 n’est qu’un énième épisode des dérives de la justice en ce mois de janvier.
Suite à la circulaire du 12 janvier promulguée par Christiane Taubira, appelant les procureurs à la plus grande fermeté, le ministère de la Justice a déjà engagé plus de cent procédures pour « apologie de terrorisme ». C’est ainsi qu’une trentaine de personnes ont déjà été condamnées, parmi lesquels des déficients mentaux, des personnes en état d’ébriété… ou des enfants.