Le procès du documentaire Un homme se tiendra le 16 juin prochain à 13h30 à la XVIIe chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Paris. Sorti en septembre 2011, ce film sur la vie du professeur Robert Faurisson, réalisé par Paul-Éric Blanrue, est poursuivi par la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA).
Ironie de l’histoire, ce procès interviendra vingt ans presque jour pour jour après ce que Robert Faurisson appelle « la capitulation de Jean-Claude Pressac » [1]. Ce dernier, pharmacien de profession, financé par la fondation Beate Klarsfeld pour apporter des éléments probants contre les travaux de Robert Faurisson (il deviendra consultant du musée d’Auschwitz et conseiller du musée de l’Holocauste à Washington), déclarait le 15 juin 1995 dans un entretien donné à Valérie Irgounet, du CNRS :
« Michel de Boüard, ancien “Nacht und Nebel” à Mauthausen, a estimé que “le dossier [du système concentrationnaire] est pourri”. D’une part, le ressentiment et la vengeance ont primé sur l’apaisement. Puis la mémoire sur l’histoire. D’autre part, la mainmise des communistes sur les principaux organes de commande dans les camps, la formation après la libération d’associations sous leur contrôle et l’établissement durant cinquante ans d’une histoire des camps “démocratiquement populaire” ont introduit le virus de la langue de bois antifasciste. Approximation, exagération, omission et mensonge caractérisent la majorité des récits de cette période. Le discrédit unanime et sans appel dont sont frappés les écrits communistes ne peut que déteindre sur une expérience concentrationnaire viciée par leurs idées et l’annihiler.
– Peut-on redresser la barre ?
Il est trop tard. Une rectification générale est humainement et matériellement impossible. Tout changement historique entraîne une dévalorisation de cette mémoire fixe et présentée comme définitive. Or, de nouveaux documents surgiront inévitablement et bouleverseront de plus en plus les certitudes officielles. La forme actuelle, pourtant triomphante, de la présentation de l’univers des camps est condamnée. Qu’en sauvera-t-on ? Peu de choses. En effet, magnifier l’univers concentrationnaire revient à résoudre la quadrature du cercle, à transmuter le noir en blanc. La conscience des peuples n’aime pas les histoires tristes. La vie d’un zombi n’est pas “porteuse”, d’autant que la douleur subie a été ensuite exploitée et monnayée : décorations, pensions, postes, influence politique. On ne peut à la fois être victime et privilégié, voire bourreau à son tour.
De tous ces faits, terribles parce qu’ayant provoqué la mort de femmes, d’enfants et de vieillards, ne survivront que ceux établis. Les autres sont destinés aux poubelles de l’Histoire. »
(Histoire du négationnisme en France, Seuil, 2000, p. 651-652)