À l’origine le fanakalo, est une langue vernaculaire ou pidgin basée principalement sur le zoulou avec une dose d’anglais et un soupçon d’afrikaans. Il est utilisé comme lingua franca, principalement dans les industries minières de l’or, du diamant, du charbon et du cuivre en Afrique du Sud et, dans une moindre mesure, en République démocratique du Congo, en Namibie, en Zambie et au Zimbabwe. Par extension, le fanakalo est la langue minimale imposée par la puissance impériale pour se faire comprendre de toutes ses tribus soumises et les faire descendre à la mine. C’est exactement ce qui est en train de nous arriver avec l’anglais.
Pour résister un peu, pour renouer avec notre langue, notre religion, notre histoire, nos découvertes et nos mœurs, quelques mots glanés chez Bernanos.
La huque de Jeanne d’Arc
La huque est une robe courte portée par les hommes au Moyen Âge et qui diffère peu du hoqueton primitif.
Notre-Seigneur a l’air de sourire. — Notre-Seigneur sourit souvent — il nous dit : « Ne prenez pas ces sortes de choses trop au sérieux, mais enfin il y a des triomphes légitimes, ça n’est pas défendu de triompher, quand Jeanne d’Arc rentrera dans Orléans sous les fleurs et les oriflammes, avec sa belle huque de drap d’or, je ne veux pas qu’elle puisse croire mal faire. Puisque vous y tenez tant, mes pauvres enfants, je l’ai sanctifié, votre triomphe, je l’ai béni, comme j’ai béni le vin de vos vignes. » (Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne, 1936, page 181)
La targe
De l’ancien bas vieux-francique targa « bouclier ». Petit bouclier rond qui servait autrefois à protéger les assaillants.
Au collège, les bons Pères ne juraient encore que par son heaume et sa targe, on nous donnait la Chanson de Roland comme l’Iliade française. (Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne, 1936, page 208)
Le collodion de Louis Ménard
En 1846, Louis Ménard découvre le collodion. Sa découverte est présentée devant l’Académie des sciences, mais donne plus tard lieu à une méprise avec un Américain nommé Maynard, comme l’explique Jules Verne dans une note du chapitre IX de De la Terre à la Lune : « Dans cette discussion le président Barbicane revendique pour l’un de ses compatriotes l’invention du collodion. C’est une erreur, n’en déplaise au brave J.-T. Maston, et elle vient de la similitude de deux noms. En 1847, Maynard, étudiant en médecine à Boston, a bien eu l’idée d’employer le collodion au traitement des plaies, mais le collodion était connu en 1846. C’est à un Français, un esprit très distingué, un savant tout à la fois peintre, poète, philosophe, helléniste et chimiste, M. Louis Ménard, que revient l’honneur de cette grande découverte. »
Le collodion est composé de nitrocellulose dissoute dans un mélange d’éther et d’alcool et conservée sous forme liquide (dans un récipient fermé) ou sous forme de film une fois le solvant évaporé.
Le collodion se présente comme un vernis séchant rapidement et laissant derrière lui une feuille transparente et souple (assez semblable en texture et apparence à de la cellophane.
Usages militaires : il a servi à produire de nombreux types d’explosifs (cordite principalement), très résistant à l’humidité, à l’eau et à la biodégradation. C’est un fulminant qui – mis à feu – libère une grande quantité de gaz et de chaleur, presque sans fumée, et sans détoner brutalement. Il a donc été utilisé dans les cartouches pour propulser les balles et obus avec un moindre danger de faire exploser le fût des fusils ou canons.
Et soudain j’ai vu ses pauvres mains, croisées, ses mains très fines, très longues, plus vraiment mortes que le visage, et j’ai reconnu un petit signe, une simple égratignure que j’avais aperçue la veille, tandis qu’elle serrait le médaillon contre sa poitrine. La mince feuille de collodion y tenait encore. (Georges Bernanos, Journal d’un curé de campagne, 1936, page 162). [1]
Leude
Les leudes étaient des membres de la haute aristocratie durant le haut Moyen Âge. Ils étaient liés au roi par un serment et des dons.
Les rois chevelus consultaient leurs leudes ; Charlemagne consultait ses pairs ; sous l’Ancien Régime on réunissait les États généraux dans les circonstances critiques. À force de marcher dans la voie du progrès, comme on dit, on a rétrogradé au-delà des Cafres : et, durant cinq mois, un aventurier génois envoya les gens se faire casser les bras et les jambes pendant qu’il fumait son cigare. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 75) [2]
Dartre
La dartre est un terme flou désignant des maladies de la peau se caractérisant par la formation de plaques sèches et squameuses au niveau de l’épiderme.
Bernanos citant (p.46 de La Grande peur des bien-pensants) un passage des Châtiments de Victor Hugo, le poème Saint-Arnaud :
« Lui, l’homme frémissant du boulevard Montmartre
Ayant le crime au flanc qui se changeait en dartre » [3]
Grègues et pudenda
Chausses allant à mi-cuisse, légèrement rembourrées, formées de bandes qui, partant de la ceinture, rejoignaient la cuisse en exhibant une doublure lâche.
Parties génitales externes.
L’Église disait : « Tous mes fils sont-ils sages ? sont-ils heureux ? » et pensait, non sans raison que c’était l’essentiel, et qu’il y aurait toujours assez de grègues pour couvrir les pudenda du pauvre monde. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 90)
Riboteur (et Riboter)
Vieilli, pop. Faire ribote ; par métonymie, mener une vie de débauche. Synon. faire la fête, faire la noce (fam.)
subst. et adj., vieilli, pop. (Personne) qui aime riboter, faire la noce. Synon. fêtard, noceur.
Un papa volontiers riboteur, pour lequel un Monsieur prêtre ne fut jamais qu’une sorte de mâle déchu. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 140)
Bedeau
(francique *bidil) Employé laïque chargé de maintenir l’ordre au cours des offices et d’accompagner les membres du clergé dans les cérémonies.
Mais il [le Français de base] n’aura en revanche, que risée pour le bedeau artificieux qui jure sur son épée de fer-blanc que la déclaration des Droits de l’Homme est un vieux texte rédigé par les chapelains du pape Innocent III pour servir de règle à la Sainte Inquisition. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 143) [4]
Sportulaire (et sportule)
La sportule (latin sportula, « petit panier ») est, dans la Rome antique, un don que le patron, c’est-à-dire le protecteur, distribue chaque jour à ses clients (ses protégés), en échange du temps que ceux-ci passent à son service, à l’escorter dans les lieux publics, et particulièrement au forum, à voter et à faire voter pour lui dans les élections ou pour les lois qu’il propose en tant que magistrat. À l’origine, la sportule est un don en nature (aliments, qui étaient remis dans le petit panier qui lui a donné son nom) ; progressivement, elle devient un don en numéraire.
Par extension, personne qui reçoit des gratifications (illicites), des pots-de-vin versés avec régularité : les sportules.
En blaguant Dieu, la vertu, l’honneur, avec de grandes claques d’amitié sur le ventre de ses flatteurs démagogues, ses sportulaires, il nous observait de bais, il épiait dans nos yeux une certaine flamme. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 148) [5] [6]
Turlutaine
Propos sans cesse répété. Synon. vieilli de serinette.
Mon erreur fondamentale a été de croire qu’il existait encore un vieille France, un ensemble de braves gentilshommes, bourgeois, petits propriétaires, fidèles aux traditions de leur race et qui, égarés, affolés, par les turlutaines qu’on leur débite depuis cent ans, reprendraient conscience d’eux-mêmes si on leur montrait la situation telle qu’elle est, se réuniraient pour sauver leur pays. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 203) [7]
Tortil
Ruban, collier de perles qui s’entortille autour d’une couronne de baron ; cette couronne.
Humble début de la ligue ! Pauvreté incompréhensible lorsqu’on songe à l’immense retentissement de l’oeuvre qu’elle allait tâcher de servir avec des moyens misérables, qui eussent paru ridiculement insuffisants au moins opulents des comités radicaux de la Garonne et du Gard. Un rez-de-chaussée de la rue Lepic, N°48. Deux petites pièces meublées chacune d’une table noire et d’un cartonnier. Au mur la puissante et naïve affiche du cher Villette, le Gaulois tenant à bout de bras la tête du veau d’or, coiffée sur l’oreille d’un tortil de baron, cinq ou six épreuves de la proclamation fameuse placardée dans la nuit du 4 au 5 septembre 1889. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 194) [8]
Mastroquet
Tenancier de débit de boissons. (Par métonymie) Établissement de vente de vin ; débit de boissons. (peut-être flamand meesterke, petit patron)
Le succès de la France Juive s’est à demi-perdu dans l’affreuse ivresse qui a jeté pêle-mêle, derrière une espèce de magicien culotté de rouge – de l’espèce des beaux prestidigitateurs à barbe qu’on invite aux matinées d’enfants – opportunistes et radicaux, gens d’église et mastroquets, marchands de pipes, courtisanes, académiciens, poètes, Barrès, Laguerre, Déroulède et les camelots du boulevard Montmartre. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 210) [9]
Stercoraire et jocrisse
Oiseau palmipède des mers arctiques, qui se nourrit de poissons dérobés à d’autres oiseaux. Qui croît, qui vit sur les excréments, le fumier. Insecte, plante stercoraire.
Personnage du théâtre comique, caractérisé par la niaiserie et la crédulité.
Vous ne pouvez pas vous imaginer ce que c’est que de passer en revue, même à la hâte, même en évitant de les toucher longtemps du doigt, ces livres de stercoraires : Les Borgias (Histoire d’une famille de monstres), À bas la calotte, Les Jocrisses de Sacristie, Les Bouffe-Jésus – ouvrage anticlérical, soporifique et miraculard, Moniteur officiel des Syllabussons et des Vaticanards. Nous voyons là le R.P. Trousse-Jupes demander qu’on vote une adresse au pape ; l’abbé Cinq-contre-un s’occupe des ouvriers, et il est appuyé par l’abbé Belle-Tante, mais le cardinal Hector de la Sodomerie demande qu’on renvoie à l’année suivante la solution de cette question et il entonne le Veni Creator... (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 225) [10] [11]
Sicaire
Sicaire est un terme littéraire ou historique pour désigner un tueur à gages. Il a également désigné les activistes juifs opposés aux Romains.
On eût dit que ce Paris soulevé ressemblait au Forum de Rome … La sédition grondait sous l’ardente parole des Gracques, les sicaires de Clodius étaient aux prises avec les amis de Milon : on vociférait, on se menaçait, on s’égorgeait. Soudain les clameurs s’apaisaient, les poignards s’abaissaient. À l’entrée de la place qui retentissait des cris de la guerre civile venaient d’apparaître les licteurs qui précédaient le blanc cortège des vestales. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 226) [12]
Rapin
Apprenti dans un atelier d’artistes peintre ; élève peintre – Peintre bohème, au talent douteux.
Les larmes du Christ pleurant sur les fautes des hommes, vous devinez comme cela prête aux commentaires crapuleux… La soeur Marie des Anges boit du lacryma-christi, elle est soûle à rouler, elle est raccrochée par un rapin, elle est mise au violon et au bout de neuf mois nous la retrouvons dans le dessin final avec un énorme bedon qu’elle étale. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 227) [13]
Camail
Armure de tête et de cou en tissu de mailles. Courte pèlerine des ecclésiastiques.
Quand on songe à ces innombrables petites filles de l’atelier ou de la campagne souillées par ces lectures immondes et qu’on voit Rotelli fraterniser avec l’auteur de toutes ces cochonneries, il ne faut désespérer de rien. Nous pouvons nous attendre à voir quelque jour le nonce apostolique avec ses fines dentelles et son camail violet, se promener bras-dessus bras-dessous avec les imitateurs de Vodable et de Menesclou. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants 1931, p. 229) [14]
Thermocautère
Cautère de platine utilisé pour la cautérisation par la chaleur.
Il y avait là… , Paquelin, l’inventeur du thermocautère. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 236) [15]
Marguillier (et non margoulin), spadassin et chantre
Membre du conseil de fabrique chargé d’administrer les biens d’une paroisse, sous l’Ancien Régime et sous le Concordat – Laïc, laïque chargé(e) de la garde et de l’entretien d’une église.
Un spadassin est à l’origine un homme qui se bat à l’épée pour sa gloire, un ferrailleur qui recherche les duels.
Personne qui assure les chants dans les offices liturgiques – À l’époque de la Réforme, celui qui dans les communautés protestantes entonnait, soutenait ou dirigeait le chant.
Reste qu’aux environs de 1892, un journal portant le titre de La Libre Parole devait rompre d’abord le premier barrage opposé alors à toute parole libre, pourvu qu’elle prétendit se faire entendre de tous, aller jusqu’au au grand public, coûte que coûte. Tel ou Tel pieux paroissien, ou même dévot, qui réveille le médecin pour un cauchemar ou une colique, tel marguillier enfin sourira ici dans sa barbe, et, devant sa géniture attentive, déjà dressée aux durs combats de l’argent, couvrira de ridicule ses spadassins bénévoles, à cent cinquante francs par mois, qui risquaient leur peau par gloriole… Mais personne non plus n’a jamais entendu dire qu’un pays ait été sauvé par ses marguilliers et ses chantres. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants 1931, p. 237) [16]
Bran, brun, bren et embrené
Partie la plus grossière du son.
Salir d’excréments – S’engager mal à propos dans une vilaine affaire.
Vous nous avez traînés dans le bran de La Lanterne à propos de l’affaire de Cîteaux, permets, ô Clemenceau, homme farouche et redouté de tes semblables pour ton habileté au pistolet, que nous ne soyons pas embrenés seuls et que je prenne un peu de ce bran pour en astiquer ta menaçante moustache en guise de pommade hongroise. Cela te fera un succès, ce soir à l’Opéra. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants 1931, p. 240) [17] [18] [19]
Échaudoir
Grande cuve où l’on échaude les bêtes abattues.
Vieux maître, vieux maître ! N’est-ce pas que vous l’entendez encore chez les Ombres, la porte qui bat contre le mur, poussée d’un poing joyeux, et Morès sur le seuil, tenant attachée au poignet sa fameuse canne de sept livres à boule de bronze, avec son visage de dur, escorté d’une poignée de ses fanatiques, Guérin, Lamasse, Coesti, le charpentier Vallée, ou les bouchers de la Villette qui sentent l’empois de leur blouse des dimanches et le sang frais, chiens fidèles, jaloux d’un regard de leur jeune chef, le suivant de ville en ville, jetant devant lui, le moment venu, contre le barrage qui plie, les tueurs vermeils et les garçons d’échaudoir. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants 1931, p. 241) [20]]
Décavé
Qui a perdu sa cave, au jeu – Ruiné.
Et, à l’autre bout du monde, le Chaos ; non pas le Chaos des premiers jours du monde, mais un Chaos du XiXe siècle : des ingénieurs, des cabaretiers, des teneurs de maisons publiques, des décavés venus de partout, des ouvriers de tous les pays s’agitant pêle-mêle, travaillant sans aucun plan, et recommençant indéfiniment le même travail. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 250) [21]
Recès
Procès-verbal où étaient consignées les délibérations des diètes de l’Empire germanique.
Lieu préservé des atteintes extérieures où l’on se retire. Synon. refuge.
Pour suivre le remous de certains squales dans les eaux profondes, il faudrait que le regard portât loin jusqu’à ce dernier recès où les polices d’État mûrissent l’événement dont quelque bavard se fera honneur devant la postérité. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 258) [22] [23] [24]
Laticlave et triclinium
ANTIQ. ROMAINE. Large bande de couleur pourpre appliquée verticalement sur le devant de la toge blanche que portaient les sénateurs.
Salle à manger à lits en pente, autour d’une table ronde ou carrée.
Moi, je suis comme l’esclave chrétien qui, au sortir du repas des catacombes, assistait à l’orgie des consulaires et des porteurs de laticlaves. Je fais circuler à la ronde les coupes myrrhines, et sachant bien ce qu’il y a au fond, je m’attends à ce que certains convives roulent foudroyés sur le triclinium. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 273) [25]
Caroncule
Nom donné à divers petits organes charnus de couleur rougeâtre – Excroissance érectile charnue de la tête des dindons et d’autres animaux.
Mais les jours David Raynal étaient eux-mêmes comptés, le Ralliement, furieux et stupide, pareil à un énorme dindon saignant de la caroncule, croyait avoir son homme au ministère, dans la personne d’un politicien obscur, du nom d’Eugène Spuller. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 283) [26] [27]
Yatagan
Le yatagan est une arme turque à lame recourbée et dont le tranchant forme, vers la pointe, une courbe rentrante.
Avant que Morès ait eu le temps de se redresser, Yedda Ben Henna lui donna un coup de yatagan vertical sur le front. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 298) [28]
Chand, houppelande et fesse-mathieux
Le mot « chand » est un terme vieilli et familier en français, qui désigne une personne exerçant la profession de marchand ou de vendeur.
Une houppelande était un vêtement constituant le haut d’un costume habillé, masculin ou féminin, du XIVᵉ ou XVᵉ siècle. C’était une sorte de robe de chambre, tantôt longue, tantôt courte, avec de très longues manches allant jusqu’au sol.
De fesser et saint Matthieu, patron des changeurs. Vieux. Usurier, avare. Tiens donc, même les changeurs ont un saint.
C’est ainsi qu’apparaît Arthur Meyer, fils de chand d’habits, chand d’habits lui-même… On pourrait écrire un livre intitulé : Arthur Meyer, et ce serait un livre d’histoire. Aussi heureux que ses collègues qui en décousant de vieilles houppelandes, y découvre parfois des fortunes, il a trouvé des millions dans un parti de fesse-mathieux où j’ai vu refuser quinze louis à un journaliste royaliste de soixante-dix ans qui mourait littéralement de faim. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 366) [29] [30]
Hypocondre
Les hypocondres ou hypochondres (litt. sous le cartilage) droit et gauche sont les deux régions de l’abdomen situées directement sous le diaphragme. (Médecine) (Vieilli) Personne atteinte d’hypocondrie.
Pour prendre au sérieux cette pédanterie convulsive, on ne trouverait plus guère qu’un quarteron de prêtres écarlates ou d’institutrices hypocondres. En réalité, la société actuelle, société de transition, de compromis, dite moderne, n’a aucun plan, ne se propose aucun but déterminé, sinon celui de durer le plus longtemps possible grâce à la méthode qui l’a servie jusqu’ici, celle d’un dégoûtant empirisme. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants 1931, p. 395) [31]
Barbacole
Maître d’école vieux ou pédant.
Après un siècle et demi elle souffre encore, elle souffrira toujours de sa tare originelle et d’avoir été premièrement conçue par des femmes quadragénaires et par des cuistres, entre deux culbutes, amoureuses. Philosophes à perruque et à jarretières, bourgeoise opulentes, marquises volcaniques, fortes et poilues comme des hommes, capable de croquer chaque jour un barbacole au dessert, toute cette canaille dorée de mil sept cent quarante, pourrie jusqu’à l’os du croupion, mangée vive par les chancres et les gommes, et qui laisse dans l’histoire une odeur de culottes suspectes et de sein gras, n’avait sérieusement servi, sous des noms divers, que la libération de la braguette. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 395) [32]
Filoselle
Bourre de soie mélangée à du coton et utilisée en bonneterie.
Le vocabulaire a pu passer depuis du rose vif à l’écarlate, l’ouvrier français né malin, a vite fait de découvrir, sous le démagogue, le pleutre qui joue au réfractaire, l’entrepreneur de barricades pour rire, qu’il retrouvera le lendemain sur l’estrade, avec son manteau romain et ses gants de filoselle, parmi d’autres défenseurs de l’ordre. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 403) [33]
Briscard
Soldat chevronné qui porte des brisques (chevron d’un soldat rengagé (briscard)) ; soldat qui a de nombreuses années de service à son actif.
Leur vanité saigne aujourd’hui de découvrir qu’ils ne furent sans doute jamais, aux yeux des révolutionnaires authentiques, que d’inoffensifs parasites auxquels on a laissé parfois l’usage d’un vocabulaire commun, par bienveillance pure, ainsi qu’un briscard campe un marmot sur son genou et le fait souffler dans sa trompette. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants 1931, p. 405) [34]
Coquebin
Jeune personne, le plus souvent jeune homme niais, innocent.
La surveillance assidue par le clergé des coquebins et coquebines. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 447) [35]
Anti-France
Le parti de l’anti-France, gros de quinze années de discordes civiles et de la plus atroce des guerres a désormais son ferment : une furie de revanche, qu’exaspère chez le vieil athée, l’idée du néant proche, du retour aux cornues de la Nature, passion sénile, véritable prurit de la moelle, à laquelle on n’a pas encore osé donner son vrai nom : un désespoir féroce. (Bernanos, La Grande peur des bien-pensants, 1931, p. 301) [36] [37]
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