Et voilà la France toute tendue comme une corde de piano par la hausse (complètement inattendue) du chômage. Heureusement, la presse sait qu’elle peut compter sur les explications alambiquées de Myriam, la petite stagiaire en charge de l’emploi au gouvernement, qui tente désespérément de faire passer une hausse vigoureuse pour une baisse modérée. Pourtant, ce n’est pas du côté de la France que les regards devraient se tourner, et ce n’est pas ce pays qui devrait déclencher le plus d’inquiétude (même s’il a des arguments pour). En effet, le lundi 26 septembre, la Deutsche Bank a dévissé en bourse.
La Deutsche Bank, c’est tout de même une institution à elle toute seule. Outre le fait qu’il s’agit de la plus grosse banque allemande, c’est aussi l’une des plus vieilles et celle qui représente le mieux la puissance germanique implantée dans des douzaines de pays (plus de 70 actuellement). Présente sur tous les marchés de la finance, elle est aussi maintenant connue pour ses positions dans les dérivés qui s’élèvent à quelque chose comme 75.000 milliards de dollars (non, il n’y a pas trois zéros de trop).
Dès lors, quand la Deustche Bank (DB) tousse fort, l’Allemagne se sent immédiatement prise de convulsions, et avec elle, l’Europe toute entière. Avec ce lundi noir pour la banque allemande, on assiste à une véritable quinte de toux.
Pourquoi diable cet effondrement qui n’a de soudain que pour une presse française terriblement tournée vers son propre nombril ?
En réalité, le cours est en difficulté depuis un moment ; la valorisation boursière de la DB a été divisée par plus de 2 depuis le début de l’année (perte de 52% précisément) et ce lundi, avec une perte de 6%, constitue donc la suite logique d’une dégringolade entamée depuis plusieurs mois alors que la banque traverse des difficultés tant sur le plan de ses opérations financières que sur le plan juridique. L’année dernière, la DB a ainsi enregistré des pertes historiques qui l’ont obligé à mettre de côté 5,5 milliards d’euros de provisions.
Cette situation préoccupante a d’ailleurs amené le FMI à statuer à son sujet au début de l’été, en estimant sans ambages que la banque constituait un risque systémique pour la zone euro, risque d’ailleurs corroboré par la mauvaise note obtenue lors des « stress tests » de juillet (les simulations de résistance aux événements adverses menées par l’Agence Bancaire Européenne, ABE) qui l’avaient placée en queue de peloton des banques européennes.
Quant au plan juridique, voilà que son passé récent refait surface : la DB a en effet été impliquée dans la crise des subprimes et y aurait joué un rôle important, justifiant sans doute que la Justice américaine lui réclame maintenant une somme considérable – 14 milliards de dollars. Au passage, on s’amusera de la coïncidence de ce montant avec le prix de 295 tonnes d’or (à peu près 13 milliards de dollars au cours actuel) qui correspondent à la quantité que les USA ont promis de rendre aux Allemands suite à leur récente demande, sur les 300 que ces Allemands ont en dépôt chez les Américains (5 tonnes ayant déjà été rapatriées au cours des mois précédents).
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