Longues robes ou mini-jupes, tissu à froufrous ou à dentelles : la créatrice de mode israélienne Dorit Baror a utilisé et décliné sous diverses formes les motifs du keffieh pour sa nouvelle collection de prêt-à-porter féminin. Certains Arabes, dont des Palestiniens, dénoncent une appropriation honteuse de ce foulard devenu symbole de l’opposition palestinienne à Israël.
C’est une photographe jordanienne, Tanya Habjouqa, qui a posté le 28 janvier sur son compte Facebook une photo d’une des boutiques de Dorit Baror dans un centre commercial de Tel-Aviv. La boutique semble proposer quasi uniquement la collection de vêtements féminins dérivés du keffieh, qui coutent « au minimum 150 dollars » [134 euros], selon Tanya Habjouqa.
Sur le site de la créatrice Dorit Baror, par ailleurs designer et actrice qui possède des enseignes dans 17 pays, des photos montrent un mannequin portant les vêtements. Elle adopte parfois des poses lascives et dénudées, apparaît dos nu ou laisse entrevoir un sein de profil.
De quoi susciter la colère de certains internautes arabes, dont des Palestiniens : « notre symbole de résistance est érotisé par les créateurs de mode israéliens ! » s’insurge sur Facebook Mohammed Matter, de l’ONG Gaza Youth Cultural Center.
« C’est comme les colons blancs en Amérique du nord, qui se sont saisis de la mythologie des Indiens d’Amérique et ont essayé de l’intégrer à leur culture », considère un internaute, en commentaire de l’article du site Mondoweiss, qui relaie l’affaire. « C’est de l’appropriation culturelle à l’extrême […] il n’y a même pas un panneau expliquant d’où vient l’étoffe », estime Tanya Habjouqua en présentation de sa photo.