Selon le New York Times, les services de renseignement américains et israéliens seraient d’accord sur le fait qu’il n’y aurait pas assez de preuves pour dire que l’Iran est en train de développer une arme nucléaire, même si le pays a accru ses capacités d’enrichissement d’uranium. En fait, aucun n’est en mesure de dire si une décision allant dans ce sens a été donnée.
Mais ce qui apparaît surtout à la lecture du papier du quotidien new yorkais, c’est que les services américains et israéliens ont des difficultés à savoir ce qu’il se passe vraiment dans la tête des dirigeants de la République islamique. Les premiers misent sur la technologie et les écoutes. Et ces méthodes ont leurs limites. Tandis que les seconds ont recours à l’espionnage humain, lequel n’offre pas toujours des gages de fiabilité, surtout quand ce sont des opposants au régime qui fournissent des informations. La CIA a pu le constater lors de l’affaire irakienne.
Quoi qu’il en soit, Washington pourrait lancer une opération militaire contre l’Iran dans le cas où la décision de fabriquer l’arme nucléaire serait prise à Téhéran. Pour le gouvernement israélien, le jour où cet ordre sera donné, il sera trop tard. Et encore, à condition que les services de renseignement arrivent à le connaître.
Aussi, le cas où Israël déciderait de réaliser des frappes contre les sites nucléaires iraniens a fait l’objet d’une simulation de guerre (ou War Game) par l’US Centcom, le commandement de l’armée américaine en charge de l’Asie centrale et du Moyen Orient.
Appelée Internal Look, cette simulation est menée régulièrement depuis les années 1980. Il s’agit de prendre en compte tous les paramètres d’une situation donnée et d’en imaginer les scénarios possibles. Elle a servi à planifier l’opération Iraqi Freedom, en 2003.
Menée récemment sous l’autorité du général Mattis (ndlr, le commandant de l’US Centcom), cette simulation a eu pour objet l’étude des conséquences d’éventuelles frappes israéliennes en Iran. Et, d’après le New York Times (encore une fois !), qui s’en est fait l’écho, le résultat ne serait guère brillant.
Ainsi, une opération israélienne embraserait toute la région (on s’en doutait un peu) et, en plus, forcerait les Etats-Unis à s’engager malgré eux dans un conflit avec l’Iran. Etant donné que la simulation suppose que Téhéran se considérerait être victime d’une attaque israélo-américaine, le scénario prévoit en effet des frappes iraniennes contre un bâtiment de l’US Navy dans le golfe Persique, ce qui, devant le nombre de victimes, obligerait Washington à riposter contre le programme nucléaire iranien. Et les dégâts qui lui seraient infligés ne le retarderaient, dans le meilleur des cas, de trois ans.
Cela étant, rien ne se passe jamais comme on l’imagine. Et d’ailleurs, des experts cités par le quotidien américain estiment peu probable que l’Iran s’attaque frontalement aux Etats-Unis, même si, comme on l’a vu, il est difficile de prévoir le comportement des dirigeants iraniens. Et puis, d’autres paramètres, que l’on ne connaît pas encore, peuvent entrer en jeu. Comme l’a écrit Georges Bernanos, « l’avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l’avenir, on le fait. »