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Union européenne : La "carte bleue" immigration soumise au vote en commission

Le projet de créer une "carte bleue" européenne, inspirée par la "green card" américaine et destinée aux immigrants hautement qualifiés sera soumis à un vote crucial en novembre 2008 à la commission parlementaire des libertés civiles. Avant le vote en question, nous avons rencontré Mme Ewa Klamt (Allemande, membre du PPE-DE), députée à l’origine du projet au Parlement.


L’immigration légale, la solution à la clandestinité ?


L’Europe devra faire face à une pénurie de compétences au cours des deux prochaines décennies, particulièrement dans les secteurs de l’ingénierie et des technologies informatiques. C’est dans ce contexte qu’en octobre 2007 la Commission a introduit le projet de "carte bleue" européenne. Le but ? Attirer en Europe des travailleurs hautement qualifiés et encourager leur immigration en créant des normes communes pour les procédures d’admission, aujourd’hui encore propres à chaque Etat membre.

Selon Mme Klamt, 50 % des immigrants qualifiés originaires du Maghreb partent pour le Canada ou les Etats-Unis, contre 5,5% seulement pour l’Europe. Cette carte permettrait donc de lutter contre l’immigration clandestine et de concurrencer les Etats-Unis qui attirent la majorité des personnes qualifiées des pays tiers.

La "carte bleue" européenne, présentera de considérables différences par rapport à la "green card" américaine. Tout d’abord, la "carte bleue" n’offrira pas de résidence permanente dans le pays et sera valable deux ans avec possibilité de la renouveler. Elle permettra un libre accès à tous les Etats membres de l’Union pour le détenteur ainsi que pour les membres de sa famille. Enfin, elle accordera le statut de résident permanent après cinq ans. Il s’agira en fait d’une sorte de permis de travail spécial permettant d’aboutir à une immigration légale bien gérée.


Comment éviter "l’exode des cerveaux" ?


Mme Klamt distingue deux groupes parmi ceux qu’elle appelle les travailleurs "hautement qualifiés" : d’une part, les personnes disposant d’un diplôme de l’enseignement supérieur et d’autre part, les personnes avec des qualifications professionnelles. Dans ce dernier cas, le travailleur devra prouver avoir travaillé au moins cinq ans, dont deux à un poste de haut niveau. En ce qui concerne la limite d’âge, le rapport n’en prévoit aucune.

Face à un tel projet, la question est de savoir si cela n’entraînera pas la fuite des personnes compétentes vers l’Europe, au détriment de l’Afrique et d’autres pays en voie de développement. Ewa Klamt répond que "nous devons éviter de recruter des personnes venant de secteurs vitaux dans les pays en voie de développement, comme ceux de la santé et de l’éducation (...)"Cependant, cela n’exclura pas totalement le recrutement de personnes issues de ces catégories."

Certains Etats membres pourraient rechigner à appliquer la "carte bleue" afin d’éviter que des pays souffrant du manque de personnel qualifié dans un secteur particulier, ne soient contraints de voir partir leurs meilleurs éléments.

Les migrants bénéficieront-ils d’une rémunération équivalente à celle du reste de la population ? Mme Klamt explique qu’ "une limite en ce qui concerne les salaires doit être fixée et celle-ci correspondra à l’équivalent de 1,7 fois le salaire annuel ou mensuel brut moyen en vertu de la législation propre à chaque pays".

Ce sont tous ces aspects relatifs à la "carte bleue" qui seront acceptés ou rejetés à l’issue du vote de novembre prochain. A noter que ce vote était initialement prévu le lundi 13 octobre et qu’il a été repoussé à la prochaine réunion de la commission parlementaire, prévue pour la semaine du 3 novembre 2008.

Mme Klamt pense qu’un consensus existe entre les différents groupes politiques, ce qui n’est peut-être pas le cas entre les Etats membres qui siègent au Conseil. Si ce rapport est adopté, il sera ensuite présenté en session plénière. Il s’agit d’une procédure de consultation.

D’autres rapports concernant l’immigration sont actuellement débattus au Parlement européens, notamment sur le sujet des employeurs d’immigrants clandestins.

Source : http://www.europarl.europa.eu