Les premières victimes sont les enfants. Le ministère fait le choix de minorer et de dissimuler ces violences, subies aussi par les personnels.
Les premières victimes des violences scolaires sont les enfants. Le ministère fait le choix de les minorer et de les dissimuler, comme celles que subissent les personnels, illustrées récemment par une succession d’actes graves. Les enseignants ne déclarent que les faits les plus graves d’atteintes physiques, les violences verbales ayant été banalisées par les directions même des établissements, comme mode ordinaire d’expression des élèves. Face aux violences faites aux élèves et aux personnels, le Ministère, fort silencieux sur les agressions de ses personnels, fait le choix des bourreaux.
L’an dernier, un film produit par Melissa Theuriau censé sensibiliser au harcèlement scolaire et promu par la Ministre Vallaud-Belkacem, avait suscité, légitimement, l’ire des enseignants et de leurs syndicats. Ce film illustrait l’indifférence et l’incompréhension de la professeure des écoles face aux persécutions que des enfants faisaient subir à leur camarade. Le salut, la solution, venait d’une camarade, qui le soutenait. Attendrissant ? Non, c’est la nouvelle idéologie qui s’est emparée du ministère et qui conditionne l’action des Conseillers Principaux d’Éducation. Les CPE se voient en assistantes sociales bis, récusant le terme d’autorité dans leur mission.
[...]
On fait le choix du bourreau : lui a droit à l’empathie institutionnelle en tant que Gavroche souvent reçu par les CPE et les chefs d’établissement. Les punitions reçues le stigmatisent. Et l’excuse devient psychologisante : la relation de harcèlement est structurellement duale, la victime a sa part de responsabilité, elle en tire même un bénéfice narcissique. L’autre explication est sociologique.
Quand il brise la mâchoire d’un adulte, quand il lance un cocktail molotov, quand il poignarde un camarade, l’enfant violent lance en fait un appel à l’aide. Il ne sait pas s’exprimer par des mots, avance un linguiste dans une tribune publiée sur Marianne.net, pourtant la gamme d’insultes est pleinement maîtrisée. C’est « la machine scolaire » qui est « ségrégative, inégalitaire et autoritaire » selon G. Chambat [1].
Il y a comme un goût romantique pour la violence urbaine de la part de bourgeois s’encanaillant à approcher la misère, que l’on retrouve dans les excuses données aux casseurs. Ces pauvres petits sauvages ne peuvent faire autrement, c’est la société qui les a rendu sauvages, l’école doit les accepter dans cette singularité et ne surtout pas les sanctionner et exiger d’eux un comportement urbain. Les exigences de respect des règles sont stigmatisantes et discriminantes. Et c’est un fait, les petits caïds des établissements sont nettement moins inquiétés que ce que leurs actes mériteraient.