Des émeutes déclenchées dans un quartier d’Alger mercredi à l’aube en raison de la démolition par les autorités de baraques illégales ont fait 22 blessés, dont 21 policiers, selon un bilan établi par la protection civile.
"Nous avons enregistré un seul blessé parmi les civils et 21 policiers" à la cité Climat de France, une agglomération populaire, mercredi à l’aube, a déclaré à l’AFP le haut responsable de la protection civile, un service rattaché au ministère de l’Intérieur.
Au moins un manifestant a été blessé, un garçon de 16 ans qui a "reçu une balle en caoutchouc dans l’oeil". Le jeune homme a été hospitalisé d’urgence et était en milieu de l’après-midi "sur la table d’opération à l’hôpital Maillot", a indiqué son frère joint par téléphone par l’AFP.
Il y aurait également deux enfants blessés, un bébé de sept mois "atteint par des gaz lacrymogènes et hospitalisé" et un garçon de neuf ans victime apparemment d’une crise d’asthme, a déclaré à l’AFP un témoin, mais cette information n’a pu être confirmée de source indépendante.
Les policiers ont fait "usage de balles à blanc, balles en caoutchouc, gaz lacrymogènes contre les manifestants", a indiqué Samir, artisan joaillier au chômage.
Les protestataires ont riposté à l’aide de barres de fer et de jets de pierres, selon des journalistes sur place.
Un autre témoin, Mohammed, 60 ans, a déclaré à l’AFP avoir vu "au moins 70 personnes blessées et évacuées par des particuliers dans les hôpitaux" des environs. Aucune autre témoin interrogé par l’AFP n’a confirmé ce bilan.
Les affrontements avaient commencé tôt dans la matinée avec l’arrivée d’engins de démolition de baraques illégales dans la Cité Climat de France, une agglomération populaire proche du ministère de la Défense. Ils se sont calmés en début d’après-midi laissant face à face des jeunes armés de pierres et environ un millier de policiers anti-émeutes.
Des traces de pneus brûlés jonchaient les rues ainsi qu’une carcasse de voiture incendiée, selon le correspondant de l’AFP.
Une centaine de baraques en tôle et parpaing ont été détruites par les engins dépêchés par le sous-préfet, dont cinq construites dans l’enceinte de l’école primaire Hadji Othmane. Seules cinq d’entre elles étaient déjà habitées tandis que les autres étaient en construction depuis le mois de janvier.
Mohammed a raconté qu’il habitait la cité depuis 1962 et ses "demandes répétées pour un logement depuis 1976, n’ont jamais été prises en compte". Il habite "un appartement exigu de trois pièces avec sa famille de 15 personnes".
Les émeutiers, en majorité jeunes, "n’ont pas de travail, pas de richesses alors que le pays est immensément riche", s’est plaint Samir.
Le président Abdelaziz Bouteflika s’est engagé lors de sa réélection en 2009 à construire un million d’habitations dans le cadre du plan quinquennal prévu jusqu’en 2014, mais le processus est lent malgré une manne estimée fin décembre à plus de 155 milliards de dollars.
L’Algérie connaît depuis le début de l’année une contestation sociale quotidienne. En janvier, des émeutes contre la vie chère qui touchent tous les secteurs de la société, ont fait 5 morts et quelque 800 blessés.