A moins d’une semaine de la présidentielle russe, le journal Moskovskie Novosti a publié un article du premier ministre et candidat au Kremlin Vladimir Poutine, intitulé "La Russie et le monde changeant" et consacré à la politique étrangère et à la situation internationale.
Dans ce texte, le premier ministre souligne que les objectifs de la politique étrangère russe revêtent un caractère stratégique et traduisent le caractère unique qu’occupe le pays sur l’arène internationale. Par ailleurs, il insiste sur le fait que la Russie continuera à mener une politique étrangère indépendante.
LES ÉTATS-UNIS ET L’OTAN SAPENT LA CONFIANCE
Vladimir Poutine a critiqué le recours injustifié à la force armée, une tendance qui, selon lui, exacerbe les partenaires occidentaux de la Russie tout en mettant en relief la nécessité du respect inconditionnel des normes fondamentales du droit international.
D’après lui, certains aspects de la politique de l’Otan et des États-Unis, dont le projet de déploiement d’un bouclier antimissile en Europe de l’Ouest et l’ingérence militaire en Libye, représentent une menace pour la sécurité internationale.
Selon M. Poutine, certains gestes des États-Unis et de l’Otan se basent sur les stéréotypes de "logique de blocs".
PRINTEMPS ARABE
En analysant la situation dans les pays du "printemps arabe", le premier ministre russe a fustigé l’ingérence de l’Occident dans les affaires intérieures de ces Etats et a mis en garde contre toute tentative de rééditer le scénario libyen en ajoutant que la Russie avait toujours prôné le règlement politique de tous les conflits internes.
Il a en outre mis en évidence la tendance au recours à la "puissance douce" dont se servent aujourd’hui certains Etats pour atteindre leurs objectifs - nourrir et inciter l’extrémisme, le séparatisme, le nationalisme et pour manipuler la conscience publique et s’ingérer dans la politique d’Etats souverains.
LA PROLIFÉRATION NUCLÉAIRE ENCOURAGÉE PAR L’OCCIDENT
M. Poutine a estimé que l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures de pays souverains encourageait certains régimes autoritaires à se doter de l’arme nucléaire.
"Les cas d’ingérence flagrante et parfois armée dans les affaires internes de certains pays peuvent inciter des régimes autoritaires à posséder une arme nucléaire", a fait savoir le premier ministre russe.
Il a en outre rappelé que toute attaque contre l’Iran pourrait avoir des conséquences catastrophiques, et a appelé l’Occident à lever des sanctions, y compris unilatérales, contre Téhéran et à résoudre le problème par des moyens politico-diplomatiques.
LA DROGUE AFGHANE
Le premier ministre a également évoqué dans son article la situation en Afghanistan.
Selon lui, la Russie est préoccupée par les problèmes qui secouent constamment ce pays, notamment le terrorisme et le trafic de drogue.
Préoccupé par ce voisinage dangereux, Moscou estime que la Force internationale d’assistance et de sécurité (ISAF) n’a pas entièrement rempli sa mission en Afghanistan et espère que le pays sortira de la crise en s’appuyant sur l’Onu et les organisations régionales, dont l’OTSC (Organisation du traité de sécurité collective), l’OCS (Organisation de coopération de Shanghai) et la CEI (Communauté des États indépendants).
RELATIONS RUSSIE-ÉTATS-UNIS
Vladimir Poutine s’est en outre exprimé sur les relations russo-américaines. Selon le premier ministre, malgré les progrès considérables atteints ces dernières années, comme la signature du traité de réduction des armes stratégiques (START), les relations entre Moscou et Washington restent assez instables. Parmi les raisons de cette instabilité, le chef du gouvernement cite le développement du bouclier antimissile américain en Europe, et la volonté de Washington d’employer "le génie politique" pour influencer les affaires intérieures de plusieurs pays, dont la Russie.
Cependant, selon le premier ministre, la Russie espère améliorer ses relations avec les Etats-Unis, mais à condition que Washington respecte les principes d’un partenariat équitable et mutuellement respectueux.
RELATIONS RUSSIE-EUROPE
D’après M. Poutine, la Russie et l’Union européenne doivent créer un espace économique et humanitaire commun de l’Atlantique au Pacifique, une communauté que les experts russes ont nommé Union de l’Europe.
"Je propose (…) de créer une communauté économique harmonieuse de Lisbonne à Vladivostok, ce qui permettra dans le futur de former une zone de libre échange et même des mécanismes plus avancés d’intégration. Ainsi, nous pourrons obtenir un marché continental commun d’une valeur total de milliers de milliards d’euros", a-t-il indiqué.
Le premier ministre a toutefois rappelé qu’à présent, les relations entre l’UE et la Russie étaient empoisonnées par le régime des visas.