Entre l’Arabie saoudite et « Israël » ce n’est plus une convergence d’intérêts ponctuels mais une alliance en bonne et due forme. C’est le directeur général du ministère « israélien » des Affaires étrangères, Dory Gold, qui l’a affirmé. Cette déclaration s’accompagne d’informations sur une coordination étroite entre le royaume wahhabite et l’entité sioniste sur le dossier syrien.
Prenant la parole lors d’une conférence organisée par le Comité exécutif des juifs d’Amérique, jeudi aux États-Unis, Dory Gold a qualifié l’Arabie saoudite d’« allié », selon le quotidien Maariv. Faisant allusion à l’Iran, le diplomate « israélien », qui est un proche du Premier ministre Benyamin Netanyahu, a déclaré :
« Nous avons un régime qui tente d’occuper le Moyen-Orient. Nous ne sommes pas les seuls à le dire, notre voisin, l’Arabie saoudite, qui est également notre allié, l’affirme. »
Avant de devenir un grand fan de la dynastie des Saoud, Dory Gold, ancien ambassadeur d’« Israël » aux Nations unies, avait signé un ouvrage, en 2003, intitulé Comment l’Arabie saoudite soutient le nouveau terrorisme mondial. Mais ses opinions passées ne semblent pas trop l’embarrasser, puisqu’il y a quelques temps, la presse a publié des photos de lui aux côtés du général saoudien à la retraite et conseiller auprès du gouvernement du royaume, Anwar Achki, dans le cadre d’une conférence sur les répercussions de l’accord nucléaire avec l’Iran.
Cette déclaration d’amour de Dory Gold envers l’Arabie saoudite coïncide avec l’annonce de la vente au royaume d’armes américaines, qui étaient auparavant interdites en raison du véto « israélien ». La transaction, estimée à 5,4 milliards de dollars, comprend 600 missiles Patriot Pac-3, des systèmes de missiles guidés modernes, des ordinateurs de précision de tir, des munitions d’artillerie spécifiques et d’autres équipements. Maintenant qu’« Israël » est confiant que ces armes ne seront pas utilisées pour libérer Al-Qods mais pour tuer les enfants du Yémen, d’Irak et de Syrie, il n’a plus d’inconvénients à ce qu’elles soient livrées au royaume wahhabite.
Coordination sur la Syrie
Ces déclarations publiques ne sont pas la seule preuve du rapprochement sans précédent entre « Tel-Aviv » et Riyad. D’autres indices, encore plus graves, font état d’une étroite coordination entre les deux parties sur le dossier syrien. Selon des informations citées par des diplomates et reprises par plusieurs médias, des officiers du renseignement saoudien ont accompagné le ministre des Affaires étrangères du royaume, Adel al-Jubair, lors de sa visite à Amman, le 18 juillet, pour y rencontrer le directeur du « Mossad », Tamir Pardo. Les entretiens entre les deux parties ont porté sur les moyens de riposter, en Syrie, à l’accord sur le nucléaire, conclu entre l’Iran et les grandes puissances. Selon les mêmes sources, il a été convenu, lors de ces rencontres, d’une participation directe de l’armée jordanienne aux offensives des terroristes dans le Sud syrien, afin de tenter de provoquer un « changement stratégique » sur le terrain, avec pour objectif final de forcer les lignes de défense de l’Armée arabe syrienne, autour de Damas. Quelques jours plus tard, le chef d’état-major jordanien, le général Machaal el-Zein, s’est rendu en Arabie saoudite pour mettre au point les détails de ce plan. S’en est suivie une vaste offensive des groupes terroristes contre la ville de Deraa, impliquant plus de 2000 combattants. Mais l’armée syrienne et ses alliées ont repoussé cette attaque, la cinquième du genre en l’espace de quelques semaines seulement, infligeant aux assaillants de lourdes pertes et capturant un groupe d’entre eux, dirigé par le dénommé Khaled Nassar.
Le tweet d’Al-Walid
Le plan saoudo-israélo-jordanien prévoit aussi une implication directe de l’entité sioniste dans les combats dans la province de Quneitra, aux côtés des extrémistes. C’est dans ce contexte qu’il faut placer le raid mené par un drone « israélien », lundi, contre un véhicule transportant des membres de la Défense nationale dans la localité druze de Hadar, qui a résisté à tous les assauts des terroristes. L’attaque avait fait trois morts.
Citant l’un des adjoints de l’ambassadeur de Russie à Damas, Alexander Kinchak, l’agence de presse russe Novostni a rapporté que l’Iran aurait adressé, via le sultanat d’Oman, un message très ferme « à qui de droit », affirmant que le Sud syrien « est une ligne rouge non seulement pour les autorités de Damas mais aussi pour la République islamique ». Téhéran, Moscou et Damas déploieront tous les efforts nécessaires pour empêcher l’axe Riyad-« Tel-Aviv » d’enregistrer des gains sur le terrain, susceptibles d’améliorer sa position en prévision d’éventuelles négociations. À la lumière de toutes ces informations, on comprend très bien la fonction du tweet du prince saoudien Al-Walid ben Talal, qui avait affirmé qu’il avait demandé un visa aux autorités « israéliennes » afin d’aller prier dans la mosquée d’Al-Aqsa. Le but étant de banaliser l’idée d’une normalisation des relations entre le royaume wahhabite et l’entité sioniste.
Les intentions d’Al-Walid avaient été démenties par son frère, le prince Khaled ben Talal, mais jamais par le principal intéressé.