L’incohérence et la confusion qui caractérisent la politique occidentale, notamment américaine, au Moyen-Orient, se manifestent clairement dans la crise syrienne.
Washington et ses alliés commencent à reconnaître le grand danger que représente Al-Qaïda dans la région, mais dans le même temps, leur attitude en Syrie encourage et favorise l’expansion de cette organisation, non seulement dans ce pays mais aussi en Irak et au Liban. D’ailleurs, la branche d’Al-Qaïda en Syrie est la même que celle qui sévit en Irak. Il s’agit de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL), dirigé par le dénommé Abou Omar al-Baghdadi.
En Irak, Washington a apporté un soutien sans ambages à la lutte du gouvernement irakien contre Al-Qaïda, responsable de centaines d’attentats suicides qui ont fait plus de 8 500 morts depuis le début de l’année. On ne peut pas en dire autant de l’autre côté de la frontière, où les hésitations et les manœuvres américaines permettent aux groupes les plus extrémistes de sanctuariser de vastes portions du territoire syrien.
En Irak, l’armée a lancé une vaste offensive contre les bases d’Al-Qaïda dans la province d’al-Anbar. L’aviation a mené, pour la première fois, des raids contre des repaires terroristes à la frontière irako-syrienne. Des hélicoptères russes Mi-35 récemment livrés à l’Irak prennent part à cette opération antiterroriste, a écrit le Premier ministre Nouri al-Maliki, sur sa page Facebook. « Nous souhaitons aux pilotes de nos Mi-35 une bonne chasse aux terroristes », a souligné le chef du gouvernement irakien. Cette vaste offensive a reçu l’appui de Washington, qui a rappelé dans un communiqué du département d’État que « l’EIIL, affilié à Al-Qaïda, est un ennemi commun à l’Irak et aux États-Unis ». Le communiqué appelle les dirigeants des pays de la région à ne plus soutenir cette organisation et à mettre un terme à l’infiltration d’extrémistes en Syrie.
Dans le même temps, le président syrien, Bachar el-Assad, a réaffirmé lundi que la Syrie est confrontée à une offensive d’extrémistes musulmans de grande envergure. « Le pays fait face à une pensée takfiriste. Il s’agit d’un terrorisme sans limite, d’un fléau international qui pourrait frapper n’importe où et n’importe quand », a déclaré M. Assad, cité par l’agence officielle Sana.
Le président syrien s’exprimait devant les membres d’une délégation australienne venue exprimer « sa solidarité » avec la Syrie, selon l’agence.
M. Assad a critiqué « certains dirigeants occidentaux » qui « se comportent avec duplicité et agissent en fonction de leurs intérêts égoïstes, sans rien comprendre à la réalité ni à la nature » du conflit syrien.
Malgré les nombreuses similitudes entre les cas syrien et irakien, et en dépit du fait que les gouvernements des deux pays combattent un même ennemi, les Occidentaux continuent à adopter des politiques favorisant le renforcement des extrémistes en Syrie. Après la disparition de l’échiquier politique et du terrain militaire de l’Armée syrienne libre (ASL), Washington cherche à amorcer un dialogue avec le Front islamique. Pourtant, les experts assurent que cette coalition comporte dans ses rangs des mouvements jihadistes-salafistes extrémistes, dont l’idéologie n’a rien à envier à celle d’Al-Qaïda. Il s’agit, entre autres, de « Liwaa al-Islam », dirigé par Zahrane Allouche, et de la brigade « Ahrar al-Cham ». Ces deux groupes se sont rendus coupables des pires atrocités et de massacres à caractère sectaire, sans oublier les exécutions de civils et l’enlèvement de journalistes occidentaux, qui ont ensuite été revendus à l’EIIL et au Front al-Nosra.