l’issue des batailles dans les chaudrons du Donbass
Il n’y a qu’un seul "chaudron", il est à Marioupol. Et apparemment, il n’est pas près de tomber puisque la décision a été prise par Poutine, au niveau politique donc, de stopper l’assaut contre les 2000 soldats ukrainiens encore retranchés dans l’usine Azovstal... Il n’y aura donc pas de victoire militaire comme à l’aéroport de Donetsk en 2015 mais un long siège qui se terminerait par une lente asphyxie des Ukrainiens — on est très loin des « dans un ou deux jours » prédits par Moreau pour la défaite ukrainienne. La raison donnée par Poutine est que l’assaut est trop coûteux en vies humaines. Poutine a donné cet ordre d’abandonner l’assaut à Choïgou lui-même, devant les caméras, lors d’une rencontre où ne flottait pas, mais vraiment pas du tout, la moindre atmosphère de victoire, vous pouvez facilement trouver la séquence sur internet.
Ensuite, pour tenir ce siège, des troupes russes resteront fixées à Marioupol, à attendre par milliers, au lieu de participer aux combats plus au nord où leur présence est très nécessaire.
L’impossibilité d’obtenir une victoire militaire décisive à Marioupol et le fait que la ligne de front n’ait pas bougé depuis 2015 à Donetsk (Pisky, contiguë à l’aéroport, est toujours du côté ukrainien) sont très inquiétants pour le déroulement et même l’issue de cette guerre.
Inquiétant aussi est le fait que Poutine demande sur un ton morne à Choïgou de « transmettre » ses remerciements aux forces russes... c’est-à-dire qu’il ne se déplace pas lui-même pour remercier personnellement les engagés russes et volontaires tchétchènes. On peut espérer qu’il sera présent lors de la cérémonie de remise de décorations qu’il a demandé à Choïgou d’organiser. Une absence de Poutine ce jour-là marquera peut-être un tournant dans l’histoire du poutinisme.
En bonus, un proverbe lituanien : « Si Madame Soleil ne voit pas les nuages, c’est qu’elle est trop haut perchée » (en langue lituanienne, le soleil est au féminin est la lune est masculin)