L’enigme Jeanne d’Arc Partie 10 : Jeanne aux fauves
7 mai 2012 10:18, par vapincum
Si Henri Guillemin est un historien érudit et passionnant, il faut reconnaître qu’il procède parfois à des raccourcis déroutants. Ainsi lorsqu’il fait le parallèle entre la condamnation de Jeanne et celles de John Wyclif, de Jean Huss et de Fénelon, prétendant qu’elles ont toutes des motifs politiques ou sociaux et non religieux. Si la vie de Jean Huss peut rappeler effectivement celle de Jeanne, (l’un comme l’autre se défendent admirablement et mettent en échec leurs accusateurs, l’un et l’autre auront défendu un idéal autant spirituel que national, l’un et l’autre périront sur un bûcher après avoir été condamnés par l’Eglise), il n’en est pas de même pour Wyclif ou Fénelon. Car le premier rejeta l’orthodoxie catholique en faisant le distinguo entre Eglise "visible" et Eglise "invisible" et niant la doctrine de la transsubstantiation (le pain et le vin qui se changent en corps et sang du Christ). Quant au second, il faut admettre que le quiétisme ne fut pas inventé par Bossuet pour détruire son adversaire, mais que cette doctrine constituait une hérésie avec laquelle Fénelon fleurta, sans y adhérer totalement. Ce qui n’enlève rien à la justesse des critiques politiques et sociales que l’archevêque de Cambrai émit à l’encontre du Roi Soleil. Quand Bossuet, lui, se contenta de critiquer, publiquement, la vie immorale du Roi, ce qui était très courageux de sa part, mais se montra totalement indifférent aux questions politiques et sociales.