Fusillade au journal Libération, un blessé grave
18 novembre 2013 19:49, par EricLe journaliste médiatique est un homme de cour.
L’homme de Cour est sans contredit la production la plus curieuse que montre l’espèce humaine. C’est un animal amphibie dans lequel tous les contrastes se trouvent communément rassemblés. Un philosophe danois compare le courtisan à la statue composée de matières très différentes que Nabuchodonosor vit en songe.
« La tête du courtisan est, dit-il, de verre, ses cheveux sont d’or, ses mains sont de poix-résine, son corps est de plâtre, son coeur est moitié de fer et moitié de boue, ses pieds sont de paille, et son sang est composé d’eau et de vif-argent. »
Il faut avouer qu’un animal si étrange est difficile à définir ; loin d’être connu des autres, il peut à peine se connaître lui-même ; cependant il paraît que, tout bien considéré, on peut le ranger dans la classe des hommes, avec cette différence néanmoins que les hommes ordinaires n’ont qu’une âme, au lieu que l’homme de Cour paraît sensiblement en avoir plusieurs. En effet, un courtisan est tantôt insolent et tantôt bas ; tantôt l’avarice la plus sordide et de l’avidité la plus insatiable, tantôt de la plus extrême prodigalité, tantôt de l’audace la plus décidée, tantôt de la plus honteuse lâcheté, tantôt de l’arrogance la plus impertinente, et tantôt de la politesse la plus étudiée ; en un mot c’est un Protée, un Janus, ou plutôt un Dieu de l’Inde qu’on représente avec sept faces différentes. Quoi qu’il en soit, c’est pour ces animaux si rares que les Nations paraissent faites ; la Providence les destine à leurs menus plaisirs ; le Souverain lui-même n’est que leur homme d’affaires ; quand il fait son devoir, il n’a d’autre emploi que de songer à contenter leurs besoins, à satisfaire leurs fantai-sies ; trop heureux de travailler pour ces hommes nécessaires dont l’État ne peut se passer. Ce n’est que pour leur intérêt qu’un Monarque doit lever des impôts, faire la paix ou la guerre, imaginer mille inventions ingénieuses pour tourmen-ter et soutirer ses peuples. En échange de ces soins les courtisans reconnaissants payent le Monarque en complaisances, en assiduités, en flatteries, en bassesses, et le talent de troquer contre des grâces ces importantes marchandises est celui qui sans doute est le plus utile à la Cour.
La chasse, est-elle ouverte ?