FRANÇOIS ROUSTANG.
Comment faire rire un paranoïaque ? Odile Jacob, « Opus », 272 pp.,
MARC RAGON 13 JUIN 1996
MODE ZEN
L’auteur, qui s’est attiré quelques foudres dogmatiques de ses
confrères psychanalystes en publiant Qu’est-ce que l’hypnose ?, s’interroge cette fois sur les effets thérapeutiques d’un processus singulier, faisant parfois irruption dans la relation thérapeutique : l’éclat de rire, et tout particulièrement le rire de soi. Prenant le cas extrême du paranoïaque, il montre que le rire de soi ne peut pas faire l’objet d’une « méthode » psychanalytique, bien qu’il balise un moment de la cure où se manifeste une amélioration sensible de l’état de l’analysant. Restauré dans l’unité d’un essai authentique, ce recueil inédit de textes apporte une contribution supplémentaire à l’explicitation d’un principe général défendu par l’ancien lacanien : contre l’idée que l’aboutissement de la cure serait « que la vie ne nous déconcerte jamais », François Roustang demande : « Laissez-nous un espace pour rire et danser (...) nous tromper, pas une fois, mais dix, mais cent, refaire les mêmes erreurs, sans profit, sans regret, parce que les illusions nous amusent. Tout ce que nous connaissons n’est qu’un crachat sur la mer. »
RAGON Marc