Extrait 2 de « Guerres secrètes à l’Élysée », Paul Barril, Éditions Albin Michel, 1996, pp. 38-40.
« Régis Debray, dans une note confidentielle qu’il adressa au président de la République, en date du 20 avril 1984, confirma mes interrogations sur cet étrange attentat de la rue des Rosiers, ainsi que la dangerosité des Irlandais de Vincennes. Il faisait apparaître le rôle particulièrement trouble de Bernard Jégat. En effet, écrivait-il à François Mitterrand :
"J’ai rencontré M. Bernard Jégat hier. Il me paraît bien être le seul témoin capital et se déclare prêt à faire crever l’abcès, dût-il aller lui-même en prison. Cette clarification aurait l’avantage de mettre clairement le commandant Prouteau hors de cause et d’authentifier l’extrême importance de l’affaire des Irlandais, lamentablement saccagée par le capitaine Barril.
(…) Il a la conviction intime, ainsi qu’un faisceau de présomptions, que ses amis irlandais ont servi de base logistique (voitures, passeports, contacts, armes) dans l’attentat de la rue des Rosiers, mais il n’en a pas la preuve matérielle, là est la difficulté. Bernard Jégat se sent aujourd’hui menacé de mort par ses anciens amis. Il demande les moyens de déménager rapidement, un permis de port d’arme et une orientation sur la conduite à tenir (doit-il aller ou non chez le juge d’instruction ?). Il me remettra, dans une quinzaine de jours, un rapport écrit détaillé sur tout ce qu’il a vu, vécu et entendu entre 1979 et 182 dans son réseau terroriste, qu’il croyait au départ, mais à tort, purement de soutien à la cause irlandaise. (…)". »