Voici ce qu’écrivait Jean-Claude Izzo dans un roman policier bien renseigné "Chourmo" (série noir Gallimard) en 1996, c’est à dire il y a déjà 19 ans :
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Après m’être resservi un second verre de Lagavulin, je m’étais plongé dans les journaux et les coupures de presse que j’avais rapportés. Il en ressortait que, pour l’Islam aujourd’hui, dans son rapport à l’Europe, plusieurs voies se présentaient. La première, le Dar el-Suhl, littéralement « terre de contrat », où l’on doit se conformer aux lois du pays. La seconde, le Dar el-Islam, terre où l’islam doit inévitablement devenir majoritaire. C’est ce qu’analysait Habib Mokni, un cadre du mouvement islamiste tunisien réfugié en France. C’était en 1988.
Depuis, le Dar el-Suhl avait été rejeté par les barbus. Et l’Europe, et plus particulièrement la France, étaient devenues un enjeu et une base arrière d’où l’on fomente des actions destinées à déstabiliser le pays d’origine. L’attentat de l’hôtel Atlas Asni, à Marrakech, au Maroc, en août 1994, avait sa source dans une cité de la Courneuve. Cette conjonction d’objectifs nous précipitait, nous les Européens, et eux, les intégristes, dans une troisième voie, celle du Dar el-Harb, « terre de guerre », selon les termes coraniques.
Depuis la vague d’attentats de l’été 95 à Paris, il était inutile de se cacher la
tête dans le sable. Une guerre avait commencé sur notre sol. Une sale guerre. Et dont
les « héros », comme Khaled Kelkal, avaient grandi en banlieue, parisienne ou
lyonnaise. Les quartiers nords de Marseille pouvaient-ils être, aussi, un vivier de « soldats de Dieu » ?
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