Il y a aussi une part de théâtre dans cette tragédie grecque aux multiples rebondissements. A commencer par cette gigantesque machinerie de recyclage des liquidités banques centrales que la BCE injecte dans les banques grecques et qui semblent se volatiliser aussitôt à travers les multiples canaux de transmission vers l’économie réelle. Les ATM ne sont pas les seuls points d’accès à la manne de la BCE. L’eurosystem, Target2, est aussi un point de transfert privilégié des liquidités banques centrales recyclés en prêts à des entreprises grecque puis transférées à l’étranger par la collatéralisation des dits prêts échanngés contre du cash par la banque centrale grecque. Ainsi les entreprises acoquinées aux banques peuvent sortir de Grèce une quantité appréciables d’euros que l’on qualifiera publiquement de "fuite des dépôts" qui s’en iront vivre une autre vie dans les autres Etats membres via Target qui fera voyager le cash échangé contre des titres entre les succursales bancaires. La destination de prédilection pour ces liquidités est la place de Londres qui voit arriver une bonne partie des liquidités d’urgence dans ses salles de trading. La City permet en effet d’échapper à la supervision des banques européennes et de mettre à profit les liquidités de la BCE par des opérations de trésorerie faisant appel aux ressources des produits dérivés. On conçoit facilement que la BCE finisse par s’émouvoir de ce trafic qui dure depuis 2010, malgré un haircut sur la dette grecque de plus de 50% et un réaménagement des remboursements qui demeurent insupportables pour l’économie grecque. Les Etats-unis sur les conseils du FMI recommandent un moratoire sur la dette restante, à l’image de ce qui s’est passé pour l’Allemagne avec le plan Marshall. On s’achemine vers une suppression pure et simple de la dette grecque qui devra être accompagnée nécessairement d’une épuration des réseaux de financement occultes de l’économie grecque, à côté desquels l’affaire Clearstream fait figure de jeu d’enfants. Les réseaux mafieux ont trop profité des passerelles de financement permettant de récupérer la monnaie bancaire par des prêts bidon reconnus comme collatéral éligible par la BCE et la banque centrale grecque. Les banques vous expliqueront que les entreprises transfèrent leur trésorerie en Allemagne sous prétexte de la fragilité des banques grecques. Plus prosaïquement des entreprises financières de circonstance vont voyager le cash entre les établissements bancaires.