La manière dont on aborde communément cette question est révélatrice de combien notre société humaine ne tourne pas rond, comme on dit.
On vit dans un système d’une schizophrénie totale, incapable d’appréhender l’unité du tout, donc de se penser, divisé qu’il est entre des problématiques de développement contradictoires. Pour renverser un peu la vapeur, on nous propose une philosophie de la nature puriste qui est une sorte d’"hérésie cathare"-bis. Hormis son utilité pour le citadin qui veut "décompresser", la réalité cache, comme souvent, une fausse bonne idée.
Quand bien même l’homme aurait eu des comportements excessifs dans le passé - pas tant vis-à-vis de la nature que de lui-même, à la fin - cela ne justifie pas cette déraison absolue qui consiste à se substituer à la nature pour déterminer ce qui est bon pour elle. C’est comme pour le fameux réchauffement climatique, on veut nous faire croire que l’homme entreprend désormais (progrès sublime) de restaurer ce qu’il aurait détruit.
La nature n’a pas besoin de l’homme. C’est lui qui dépend d’elle. C’est une folie totalement obscurantiste de prétendre aujourd’hui la rétablir dans ses droits, ce qui revient encore à se penser au-dessus d’elle. Comme elle se pare de bonnes intentions, cette pensée séduit au point de devenir chez certains un fétichisme délirant. Or le véritable humanisme est de penser au bien de l’homme, dans un ensemble qui le dépasse et dont il vit. Si l’homme pense cet ensemble, il doit aussi se penser à l’intérieur de celui-ci, pas faire comme s’il était en dehors, en-dessous ou au-dessus.
La question des parcs naturels illustre ce paradoxe. On a décidé de sanctuariser artificiellement des espaces à préserver de l’homme, ce qui est déjà contradictoire en soi dès lors qu’il y intervient. Ensuite, penser un espace c’est aussi penser ses limites et à l’interface, les rapports de l’homme avec les autres espèces. Il y a donc toujours un moment/endroit où l’homme est tenu de considérer sa place dans cet équilibre. Et sa place, précisément, ce n’est pas celle des loups ni des ours ni de les introniser régulateurs suprêmes d’un espace qu’il partage avec eux, pour sa subsistance.
Chaque espèce pense à elle-même. C’est une loi de la nature que l’homme doit s’appliquer, s’il veut vraiment respecter celle-ci. Sans quoi, il fait non seulement du mal à lui-même mais aussi aux espèces qu’il croit aider en pensant à leur place.
Les gens de la terre savent tout cela mieux que quiconque.