"Nouvelle radicalité" – Sortie du numéro 71 de la revue Rébellion
5 octobre 2015 10:59, par GloupsAttention de ne pas trop fantasmer le peuple. Je n’adhère pas du tout à la vision idéalisée du peuple d’un George Orwel (la décence commune) et par conséquent d’un Onfray ou Michéa.
Le peuple lui aussi peut faire preuve de lâcheté, de duplicité et de couardise. L’exemple Grec et la réélection du traître Tsipras (très peu commenté par nos adorateurs et défenseurs du peuple) en est le parfait exemple. On pourra dire ce qu’on voudra, mais en l’occurrence, la réélection de Tsipras ne souffre d’aucun manquement démocratique. Au contraire, en votant pour Tsipras, l’homme qui a bafoué sa parole, demandé le soutient du peuple pour rejeter les directives européennes pour finalement en accepter de biens pires, le peuple Grec a montré qu’il était indécis, changeant, prêt aux compromissions... bref pas vraiment au dessus de la mêlée des politicards. Le peuple a validé la trahison de Tsipras en affirmant que celui-ci avait eu raison de le trahir.
Oui le peuple peut agir à l’encontre de ses intérêts et dans la société actuelle, les exemples abondent puisque la destruction et l’avilissement des peuples se fait largement avec leur consentement, du moins tacite.
D’ailleurs ceux qui attendent le "Grand Soir" (le soulèvement du peuple) l’attendent depuis très longtemps... et continueront d’attendre. Le peuple n’est pas un acteur de l’histoire (un seul exemple dans l’histoire de l’humanité ?). Il est un spectateur de l’Histoire. Sa seule action sur l’Histoire a été d’apporter un désordre temporaire, jamais d’insuffler un nouvel ordre.
Il faut donc cesser de croire au mirage démocratique ; et le mirage le plus communément intégré par nous tous est la croyance en la capacité du peuple à décider pour lui même et en la "bonté" du peuple. C’est la puissance de ce mirage qui permet à l’élite actuelle d’assurer son pouvoir.
Je crois bien plus en une élite combattant pour un idéal, une attitude, une civilisation, une histoire, une fidélité que dans le "peuple". C’est cette élite qui doit s’organiser, se concerter, développer un modèle de vie, des principes et se battre non pour le peuple, mais pour ce qu’elle estime être le beau et le vrai.