J’aime bien ces "anti-bobos" professionnels d’internet, bien calfeutrés chez eux, qui critiquent sans cesse la société de consommation, les libéraux-libertaires, la "décadence occidentale", mais qui se languissent à la moindre évocation des trente glorieuses, qui défendent obstinément la "bagnole" au nom de la liberté...
A titre perso j’ai du mal à voir la "répression" routière et je constate au contraire "l’incivisme", l’individualisme et l’intempérance fébrile des Français sur la route. Et je pense au contraire que cette revendication individualiste et libertaire sur la route est une conséquence subtile et perverse de l’étatisme et du poids exagéré de l’Etat dans la vie quotidienne. Les Français, bridés, contrôlés, administrés, s’approprient leur voiture comme un espace de liberté et d’insoumission. On ne retrouve pas ce genre de revendication - un peu immature - en Allemagne, au Canada, au Japon, en Suisse, même pas aux USA. Les automobilistes n’utilisent pas puérilement leur bagnole pour résister à l’Etat. Ils n’ont pas besoin d’être surveillés puisqu’ils s’auto-disciplinent.
En France, où l’on a détruit la légitimité de toute forme d’autorité, on a semé les germes de l’autoritarisme dont cette (pseudo)surveillance routière n’est qu’un avatar. Les uns veulent une police de la route, d’autres une police du vêtement, d’autres, une police des moeurs. Le problème est au fond toujours le même : l’incapacité ou le refus des individus de modérer leur comportement de manière souveraine. Pas besoin d’aller dire à un Japonais de ne pas tout saloper sur son passage, de rappeler constamment à un Suisse de respecter le lieu où il vit, etc...
Ce sont les deux facettes d’une même pièce, il y a une réciprocité entre le côté libertaire-individualiste et le côté répressif-totalitaire.