Effectivement, la situation n’était pas si rose que cela. La France s’était certes rétablie et affichait une croissance spectaculaire, mais le niveau de vie était en net retard par rapport aux autres puissances industrielles comme l’Allemagne ou le Japon. Le consensus social issu de l’après-guerre et la collaboration de classes induite par le CNR avait pris une tournure étouffante, malheureusement sous-estimée par De Gaulle qui, en homme du XIXème siècle, ne s’intéressait pas vraiment au quotidien des Français.
Quand mon père a commencé à travailler, il faisait 60h par semaine pour des clopinettes, 40 bornes aller-retour en mobylette, se faire engueuler sans arrêt par le patron et évidemment, pas question de broncher sans quoi c’était direct la porte.
Pas de salle de bain dans la maison familiale, douche communale deux fois par semaine, et obligation de filer sa paie à mes grand-parents car à l’époque il n’y avait pas d’allocs pour les familles nombreuses. La viande, deux fois par semaine... Pour dire à quel point ça ne rigolait pas, le service militaire a été un soulagement pour lui.
En 68 il est monté à Paris lancer quelques pavés. Pour lui, 68 ça reste une augmentation de salaire immédiate de 20% et un gros défouloir.