Dans un pays où le vrai travail (comprendre, les métiers réellement utiles à la société et donc à l’ensemble des humains qui la composent) a été en grande partie remplacé par des jobs pour individus jetables, interchangeables et corvéables à merci, qui ne servent en dernier lieu que l’idéologie marchande, ce n’est pas que sur son cv que le futur larbin se retrouve contraint de mentir mais bien du début jusqu’à la fin de son contrat :
il ment lors de l’entretien d’embauche, quand la situation l’oblige à paraître parfait et à manifester un enthousiasme débordant pour la future tâche qui lui sera confiée, ou, lorsqu’il se dit intéressé et véritablement concerné par les objectifs de son employeur
puis il ment tous les jours, à chaque fois qu’il se force à sourire à son employeur, à ses collègues ou à ses clients, à chaque fois qu’il fait semblant d’être content de son sort, à chaque fois qu’il s’efforce d’oublier sa condition d’esclave pour pouvoir continuer à se lever le matin et à se rendre à ce fichu travail pour gagner sa vie
au final, il passe son temps à mentir, aux autres et à lui-même, et seule la démission est en mesure de le délivrer, jusqu’à ce que ses conditions de vie précaires l’obligent à devoir aller rejouer au larbin ailleurs
Triste condition de l’homme moderne, que d’être obligé de s’avilir pour gagner sa vie.