Je peux témoigner de mon passage en fac d’histoire :
2002, fin de DEA (50%-50% répartition), début du doctorat, 4 doctorants chez ma directrice de thèse, dont c’est la 1ere promotion. Elle choisit ses candidats sur entretien/dossier/travaux antérieurs : 4 mâles. L’année d’après, ma directrice de thèse (de droite modérée, et pas féministe du tout) féminise étrangement son groupe de doctorants. Elle m’explique que l’on l’y a "invitée", et en quelques années, elle fait monter la proportion de filles, qui deviennent majoritaires (6 garçons, 8-10 filles, puis 15).
En 6 ans, tous les garçons ont fini leur thèse, pas une seule fille ne l’a menée à bien. Pas mal de filles craquent et abandonnent, certaines "disparaissent" littéralement dans la nature, ne donnent plus signe de vie. Elles passent dans la vie active, et finissent dans l’enseignement secondaire.
En 10 ans, d’après ce que m’a raconté ma directrice, 3/4 de "ses" thèses soutenues l’ont été par des garçons, alors qu’ils ne représentent qu’1/3 de son écurie. Elle stressait parce qu’on lui demandait des comptes : quand sa première fille allait soutenir, enfin ?!
Sur un exercice aussi ingrat que l’écriture d’une thèse d’histoire (1000-1500 pages sur 4+++ années), il faut un mental particulier, une aptitude à la violence sur soi-même, à encaisser le stress et la fatigue psychique, à s’infliger une sorte de flétrissement bien peu naturel : probablement que l’exercice de la thèse est un travail sexiste, et une abomination pour l’être féminin.
Ce sera probablement réformé un jour.
Pendant ma thèse et puis mon post-doctorat, j’ai aussi pu constater la féminisation progressive du corps enseignant et administratif (les nouvelles recrues sont quasiment toujours femelles). Et bien sûr, les sujets d’étude susceptibles de recevoir des allocations de recherche sont également devenues de plus en plus genderisés.