Katya Kopylova, diplomate russe : "L’Occident soutient des actes de terrorisme d’État !"
21 février 2023 16:36, par nicolasjaissonToute cela est bel et bon d’un point de vue théorique, mais ne tient pas la route lorsqu’il s’agit de comparer la théorie à la pratique, dans la perspective d’une justification de l’ordre mondial multipolaire, qui est la toile de fond de ce discours, certes brillant mais aussi biaisé par des a priori très discutables. La Russie et la Chine sont en effet considérés comme des pays normaux, qui ont les mêmes droits d’exister dans les organisations internationales, que les pays occidentaux qui en font partie. C’est oublier un peu vite ce qui s’est passé dans ces deux grands pays au cours du XXe siècle et le rôle qu’ils ont joué, précisément dans la perspective de la création d’un nouvel ordre mondial unifié après 1945. L’URSS comme la Chine se sont faits mettre le pied à l’étrier par les Etats-Unis qui font la pluie et le beau temps sur la scène diplomatique internationale, non depuis 1945, mais depuis 1918. D’ailleurs Wilson s’était distingué par son attitude très réservée vis à vis des tentatives de contrer la révolution bolchevique en Russie, avant que Roosevelt n’adopte une attitude franchement complice vis à vis du régime stalinien, dont il partageait les vues en matière de collectivisme managérial géré par des agences publiques en lien avec la concentration capitalistique de l’économie privée placée sous la tutelle de l’Etat. La même stratégie sera appliquée par les Etats-Unis envers la Chine de Mao pour la faire passer au stade de l’économie de marché contrôlée par l’Etat avec l’aide intéressée du grand capital américain. Certes la Russie comme la Chine n’ont cessé de revendiquer leur droit à la différence. Il n’en reste pas moins qu’ils sont des clones de l’Occident, dont la spécificité culturelle a été réduite à néant par des décennies d’épuration révolutionnaire usant de moyens ultra violents. En Histoire, il est difficile de revenir en arrière, parce que à part Jésus, encore personne n’est arrivé à ressusciter les morts. Néanmoins, il est rude de se sentir dépendants, quand les ancêtres continuent à vous rappeler la gloire d’un passé révolu. Tel est le dilemme de pays comme la Russie ou la Chine, qui sont confrontés aux conséquences du passé tout en s’imaginant que le futur leur appartient encore. Malheureusement dans un contexte technocratique et cybernétique, le présent appartient à celui qui définit les règles des échanges. La Chine est encore plus vulnérable que la Russie, à cause de sa dépendance au dollar et aux marchés extérieurs.