A mon avis, l’impact de l’offensive ukrainienne sur l’armée russe a été très sous-évalué, les Ukrainiens ont eu de grosses pertes, mais les Russes aussi, et comme les Russes sont limités en personnels, leurs pertes leur coûtent plus cher.
Pertes humaines, pertes matérielles, fatigue, lassitude, découragement, négligences... on voit des symptômes de fatigue apparaître côté russe, des systèmes de tranchées remplis de soldats russes mais sans un seul missile anti-char et qui reculent face à un seul tank ukrainien, faute de matériel pour le détruire (hier à Kopani)... et ailleurs d’autres situations étranges, qui ne sont pas à l’avantage des Russes, et pas très rassurantes.
Le fait que le front soit figé depuis un an, ça veut dire qu’aucune armée ne domine l’autre, je crois que c’est ça qu’on a du mal à assimiler. Il n’y a pas de « stratégie d’attrition », il y a juste que les forces des deux armées s’équilibrent.
Enfin, si la Russie n’arrive pas à atteindre sa propre frontière et libérer tout son territoire, les référendums de 2022 auront été une erreur stratégique de plus (après Minsk et Nord Stream). Sa frontière de 2022 interdit à la Russie de négocier tant qu’elle ne la contrôle pas. Non seulement la Russie est entrée dans la guerre que voulaient les Américains, mais elle s’y est elle-même enchaînée...
Tout dépend donc de la capacité de l’armée russe à repousser les kiévistes au-delà de la frontière de 2022, c’est-à-dire : reprendre Kherson, repasser le Dniepr, libérer Zaporijia, libérer toute la RPD et toute la RPL... si l’armée russe y échoue, alors les Etats-Unis auront ce qu’ils voulaient : une défaite militaire russe sur le champ de bataille. Et c’est bien une guerre de territoires comme le reconnaît l’excellent Carresse.
Et au fait quand Carresse parle de « discours militant qui repose sur du vent », ça vaut aussi bien pour les pro-otan que pour les pro-russes.