Traditionnellement à gauche, le corps professoral change ces dernières années et voteraient de plus en plus Front national. C’est en tout cas ce qu’il ressort d’un sondage CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po) que nous vous dévoilons ce vendredi. Ainsi, au premier tour de l’élection présidentielle en 2017, les intentions de vote des enseignants pour le Front national se situent entre 10,5 et 11,5% en fonction du candidat Les Républicains. C’est près de quatre fois plus qu’il y a 10 ans.
« Ça ne se dit pas sur tous les toits »
Plus précisément, si Nicolas Sarkozy sort vainqueur de la primaire de la droite et du centre, 10,7% des enseignants auraient l’intention de voter pour le FN. Si c’est Alain Juppé, ces intentions grimpent à 11,4%. Marine Le Pen a débuté jeudi sa série de « conventions présidentielles » en abordant les questions d’éducation et d’enseignement supérieur, l’occasion pour la présidente du Front national de poursuivre son opération séduction auprès des enseignants.
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Julien Langard, lui, est prof d’histoire-géo dans un lycée à Carpentras (Vaucluse) et membre du collectif Racine (« Les enseignants patriotes »). Il a adhéré au Front national en 2011, puis a été élu dans sa commune sans que cela ne perturbe sa vie au lycée. Au contraire, selon lui, « les temps ont changé » : « Aujourd’hui, on ne rase plus les murs. La preuve, la semaine dernière, une collègue de mon lycée m’a demandé comment on faisait pour adhérer au parti. Il est possible que les élèves le sachent mais ce n’est pas un tabou dans les discussions ».
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L’arrivée du vote Front national chez les enseignants est un phénomène encore récent mais qui prend de l’ampleur estime Luc Rouband, chercheur au CEVIPOF : « C’est un des symptômes d’un malaise plus général qui traverse l’enseignement. Les professeurs sont en première ligne des problèmes sociaux, ils sont au contact direct avec les plus âgés, les familles, les parents d’élèves… Il y a beaucoup de tensions, de problèmes en ce qui concerne la mise en œuvre de la laïcité. »
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Vincent Edin, journaliste et enseignant à Sciences Po, auteur d’un livre « sur les idées fausses propagées par l’extrême droite », résume l’influence du FN dans la corporation des profs : « C’est complètement inadapté aux besoins de l’époque, mais ça cartonne ».
Un petit reportage sur la demande d’autorité :
Une prof de physique-chimie en ZEP à Marseille dénonce la pénibilité de son travail, qu’elle assimile à « une garderie de futurs chômeurs » :