Les États-Unis ont enquêté sur d’éventuels liens entre les dirigeants d’Arabie saoudite et les attentats du 11-Septembre, mais les soupçons n’ont jamais été confirmés par des preuves irréfutables, selon des documents jusque-là secrets et publiés vendredi.
L’administration Obama, qui a autorisé la publication de ces pages censurées d’un rapport du Congrès datant de 2002, souhaite ainsi couper court aux rumeurs sur l’implication de Ryad dans les attaques.
« Alors qu’ils se trouvaient aux États-Unis, quelques-uns des pirates de l’air du 11-Septembre ont été en contact, ou ont reçu soutien ou assistance d’individus qui pourraient être en lien avec le gouvernement saoudien », estiment ces pages du rapport de 2002.
Mais les agences américaines de renseignement n’ont pas pu « identifier de manière définitive » ces liens, selon les constatations faites par les commissions sur le Renseignement du Sénat et de la Chambre des représentants.
Le contenu de ces pages, classifié à l’époque par l’administration Bush, alimente depuis des années les rumeurs sur l’implication de Ryad dans les attentats.
Quinze des 19 auteurs des attentats étaient des Saoudiens.
Dossier clos
Dans la foulée de la publication des pages manquantes du rapport, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Jubeir, a donné une conférence de presse à Washington. Et l’ambassade avait publié auparavant un épais dossier réfutant point par point les accusations.
« Le dossier est clos », a lancé Adel Al-Jubeir, espérant « qu’avec la publication de ces pages, le dénigrement dont le royaume d’Arabie saoudite a été victime ces 14 dernières années va cesser ».
En avril, un ancien vice-président de la commission sénatoriale du Renseignement, l’ex-sénateur de Floride Bob Graham, avait de nouveau réclamé que ces pages soient rendues publiques.
Il accusait des responsables saoudiens, en particulier des cadres à l’époque de l’ambassade d’Arabie saoudite à Washington et du consulat en Californie d’avoir apporté une aide financière aux pirates de l’air des avions-suicide du 11 septembre 2001.
Mais selon les experts du renseignement d’aujourd’hui, les suspicions exprimées par le rapport de 2002 n’ont jamais été confirmées par la suite.
Ni les services de renseignement ni la grande commission d’enquête sur le 11-Septembre qui a publié ses conclusions en 2004 « n’ont jamais pu trouver de preuves suffisantes » pour confirmer les allégations d’implications saoudiennes, a rappelé vendredi Adam Schiff, un démocrate spécialiste du renseignement à la Chambre des représentants.
L’Arabie saoudite « appelait depuis longtemps » à cette publication.
La divulgation de ces pages survient dans un contexte d’un très net refroidissement des liens historiques forgés en 1945 entre les États-Unis et la monarchie pétrolière saoudienne.
La méfiance entre les deux alliés, alimentée par le dégel entre Washington et l’Iran, n’a pas été dissipée par la dernière visite fin avril à Ryad du président Barack Obama.
Mais malgré ces tensions politiques, l’Arabie saoudite reste « l’un de nos plus proches partenaires » en matière de lutte antiterroriste, a rappelé cette semaine à Washington le directeur de la CIA, John Brennan.
Les 28 pages (en anglais) :