Solidarité, complémentarité, réciprocité, durabilité, souveraineté technologique et union économique constituent les principes de base du travail déployé par l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA) depuis plus de sept ans déjà.
Et les travaux de la dernière journée du 11e Sommet de l’ALBA, qui s’est déroulé à huis clos dans la matinée du 5 février, ont été précisément consacrés au renforcement de la fraternité entre les peuples d’Amérique latine et de la Caraïbe. Peu avant 11h, le général d’armée Raul Castro, président du Conseil d’État et du Conseil des ministres, est arrivé au Palais de Miraflores où, à l’instar des autres chefs d’État et de gouvernement ou de leurs représentants, il a été accueilli par le président vénézuélien Hugo Chavez Frias.
L’une des questions à l’ordre du jour concernait l’entrée de nouveaux pays à l’ALBA afin de consolider les objectifs d’intégration de cette organisation. Pour l’instant, le Suriname et Sainte-Lucie ont été accueillis en qualité d’invités spéciaux, les participants au Sommet ayant approuvé une résolution leur permettant d’entamer la procédure d’admission comme membres de l’ALBA. Par ailleurs, la réunion a ratifié le statut d’Haïti en tant qu’invité spécial permanent.
Après cette annonce, le président Chavez a demandé que la priorité soit accordée aux économies de la Caraïbe, en raison de leur fragilité, avant de relever leur potentiel en matière de production, de tourisme, de pêche et d’agriculture, entre autres domaines.
Dans l’une de ses interventions, le président Chavez a fait l’éloge du travail d’information réalisé par la chaîne TeleSur pour montrer la vérité au monde, notamment sur les événements en Libye, où les reporters de cette agence de presse ont même été menacés de mort.
Le président Hugo Chavez a souligné qu’alors que les grands médias internationaux affirmaient que le leader de la Révolution verte Mouammar Kadhafi bombardait la population civile sur la Place de Tripoli, TeleSur a montré au monde des images qui prouvaient la fausseté de ces informations.
Concernant les campagnes médiatiques lancées contre les gouvernements que les grandes puissances considèrent comme dérangeants, Hugo Chavez a comparé la couverture médiatique en Libye à la guerre médiatique livrée actuellement contre la Syrie. Le président vénézuélien a signalé que les médias de la droite internationale ont montré des soi-disant « massacres » dans une ville syrienne alors qu’il s’agissait d’une attaque des forces terroristes, ceci dans le but d’accuser le gouvernement de ce pays auprès du Conseil de sécurité de l’ONU.
En conséquence, il a mis en garde contre ce genre d’actions lancées à l’instigation des grandes puissances, les qualifiant d’un des plus graves dangers qui planent aujourd’hui sur le monde, car elles encouragent ce type de stratégies pour tenter de justifier les invasions contre les peuples.
Plus loin, le président a fait allusion à la Ceinture pétrolifère de l’Orénoque, qui constitue aujourd’hui l’un des moteurs du développement intégral du Venezuela, et permettra de contribuer à l’indépendance économique des pays membres de l’ALBA et de l’Amérique latine et des Caraïbes. « Dans cette zone il y a du pétrole pour 200 ans », a-t-il dit. À cet égard, il a expliqué que le Venezuela prévoit cette année d’augmenter sa production de 3 millions à 3,5 millions de barils par jour, ce qui offrira davantage de souplesse pour honorer les engagements avec l’ALBA et d’autres programmes.
Et d’ajouter que Petroleos de Venezuela (PDVSA) exporte 1,5 millions de barils par jour aux États-Unis, et que sous la 4e République cette entreprise d’État « a acheté huit raffineries de pétrole aux États-Unis, dont le pays n’a tiré aucun profit ».
Concernant le Sommet, Chavez a demandé la tenue dans les prochains mois d’une réunion des dirigeants de Petrocaribe pour discuter de l’adhésion de Sainte Lucie et du Suriname, dont les présidents ont annoncé leur désir d’appartenir au groupe Petrocaribe-ALBA, deux mécanismes différents interconnectés. Il a souligné que Petrocaribe est devenu un mécanisme d’avant-garde sans précédent dans le monde. » Nous vivons une étape qui peut donner lieu à d’autres étapes novatrices au sein de Petrocaribe et de l’ALBA », a-t-il dit.
Prenant la parole, le Premier ministre du Commonwealth de la Dominique Roosevelt Skerrit a félicité les pays ayant amorcé un processus pour rejoindre l’ALBA, et il a rendu hommage à notre commandant en chef Fidel et au président Chavez pour leur esprit visionnaire, à qui l’on doit la création de l’ALBA.
Plus loin, il a déclaré que le blocus exercé contre Cuba n’est pas seulement une mesure de coercition contre ce pays, mais contre toute l’humanité, si bien que les pays membres de l’ALBA se devaient de manifester leur solidarité à Cuba et de condamner cette politique injuste et criminelle contre le peuple cubain.
« L’ALBA est une organisation où nous pouvons discuter publiquement et ouvertement devant nos peuples, car nous n’avons pas de secrets, ni d’agendas cachés », a-t-il affirmé. En effet, les sessions du Sommet ont été transmises en direct par la chaîne publique du gouvernement vénézuélien. Le Premier ministre de la Dominique a aussi rappelé que l’ALBA est aujourd’hui l’organisation la plus transparente qui existe dans le monde, où personne n’est investi du droit de veto et où tous les points de vue sont respectés. « Nous sommes comme une seule nation qui cherche à aborder les problèmes historiques dont nous avons hérités et que nous cherchons à résoudre ensemble », a-t-il dit.
Pour sa part, Evo Morales, président de l’État plurinational de Bolivie, a exhorté les chefs d’État et de gouvernement à unifier leurs positions pour se défendre des agressions médiatiques impérialistes.
« À présent, nous sommes membres de davantage d’organismes régionaux. Nous, les présidents, devrions toujours maintenir une position pour savoir que faire face aux attaques médiatiques de l’impérialisme, et pour planifier nos actions et exprimer notre position devant ces instances. »
Le président Morales a souligné le travail conjoint et solidaire des gouvernants de l’ALBA au profit de leurs peuples, qui récoltent les premiers fruits de ces efforts avec la réduction de la pauvreté et de l’analphabétisme. Il a ajouté que les présidents des pays membres de cette alliance ont commencé à changer les politiciens.
« Être un politicien aujourd’hui ne veut pas dire tirer profit de son poste, mais être prêt à faire des sacrifices, et s’engager envers son peuple », a dit Evo Morales. « Pendant longtemps, les citoyens ont considéré nos politiciens comme des imposteurs qui s’enrichissaient aux dépens de la population », a-t-il dit, avant d’exhorter les présidents à continuer de travailler de manière conjointe et solidaire, « car c’est le grand avantage des pays de l’ALBA ».
Comme point de départ du Sommet, les participants ont débattu les documents de travail élaborés à partir des réunions tenues par les représentants des mouvements sociaux, les partis politiques et les médias des pays membres de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique.
À cet égard, le président vénézuélien devait déclarer : « Mouvements sociaux, peuples, partis politiques… nous devons les situer à l’avant-garde, car ils constituent l’âme de l’ALBA ».
Construire depuis l’Abla
« Il existe de nombreuses possibilités et un grand champ de coopération », a déclaré Hugo Chavez en signant avec son homologue haïtien Michel Martelly un accord de coopération qui permettra aux deux pays de procéder à des échanges commerciaux et de complémentarité, et de trouver des ressources, des financements et de la technologie pour combattre l’extrême pauvreté dans ce pays de la Caraïbe.
Pour sa part le président Martelly, qui a eu la déférence de prononcer son discours en espagnol, visiblement ému, a rappelé qu’il n’avait jamais été un homme politique avant d’accéder à la présidence de son pays. « Cependant, j’ai promis à mon peuple de changer les choses en Haïti, et je suis sûr d’y parvenir avec cet effort, ce soutien et cette collaboration », a-t-il signalé avant d’aller exprimer, au nom du peuple haïtien, sa gratitude à Hugo Chavez, auquel il a donné une accolade cordiale.
Le 11e Sommet a adopté une Déclaration spéciale en l’honneur des Cinq Héros cubains injustement incarcérés depuis 13 ans aux États-Unis pour avoir combattu le terrorisme. Le document exige la libération de Gerardo Hernandez, Ramon Labañino, Antonio Guerrero, Fernando Gonzalez et René Gonzalez comme un acte de justice sociale et humanitaire, en rappelant que leur procès a été entaché de nombreuses irrégularités dans le cadre de la politique revancharde de Washington.
Les participants ont également approuvé la Déclaration spéciale sur les droits inaliénables du peuple de Porto Rico à l’autodétermination et à la pleine indépendance. Le document souligne que Porto Rico est un pays latino-américain et caribéen qui a sa propre histoire et dont les droits à la souveraineté ont été bafoués par la tutelle coloniale imposée à ce territoire par les États-Unis pendant plus d’un siècle.
La déclaration précise par ailleurs que l’indépendance de Porto Rico est une question qui concerne l’ensemble de l’Amérique latine et de la Caraïbe, ainsi que toutes nos tribunes de concertation et de coopération politique, notamment la Communauté des États latino-américains et caribéens (CELAC).
Peu avant la fin du Sommet, le président Chavez a lu un communiqué officiel à travers lequel les pays membres de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique ont une nouvelle fois condamné la politique d’ingérence et de déstabilisation adoptée contre la République arabe syrienne.
« Pour nous, l’ALBA c’est la Patrie », a déclaré le président Chavez, paraphrasant Simon Bolivar.
Le 11e Sommet de l’ALBA a ouvert de nouvelles voies pour assurer le développement de cette alliance, dont les antécédents tirent leur racine dans le grand projet historique de construction de la Grande Patrie. De nouveaux pas ont été franchis. « C’était un grand sommet » a déclaré général d’armée Raul Castro avant que le président Hugo Chavez ne ponctue d’un coup de maillet final les séances de cette importante réunion.