Des gendarmes d’élite français du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) s’en prennent vivement à leur chef dans une lettre anonyme, lui reprochant d’être « peu courageux » et de ne pas avoir engagé ses hommes lors des attentats du 13 novembre 2015.
Cette lettre de trois pages adressée au patron de la gendarmerie nationale Denis Favier, révélée par l’hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné et que l’AFP s’est procurée mardi, est seulement signée « l’esprit de l’inter », au nom de membres de la Force intervention, qui groupe une centaine de militaires.
Il est impossible de savoir combien d’entre eux adhèrent aux propos virulents de ce courrier contre le colonel Hubert Bonneau, mais selon les différents gendarmes du GIGN interrogés par l’AFP sous couvert de l’anonymat, elle émane d’une poignée de mécontents tandis que de nombreux membres de la force d’élite n’y ont pas été associés.
« Voilà maintenant deux ans que nous subissons le commandement injuste et peu légitime du colonel Bonneau », « un mauvais chef », « qui fait de son mieux pour minimiser la Force intervention », écrivent les initiateurs de la lettre.
Ils estiment qu’il « ne comprend rien aux missions d’intervention », « est peu courageux et perd ses moyens dans l’action ».
En cause, notamment, selon ces militaires anonymes – les syndicats ne sont pas autorisés dans la gendarmerie –, la soirée des attentats jihadistes du 13 Novembre, qui ont fait un total de 130 morts et de nombreux blessés.
Au début des attentats, un groupe du GIGN s’est prépositionné, à la demande des autorités, dans une caserne du centre de Paris, pour intervenir en cas de nouvelles attaques.
Selon le courrier anonyme, ce groupe de gendarmes était prêt à intervenir dans la salle de concerts du Bataclan, où des jihadistes ont abattu 90 personnes.
« Alors que nous étions 40 opérationnels (...) prêts à mener un assaut, prêts à faire cesser la tuerie », le colonel Bonneau « attendait sagement d’être appelé » et « se cachait derrière une histoire de compétence territoriale », accusent-ils, se disant « scandalisés et traumatisés par cet événement ».
L’assaut au Bataclan contre les jihadistes a été mené par les unités d’élite de la police. La commission d’enquête parlementaire sur les attentats qui vient de rendre ses conclusions a conclu qu’il n’était « pas nécessaire » de solliciter le GIGN, estimant que les unités d’élite de la police, la BRI et le Raid, étaient mobilisées en nombre suffisant à la salle de spectacles.
Interrogée par l’AFP, la direction générale de la gendarmerie nationale n’a pas donné suite dans l’immédiat.
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