Le Qatar avait envoyé pas moins de 5 000 membres de ses forces spéciales en Libye, bien avant la chute du colonel Kadhafi, selon une source diplomatique française qui suit le dossier.
Chargées d’épauler les rebelles, les troupes de Doha se sont d’abord déployés à Tobrouk puis ensuite à l’ouest dans le djebel Nefoussa, où le chef d’état-major qatarien, le général Hamad ben Ali al-Attyiah s’est rendu à plusieurs reprises. A titre de comparaison, la France avait infiltré seulement quelques dizaines de commandos issus des Forces spéciales.
« Les Qatariens sont arrivés avec des valises remplies d’argent, ce qui leur permit de retourner des tribus », ajoute la source.
Si le minuscule mais très actif émirat du Golfe a joué un rôle non négligeable dans la chute du régime de Kadhafi, son engagement un peu trop marqué aux côtés des islamistes a fini par susciter des critiques au sein de certains dirigeants du Conseil national de transition libyen, mais aussi en France et en Grande-Bretagne.
« Les dirigeants du Qatar ont été rappelés à l’ordre par la Coalition », affirme notre interlocuteur. Nicolas Sarkozy a clairement évoqué la question quand il a reçu il y a quelques semaines l’émir al-Thani à l’Elysée.
« Les Qatariens n’avaient pas d’agenda caché, explique le spécialiste de la Libye. Quand leurs hommes sont arrivés à Tobrouk et dans l’est, les islamistes étaient ceux qui étaient le plus engagés dans la révolte, c’est le terrain qui s’est imposé aux Qatariens ».
Au cours des mois qui ont précédé la chute de Kadhafi, le Qatar a acheminé de nombreux convois d’armes aux combattants islamistes, dans le dos du CNT. D’où la colère de celui-ci.
Même si en s’engageant clairement auprès d’un camp, le Qatar a dérogé à la règle d’or de sa diplomatie d’ordinaire conciliatrice, le richissime émirat garde encore plusieurs fers au feu. Doha chaperonne par exemple cheikh Ali Salibi, l’un des principaux responsables islamistes libyens, tout en abritant Moussa Koussa, l’ancien chef des renseignements du Colonel Kadhafi.