Six excités de l’humanitaire. Un Président tout aussi agité. Avec le Darfour en toile de fond. Que nous dit cette affaire ? Bien plus qu’on ne pourrait le croire.
L’idéologie du « tout-humanitaire » est l’énième signe de l’américanisation croissante de la France et de l’Europe. En effet, même si, pour de bonnes raisons ou non, les USA rechignent à signer le protocole de Kyoto, c’est néanmoins de l’autre côté de l’Atlantique – et de la Manche, aussi –, qu’est né le syndrome « Sauvons la planète ! » C’est Greenpeace, « Sauvons les baleines ! », PETA, « Sauvons les bêtes à poil et tuons les top models qui portent de la fourrure ! » Bref, ce sont ces « eco freaks » et leurs épigones dont certains, à juste titre, ont été classées, par le FBI, parmi les associations terroristes. Ce qui est assez logique, sachant qu’elles pratiquent un messianisme que même Al-Qaida ne renierait pas. La Terre est en danger, « pollution » et « mangeurs de viande rouge » d’un côté ; « mécréants sionistes » de l’autre. Et, puisque la Terre est en danger, tout est donc permis pour la sauver : actions illégales, chantage, mensonges éhontés, agressions physiques ; meurtres dans certains cas. Logique : celui qui m’empêche de sauver cette Terre est un monstre qui s’ignore ; et on ne négocie pas avec les monstres, on les éradique, pour le bien de l’humanité. En ce sens, ce messianisme humanitaire n’est jamais rien d’autre que la continuation de celui des passagers du Mayflower et il n’est pas anodin que le plus « américain » de nos ministres, Bernard Kouchner, ait été le premier à théoriser ce « droit d’ingérence humanitaire », soit une guerre préventive consistant à annihiler son voisin avant même que l’idée lui soit venue de prendre les armes ; ce au mépris du droit international le plus élémentaire.
Un tel concept, fumeux, mais diablement efficace, a forcément de quoi séduire les esprits faibles. Un exemple ? Richard Durn, celui qui, le 27 mars 2002, au Conseil municipal de Nanterre, a tué huit élus, en a blessé dix-neuf, dont quatorze grièvement, avant de se suicider, le lendemain, en se jetant d’une des fenêtres du 36 quai des Orfèvres. Richard Durn, comme Éric Breteau, est passé à l’acte. Lui aussi, venait de la galaxie humanitaire. Le Kosovo pour Durn, le tsunami indonésien pour Breteau ; sans oublier une fascination partagée pour ce bon docteur Kouchner. Dans les deux cas, la même exaltation, le même besoin de purifier l’espèce humaine. Le même besoin de reconnaissance médiatique, surtout. « Tuez-moi ! », hurlait Richard Durn aux policiers venus le maîtriser. Éric Breteau, lui, avait déjà préparé, termes de vêtements de rechange et d’ustensiles de toilette, de quoi tenir une longue garde à vue, voire une détention préventive, si d’aventure il était parvenu à quitter le Tchad pour la France : ils se voyaient tous deux en héros, courant, chacun de leur côté, après le quart d’heure de célébrité télévisuelle naguère promis par le défunt Andy Warhol. Ressentaient la même haine, encore, vis-à-vis des élus qui nous représentent – conseillers municipaux, présidents ou chefs d’entreprise –, tenus pour coupables de tous les maux de ce vaste monde. Là où cela se corse, c’est que la haine de soi, naturellement déclinée en haine de la France et de tout ce qu’elle est susceptible de représenter, se double d’un invraisemblable mépris de l’autre. Lequel peut, de la sorte, se décliner : l’Europe et l’Occident, dans son acceptation la plus large, sont certes responsables de tout, mais comme le Tiers monde n’est composé que d’arriérés et d’incapables, il convient de les sauver contre leur propre gré. Bref, les Blancs sont des salauds et les Noirs sont des cons, tandis qu’il convient de rééduquer les Arabes. Soit une feuille de route bien éloignée de l’adage biblique, puisque messianisme il y a, voulant qu’il faille s’aimer soi-même avant de tenter d’aimer les autres.
De fait, un Richard Durn ou un Éric Breteau ne sont pas des anomalies du « Système », mais seulement deux hommes ayant eu le « courage » d’en pousser la logique jusque dans ses ultimes retranchements et inévitables contradictions. C’est là que nos médias ont en quelque sorte fauté dans la couverture de l’affaire de L’Arche de Zoé. Comment condamner Éric Breteau, alors qu’il n’a fait que mettre en musique ce livret que journaux, radios et télévisions nous serinent depuis si longtemps ? Comment expliquer qu’un Français, à l’évidence perturbé du cervelet, se sente investi d’une mission quasi-divine, en allant faire son marché – une petite centaine de négrillons pour le prix de cinquante –, alors que des starlettes, genre Madonna ou Angelina Jolie, viennent se soigner la ménopause qui s’annonce en pratiquant les soldes d’été en Afrique noire ? Genre : « Ma carrière m’a empêché de faire des enfants, sans compter les seins qui s’affaissent et les vergetures qui font vilain ; du coup. Du coup, je me rattrape en adoptant à tout va. Regardez ma belle famille Benetton. Un Noirpiaud, un Niakoué et un petit Inuit ; assorti, ça tombe bien, à mon ensemble Versace. » Après l’immigration choisie, chère à Nicolas Sarkozy, l’adoption choisie, destinée peut-être à combler le besoin de maternité de Françaises avortant à hauteur de deux cent mille fœtus massacrés chaque année, tandis que la DDASS croule sous le nombre d’enfants français à adopter mais qui, dans les faits, ne peuvent être adoptés ; ou alors, comment expliquer que Johnny Hallyday, malgré ses moyens, ait dû faire sienne une petite Vietnamienne plutôt qu’une petite Bretonne ?
On ne peut que comprendre la légitime colère des Africains. La colonisation ne fut pas rose tous les jours. La décolonisation, pire encore. Mais cet actuel néocolonialisme humanitaire est littéralement à vomir. Comme si la tyrannie du FMI, l’ouverture forcée de leurs marchés, cette émigration qui les fragilise plus que nous encore, ne suffisaient pas. Voici venu le temps des leçons de morale. Devenez démocrates, accueillez le libre-échangisme, les familles à l’infini recomposées, la Gay Pride et les droits de l’homme blanc, tandis qu’on vous pique vos enfants. Les enfants ? Le sel de cette terre dans laquelle l’avortement fait figure de barbarie ultime. Car, en chaque Africain, un monarque sommeille, qui ne rêve que de fonder sa propre dynastie, avec autant d’enfants qu’un patriarche biblique et plus de femmes encore qu’Eddie Barclay… Des Africains qui, en l’occurrence, sont souvent moins naïfs que nous, eux qui savent que, huit fois sur dix, ces ONG ne sont jamais rien d’autre que le cache-sexe des officines barbouzardes et des services secrets du monde entier. Alors oui, Éric Breteau et ses cinq comparses hallucinés méritent évidemment d’être jugés ; au Tchad, bien entendu. Mais dans l’affaire qui nous occupe, il ne s’agit que de menu fretin et la justice serait certainement mieux avisée de s’en prendre au « cerveau » du gang, au véritable donneur d’ordres : Bernard Kouchner, lui qui n’en finit plus d’élever le racisme le plus patelin, le plus ignoble, à des niveaux encore jamais atteint à ce jour.
Béatrice PÉREIRE
L’idéologie du « tout-humanitaire » est l’énième signe de l’américanisation croissante de la France et de l’Europe. En effet, même si, pour de bonnes raisons ou non, les USA rechignent à signer le protocole de Kyoto, c’est néanmoins de l’autre côté de l’Atlantique – et de la Manche, aussi –, qu’est né le syndrome « Sauvons la planète ! » C’est Greenpeace, « Sauvons les baleines ! », PETA, « Sauvons les bêtes à poil et tuons les top models qui portent de la fourrure ! » Bref, ce sont ces « eco freaks » et leurs épigones dont certains, à juste titre, ont été classées, par le FBI, parmi les associations terroristes. Ce qui est assez logique, sachant qu’elles pratiquent un messianisme que même Al-Qaida ne renierait pas. La Terre est en danger, « pollution » et « mangeurs de viande rouge » d’un côté ; « mécréants sionistes » de l’autre. Et, puisque la Terre est en danger, tout est donc permis pour la sauver : actions illégales, chantage, mensonges éhontés, agressions physiques ; meurtres dans certains cas. Logique : celui qui m’empêche de sauver cette Terre est un monstre qui s’ignore ; et on ne négocie pas avec les monstres, on les éradique, pour le bien de l’humanité. En ce sens, ce messianisme humanitaire n’est jamais rien d’autre que la continuation de celui des passagers du Mayflower et il n’est pas anodin que le plus « américain » de nos ministres, Bernard Kouchner, ait été le premier à théoriser ce « droit d’ingérence humanitaire », soit une guerre préventive consistant à annihiler son voisin avant même que l’idée lui soit venue de prendre les armes ; ce au mépris du droit international le plus élémentaire.
Un tel concept, fumeux, mais diablement efficace, a forcément de quoi séduire les esprits faibles. Un exemple ? Richard Durn, celui qui, le 27 mars 2002, au Conseil municipal de Nanterre, a tué huit élus, en a blessé dix-neuf, dont quatorze grièvement, avant de se suicider, le lendemain, en se jetant d’une des fenêtres du 36 quai des Orfèvres. Richard Durn, comme Éric Breteau, est passé à l’acte. Lui aussi, venait de la galaxie humanitaire. Le Kosovo pour Durn, le tsunami indonésien pour Breteau ; sans oublier une fascination partagée pour ce bon docteur Kouchner. Dans les deux cas, la même exaltation, le même besoin de purifier l’espèce humaine. Le même besoin de reconnaissance médiatique, surtout. « Tuez-moi ! », hurlait Richard Durn aux policiers venus le maîtriser. Éric Breteau, lui, avait déjà préparé, termes de vêtements de rechange et d’ustensiles de toilette, de quoi tenir une longue garde à vue, voire une détention préventive, si d’aventure il était parvenu à quitter le Tchad pour la France : ils se voyaient tous deux en héros, courant, chacun de leur côté, après le quart d’heure de célébrité télévisuelle naguère promis par le défunt Andy Warhol. Ressentaient la même haine, encore, vis-à-vis des élus qui nous représentent – conseillers municipaux, présidents ou chefs d’entreprise –, tenus pour coupables de tous les maux de ce vaste monde. Là où cela se corse, c’est que la haine de soi, naturellement déclinée en haine de la France et de tout ce qu’elle est susceptible de représenter, se double d’un invraisemblable mépris de l’autre. Lequel peut, de la sorte, se décliner : l’Europe et l’Occident, dans son acceptation la plus large, sont certes responsables de tout, mais comme le Tiers monde n’est composé que d’arriérés et d’incapables, il convient de les sauver contre leur propre gré. Bref, les Blancs sont des salauds et les Noirs sont des cons, tandis qu’il convient de rééduquer les Arabes. Soit une feuille de route bien éloignée de l’adage biblique, puisque messianisme il y a, voulant qu’il faille s’aimer soi-même avant de tenter d’aimer les autres.
De fait, un Richard Durn ou un Éric Breteau ne sont pas des anomalies du « Système », mais seulement deux hommes ayant eu le « courage » d’en pousser la logique jusque dans ses ultimes retranchements et inévitables contradictions. C’est là que nos médias ont en quelque sorte fauté dans la couverture de l’affaire de L’Arche de Zoé. Comment condamner Éric Breteau, alors qu’il n’a fait que mettre en musique ce livret que journaux, radios et télévisions nous serinent depuis si longtemps ? Comment expliquer qu’un Français, à l’évidence perturbé du cervelet, se sente investi d’une mission quasi-divine, en allant faire son marché – une petite centaine de négrillons pour le prix de cinquante –, alors que des starlettes, genre Madonna ou Angelina Jolie, viennent se soigner la ménopause qui s’annonce en pratiquant les soldes d’été en Afrique noire ? Genre : « Ma carrière m’a empêché de faire des enfants, sans compter les seins qui s’affaissent et les vergetures qui font vilain ; du coup. Du coup, je me rattrape en adoptant à tout va. Regardez ma belle famille Benetton. Un Noirpiaud, un Niakoué et un petit Inuit ; assorti, ça tombe bien, à mon ensemble Versace. » Après l’immigration choisie, chère à Nicolas Sarkozy, l’adoption choisie, destinée peut-être à combler le besoin de maternité de Françaises avortant à hauteur de deux cent mille fœtus massacrés chaque année, tandis que la DDASS croule sous le nombre d’enfants français à adopter mais qui, dans les faits, ne peuvent être adoptés ; ou alors, comment expliquer que Johnny Hallyday, malgré ses moyens, ait dû faire sienne une petite Vietnamienne plutôt qu’une petite Bretonne ?
On ne peut que comprendre la légitime colère des Africains. La colonisation ne fut pas rose tous les jours. La décolonisation, pire encore. Mais cet actuel néocolonialisme humanitaire est littéralement à vomir. Comme si la tyrannie du FMI, l’ouverture forcée de leurs marchés, cette émigration qui les fragilise plus que nous encore, ne suffisaient pas. Voici venu le temps des leçons de morale. Devenez démocrates, accueillez le libre-échangisme, les familles à l’infini recomposées, la Gay Pride et les droits de l’homme blanc, tandis qu’on vous pique vos enfants. Les enfants ? Le sel de cette terre dans laquelle l’avortement fait figure de barbarie ultime. Car, en chaque Africain, un monarque sommeille, qui ne rêve que de fonder sa propre dynastie, avec autant d’enfants qu’un patriarche biblique et plus de femmes encore qu’Eddie Barclay… Des Africains qui, en l’occurrence, sont souvent moins naïfs que nous, eux qui savent que, huit fois sur dix, ces ONG ne sont jamais rien d’autre que le cache-sexe des officines barbouzardes et des services secrets du monde entier. Alors oui, Éric Breteau et ses cinq comparses hallucinés méritent évidemment d’être jugés ; au Tchad, bien entendu. Mais dans l’affaire qui nous occupe, il ne s’agit que de menu fretin et la justice serait certainement mieux avisée de s’en prendre au « cerveau » du gang, au véritable donneur d’ordres : Bernard Kouchner, lui qui n’en finit plus d’élever le racisme le plus patelin, le plus ignoble, à des niveaux encore jamais atteint à ce jour.
Béatrice PÉREIRE