A Sylvain,
En effet nous travaillons nettement moins aujourd’hui. Le problème est que la valeur d’une production dépend de la quantité de travail humain qui a été nécessaire à sa production (voir "Le Capital", chapitre 1). C’est pourquoi les produits industriels sont moins chers que les produits manufacturés : car ils contiennent moins de travail humain (les machines ne font que diluer le travail humain nécessaire à leur fabrication dans les marchandises qu’elles permettent de fabriquer, ce qui représente toujours beaucoup moins de travail humain que lorsqu’on emploie pas de machines).
Autrement dit, moins on travaille, moins on crée de richesse. Pour prendre un exemple extrême mais clair, le jour où nous pourrons fabriquer une voiture complète avec seulement une personne qui travaille seulement une heure, le prix d’une voiture sera d’une centaine d’euros. Avec deux conséquences : le PIB de la France s’effondrera de plusieurs milliards, et le chômage augmentera significativement, puisque Renault et consorts devront virer des milliers de gens.
Nous n’en sommes pas encore là, mais tous les jours, toutes les entreprises travaillent en ce sens, qu’elles soient basées en Chine ou en France. Le PIB n’augmente que parce que nous augmentons le volume des ventes pour compenser la destruction de valeur (par exemple, aujourd’hui nous consommons tous des tas de choses que nos parents ne consommaient pas : produits high-tech, produits jetables, produits avec obsolescence programmée ou obsolescence perçue par effet de mode, etc). Et ceci au prix de programmes d’investissements délirants de la part des Etats (lesquels aggravent l’endettement).
Il suffit de voir la Chine pour comprendre le problème. La Chine produit de tout, dans des proportions énormes, pour la planète entière. Pourtant, elle connaît 22% de chômage. Tout simplement parce que l’augmentation de productivité rend obsolète le travail humain. Et génère donc un chômage croissant.
Ce n’est pas un hasard si tous les pays du monde ont commencé à s’endetter juste après la révolution micro-informatique. Cette révolution a provoqué une augmentation énorme de la productivité, et donc une chute énorme de la masse de richesse produite, qu’il a fallu compenser par du capital fictif, cad. de la dette. Que l’on produise en France plutôt qu’en Chine n’y change rien. La Chine produit de tout pour tout le monde, et pourtant elle connaît un taux de chômage colossal.