Le débat, oui ; les insultes, non. Même si les Gilets jaunes se sont fait terriblement insulter, rabaisser, salir par les tenants du pouvoir médiatique, il faut savoir nerfs et raison garder. Plus facile à dire qu’à faire.
Ce que la relation réelle (la rue) change par rapport à la relation virtuelle (via un média), c’est que les paroles longtemps impunies deviennent alors provocation. Et les centaines d’invitations télé, presse et radio (on compte ses 300 Répliques depuis 1985 sur Israël Culture) sont alors autant de fenêtres de tir sur les gens, les Français.
Pendant des années, Finkielkraut, théoriquement philosophe, a tabassé son idéologie sioniste sur tous les supports possibles. Qu’il soit passé de la gauche immigrationniste à la droite nationale-sioniste ne change rien pour nous : il demeure sioniste. Et c’est ce que les Français de la rue lui reprochent, ce nationalisme qui est tout sauf français.
Alors il y a d’autres moyens que l’insulte pour apostropher un philosophe en pleine rue, et nous n’aurions pas utilisé l’invective. Mais dans le feu de l’action, quand l’occasion de présente de dire son fait à un commissaire politique qui a régné un demi-siècle sur les médias, en toute impunité, avec l’aval des autorités politiques, eh bien les barrières lâchent.
Naturellement, la classe politique unanime va, comme à l’accoutumée, et dans la droite ligne de l’épisode Nuit debout où Finky avait aussi été chahuté, mais ce coup-ci par les gauchistes, condamner cette haine et en profiter pour augmenter encore la répression contre les Gilets jaunes dans leur ensemble. Quant au sieur Griveaux, il ferait mieux de ne pas refiler de l’argent public à sa sœur.
La haine à l’état brut dans les rues de Paris contre Alain #Finkielkraut hué aux cris de « sale Juif ».
La bête immonde tapie dans l’anonymat d’une foule.
Ceux qui insultent ont le visage découvert. J’espère qu’ils seront identifiés, poursuivis et lourdement condamnés. #Acte14 https://t.co/JzmePiO8HM
— Benjamin Griveaux (@BGriveaux) 16 février 2019
On aurait aimé un débat avec Finkielkraut, mais cet homme ne nous invitera jamais sur sa case de service public qui est devenue un service privé, au service d’une seule cause, non pas la culture mais le sionisme. Dommage car comme Finky on aime le foot, la philo, la politique et les médias.
Mais lui et les siens ne nous autorisent pas à entrer dans l’arc républicain, celui des petits débats entre amis. Nous, parias, gardons la tête froide dans une France qui chauffe. On a tendu la main à nos adversaires politiques, ils nous ont craché dessus. Malgré ça, on les plaint, car le peuple ne les aime pas. C’est peu dire...
Quand les #GiletsJaunes croisent le philosophe Alain #Finkielkraut boulevard du Montparnasse, à #Paris, et l'insultent copieusement.#Acte14 #ActeXIV pic.twitter.com/Rgt8ClrAf3
— Yahoo Actualités (@YahooActuFR) 16 février 2019
Par un hasard pas si hasardeux, Finky était longuement interviewé par Le Figaro le 15 février 2019. Le philosophe explique qu’il avait de la « sympathie » pour les Gilets jaunes au départ, mais qu’il « s’attriste de la tournure violente » des manifestations.
« Les manifestations aujourd’hui, c’est le Golem. Il avance, il marche, il dévaste, sans égards pour rien ni personne, les commerçants crient grâce, les édiles s’arrachent les cheveux, l’opinion s’exaspère, mais on a perdu la formule pour l’arrêter. »
L’analyse de Finky sur le mouvement est intéressante (sa réponse fait 25 lignes) mais il retombe rapidement dans ses amalgames :
« Malik Oussekine : c’est précisément la bavure que les émeutiers parmi les manifestants appellent de leurs vœux pour faire converger les luttes et embraser le pays. »
Penser que les manifestants, blessés par milliers, cherchent la mort pour faire un martyr et gagner la bataille morale, c’est aller un peu vite. La violence jamais vue de la réponse policière est justement là pour freiner les ardeurs revendicatives d’un peuple. Et ça marche, mais ça ne restera pas impuni. Les ministres qui se sont mouillés dans la répression ont vraiment du sang sur les mains, qu’il y ait eu des morts ou pas.
À la fin de l’interview, malheureusement, après quelques passages bien sentis (mais très nationaux-sionistes), Finky dévoile ses batteries... pas très philosophiques.
« N’assiste-t-on pas tout de même à la résurgence du vieil antisémitisme d’extrême droite ?
Pour bien comprendre ce qui arrive, il faut relier les agressions antisémites aux profanations d’églises et aux actes antichrétiens qui connaissent, eux aussi, une croissance exponentielle. Qu’on ne nous refasse pas, de grâce, le coup des années 30. En France au XXIe siècle, les Juifs et les catholiques sont dans le même bateau.Reste, bien sûr, qu’on ne peut pas répondre à un déni par un autre déni. Lors d’un Facebook Live (comme je crois qu’on dit) opéré depuis son camion, le désormais célèbre Éric Drouet a pris l’appel d’un certain Stéphane Colin, et celui-ci, entre deux couplets contre les “merdias”, a dit que “c’est une mafia sioniste qui est en train de nous entretuer” (sic). Éric Drouet ponctuait ces propos de “ouais, je sais, je sais” et il a, pour finir, invité Stéphane Colin à se mettre en relation avec tous les gens qui exprimaient leur enthousiasme pour ses propos en temps réel.
Dieudonné et Soral ont fait un rêve : agréger une France black-blanc-beur autour de la haine des Juifs. Ce rêve risque d’autant plus d’être notre cauchemar que nous vivons à l’ère des réseaux sociaux. Dans ce nouveau monde, les inhibitions sont levées, chacun se lâche et vient pêcher, en guise de vérité, le mensonge qui comble son attente. L’imprimerie avait rendu possible la démocratisation de la culture. L’écran interactif opère son remplacement. Tous les grands partages du vrai et du faux, du beau et du laid, du haut et du bas, de la barbarie et de la civilisation sont abolis. L’égalité règne et elle a un goût de mort. »
La première phrase à retenir : « Dieudonné et Soral ont fait un rêve : agréger une France black-blanc-beur autour de la haine des Juifs ».
La seconde phrase à retenir : « Les juifs et les catholiques sont dans le même bateau ».
Passons sur la première... La seconde, c’est quasiment la définition du national-sionisme zemmourien et du conflit triangulé annoncé par Lucien Cerise.
Décidément, on ne se refait pas du côté de Finky mais il reste un espoir : sachant que Finky a été un immigrationniste de gauche et qu’il est devenu un islamophobe de droite, il y a peut-être une chance qu’il devienne un jour un islamophile de gauche, ou un antisioniste de droite.